Thiès crie sa soif...
La poussière qui agresse, le soleil qui brûle. L’été s’est déjà installé dans la ville aux deux gares où le calvaire des femmes se conjugue au quotidien. Bassines ou seaux sur la tête, les femmes se donnent rendez-vous au niveau des puits et bornes-fontaine à la recherche du liquide précieux qui se fait rare dans beaucoup de quartiers de la ville de Thiès. En cette matinée ensoleillée aux quartiers Grand Thiès, Taaxi Kaw et Gouye Sombel, aucune goutte de ce liquide précieux ne sort des robinets.
Quoique récurrentes dans la cité du Rail, les pénuries d'eau se sont intensifiées il y a une semaine. Et effet, malgré cette chaleur, les femmes se rabattent dans les puits. Tous les moyens sont bons pour avoir de l’eau.
En effet, les visages sombres de ces femmes montrent qu'elles ont passé des nuits blanches pour être les premières au puits. Adama Ba, habitant à Gouye Sombel, une bouteille à la main, confie : ''L’eau de la pluie est impropre mais que faire ? Depuis des années, on se lève de 2h à 6 heures matin sans remplir une bouteille de 20 litres parce que la pression de l’eau est faible. On avait fait l’année dernière une marche jusqu’à la SONES mais jusqu’à présent, rien. Et ce qui me fait le plus mal c’est qu’on nous facture des montants que nous n’avons pas consommés''. Une situation qui fait le bonheur des charretiers qui se frottent les mains en allant chercher de l’eau dans les puits au profit des ménagères incapables de le faire.
Le manque d'eau, notamment dans les quartiers périphériques de Thiès, a fini par être la… goutte d’eau qui a fait déborder le vase. En colère, les femmes en veulent principalement à Me Wade qui avait promis de régler ce problème et qui ne l'a pas fait. Ndèye Absa Dièye, la soixantaine, ménagère de son état et habitant au quartier Grand Thiès s’écrie : ''Président Macky, on compte sur toi parce que Wade n’a pas résolu notre problème à Thiès''. Devant elle, l’étudiante Sadio Ndiaye qui a rangé cahiers et stylos depuis la grève des professeurs, pour se reconvertir dans les tâches ménagères, peste : ''Nous allons soutenir Macky Sall comme notre candidat ; Idrissa Seck l’a décidé. Nous allons lui donner nos voix pour qu’il nous apporte le vrai changement qu’on voulait depuis l’an 2000. Nous voulons, lorsqu’il sera élu, qu’il règle notre problème le plus rapidement possible parce que Thiès a carrément soif''.
Pourtant il y a quelques mois, Oumar Sarr, le ministre de l’Hydraulique, avait promis, lors de l’inauguration des suppresseurs de Mékhé, que des travaux allaient être effectués à Thiès pour leur permettre d’avoir de l’eau. Mais, il n'en est rien.
Ndèye Fatou Niang (Correspondante, Thiès)