Électrochoc envisagé à la SENELEC et à la SAR

La SENELEC et la Société africaine de raffinage (SAR) seront restructurées dans les semaines à venir, a annoncé le président Macky Sall qui n’écarte pas une thérapie de choc.
Rien ne devrait plus être comme avant. A la SENELEC, les administrateurs et les travailleurs vont devoir désormais payer l’électricité comme tous les autres Sénégalais. Macky Sall l’a laissé entendre sèchement hier lors de la traditionnelle cérémonie de remise des cahiers de doléances des centrales syndicales au chef de l’État. ''Je viens de décider que les administrateurs de la SENELEC n’ont pas droit à la gratuité de l’électricité. Au non de quoi les administrateurs de cette entreprise, je ne parle même pas encore des travailleurs, ne paient pas l’électricité et à vie. Nous allons revoir tout ça pour avoir une entreprise performante'', a déclaré le président.
A elles seules, les deux sociétés majeures de l’énergie au Sénégal, SENELEC et la Société africaine de raffinage (SAR) ont coûté en 2012 à l’État 220 milliards d’argent. Le président de la République qui a donné l’information est aussi allé dans les détails. Il s'est agi de 105 milliards en compensation tarifaire pour la SENELEC pour que les prix n’augmentent pas.
Il s'y ajoute 65 milliards sur le budget initial que l’État avait prévu pour la SENELEC et en plus des 37 milliards de TVA que l’entreprise n’a pas versée et que l’État a dû supporter. Il y a eu en outre 39 milliards en investissement dans l’entreprise, 24 milliards en stabilisation fiscale. Pour la SAR, c'est 4 milliards de compensation tarifaire pour le gaz butane et 13,9 milliards en guise de soutien. En fait, la sommation de tout cet argent avoisine les 287 milliards F Cfa.
Le président a informé que cette somme astronomique représente deux fois ce que l’État met dans la santé publique, c’est également presque deux fois le budget de l’agriculture. De l’avis de Macky Sall, ''ce n’est plus possible, il faut restructurer et que l’entreprise aussi fasse des efforts''. Il estime que la SENELEC ne peut pas continuer à évoluer comme par le passé en vivant sous perfusion, elle doit se ''remette en cause''.
Le président de préciser qu’il ne s’agit pas de supprimer des emplois mais de ''ne peut pas avoir des méthodes de travail qui sont aux antipodes de la performance et dire que ce sont des avantages acquis''. Et puisque l’État met beaucoup de ressources dans l’entreprise, il a le devoir de voir la gestion dans les détails, a avisé M. Sall. Ainsi, ''tout ce qui sera contraire à une évolution sera supprimé'', a-t-il martelé, déplorant que la SENELEC fonctionne avec 20% de pertes techniques et commerciales.
Vers la reprise de la SAR
De même, la gestion de la SAR sera revue. L’entreprise consume chaque année plus de 40 milliards de l’État, à en croire Macky Sall. Il a précisé cependant que la restructuration de ces entreprises se fera avec les travailleurs. ''On ne demande pas la suppression de la SAR, seulement, elle nous coûte cher alors que c’est une activité commerciale et industrielle. Je comprends qu’il faille soutenir un peu parce que c’est un secteur stratégique mais cela ne peut pas continuer'', a insisté Macky Sall. D'ailleurs, le président a demandé de revoir la gouvernance et de reprendre l’entreprise parce qu’a son avis, ''le Sénégal ne peut pas être actionnaire majoritaire et laisser les autres diriger à sa place, surtout que ceux qui dirigent n’ont jamais investi un franc''. Le chef de l’État promet de résoudre ces problèmes dans les semaines à venir.
Amadou NDIAYE
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