Publié le 7 May 2013 - 23:10
ENQUÊTE SUR LES IDE EN AFRIQUE

 Un continent émergent mais freiné par la pauvreté

La part mondiale de l'Afrique sur les investissements directs étrangers est passée de 3,2% en 2007 à 5,6% en 2012, en dépit d'une baisse du nombre de projets de 867 (en 2011) à 764 (en 2012). Et le continent se porterait beaucoup mieux si les disparités économiques ne faisaient le lit des inégalités et de leurs corollaires. Ce sont là les principaux enseignements d'une enquête du cabinet d'audit financier anglo-américain Ernst&Young auprès de 500 chefs d'entreprises et investisseurs de 38 pays.

 

 

Ghana, Congo, Kenya et Côte d'Ivoire. C'est le quatuor de pays africains où tombent en gros les investissements directs étrangers en Afrique (IDE). Tel est le résultat d'une enquête menée par le Cabinet Ernst&Young auprès de 500 chefs d'entreprises et investisseurs répartis dans 38 pays et interrogés sur les atouts et promesses du continent noir. Et selon une note du quotidien économique français «Les Échos» qui a parcouru cette étude, la part de l'Afrique dans les investissements directs étrangers est passée, entre 2007 et 2012, de 3,2% à 5,6%. Par contre, relève Jeuneafrique.com, le nombre de projets installés en Afrique a baissé de 867 en 2011 à 764 en 2012. Toutefois, précise le site africain, les projets d'investissement des pays occidentaux ont connu une chute de 20% dans l'ensemble mais avec des disparités réelles. Par exemple, si les IDE du Royaume Uni ont augmenté d'environ 9% par an, ceux des Etats-Unis et de la France ''ont considérablement diminué''.

 

Émergents contre Occidentaux

 

Ce recul a naturellement profité aux pays émergents qui ont littéralement ''envahi'' l'Afrique dans une sorte de course folle à l'implantation. L'Inde (237 projets), l'Afrique du Sud (235), les Émirats arabes unis (210), la Chine (152), le Kenya (113), le Nigeria (78), l'Arabie Saoudite (56) et la Corée du Sud (57) sont devenus les plus grands contributeurs pour le continent. ''Ils sont tous classés parmi les 20 plus grands investisseurs sur cette période'', rapporte Jeuneafrique.com. Au plan psychologique, explique Ajen Sita, directeur Afrique chez Ernst&Young, ''il y a une confiance et un optimisme croissants chez les Africains eux-mêmes au sujet des progrès et de l'avenir du continent''.

 

Par ailleurs, on assiste à la chute continue de la part des industries extractives dans les investissements étrangers. ''En 2007, (elles) représentaient 8% des projets d'IDE et 26% des capitaux investis en Afrique'', note l'enquête de Ernst&Young. En 2012, lesdites parts sont tombées à 2% pour les projets, et 12% des capitaux. En fait, il y a une tendance à la ''diversification'' qui semble s'être imposée, ''avec un intérêt toujours plus grand pour les services, la fabrication et les activités liées aux infrastructures''. Dans cette lancée, ''les services comptaient pour 70% des projets en 2012 (contre 45% en 2007), et les activités de fabrication comptaient pour 43% du capital investi en 2012 (contre 22% en 2007)''.

 

''Socle démocratique''

 

Cette embellie des IDE en Afrique, cumulée à des taux de croissance de 4% en 2013 et 4,6% en 2014, peut être liée à ''l'enracinement du processus de démocratisation dans la plus grande partie du continent'', soutient Mark Otty, directeur Europe-Moyen-orient-Inde-Afrique de Ernst&Young. ''Des améliorations constantes à l'environnement commercial, une croissance exponentielle du commerce et de l'investissement ainsi que des améliorations substantielles dans la qualité de la vie humaine ont offert un socle à la croissance économique qu'un grand nombre d'économies africaines ont connue au cours de la dernière décennie'', décrypte l'expert du cabinet britannique d'audit financier.

 

''L'Afrique change et le monde s'en aperçoit'', se réjouit le Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI) cité par Les Échos. Mais selon David Lipton, ''il n'y a pas de quoi être content de la réussite actuelle'' du continent pour plusieurs raisons. ''Les taux de pauvreté demeurent élevés même s'ils ont diminué comme (…) au Mozambique'', indique le n°2 du FMI. En outre, ''l'Afrique subsaharienne est la région du monde qui a fait le moins de progrès pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement et reste à la traîne pour l'éducation de base et la mortalité maternelle''.

 

Et ''en termes de disparités économiques'', rappelle Oxfam, ''l'Afrique subsaharienne abrite six des dix pays les plus inégalitaires du monde'', d'après un communiqué publié à la veille du Forum économique mondial sur l'Afrique qui se tient au Cap en Afrique du Sud. En dépit d'une croissance économique favorisée par un gros potentiel de ressources énergétiques et minières, ''les progrès sont sapés'' par deux phénomènes : ''Les inégalités de revenus et une fuite illégale massive de capitaux – souvent sous la forme d'évasion fiscale ou d'un prix inférieur à ce qui devrait être payé par les industriels de l'extraction'', souligne l'Ong anglo-américaine.

 

L'étude du cabinet Ernst&Young se veut néanmoins optimiste car ''les faits montrent de façon irréfutable que le continent a progressé lors de la dernière décennie...'' Selon les analystes, les pays africains, encore trop ''exposés à la volatilité des prix des matières premières et des flux en capitaux'', ont intérêt à ''préparer des réserves pour se prémunir de chocs futurs.'' A ce propos, des prix de l'énergie ''artificiellement bas'' et une assiette fiscale réduite sont considérés comme des ennemis de la compétitivité.

 

MOMAR DIENG

 

 

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