Le Sénégal gagne deux points
Après le Doing buisines, le Sénégal vient de faire un bond en avant dans la voie de la bonne gouvernance. Notre pays occupe la 69e place sur 175 pays dans l’Indice de perception de la corruption (IPC) 2014. Il obtient 43 sur 100 points contre 41 l’année passée.
Peut mieux faire. C’est l’annotation qu’on pourrait faire au Sénégal qui est classé 69e sur 175 pays par l’Indice de perception de la corruption (IPC) édition 2014 réalisé par Transparency international. Notre pays, qui occupait le 77e rang, gagne ainsi 8 points soit une progression de deux points par rapport à l’année passée (43/100 en 2014 contre 41/100 en 2013). En dépit de ce ‘’bond en avant’’, le Sénégal reste toujours dans la ‘’zone rouge’’ car la moyenne mondiale étant de 50/100, même si, précise le document, le score obtenu est beaucoup plus important que le classement.
En conférence de presse hier, Birahim Seck, membre du conseil d’administration du Forum civil, explique cette performance sénégalaise par ‘’la traque des biens dits mal acquis, à l’adoption de la loi portant déclaration de patrimoine au mois de mars 2014 et au vote des lois créant l’OFNAC (2013). Selon M. Seck, la production de résultats tangibles dans la lutte contre la corruption s’obtient en croisant trois approches stratégiques.
Premièrement : ‘’l’adoption de lois appropriées de prévention et de répression de la corruption, et la mise en place d’institutions efficaces’’; deuxièmement : ‘’l’adoption de comportements adéquats par tous les acteurs du système d’intégrité (Parlement, Administration publique, Justice, Organes de contrôles, Secteur privé et citoyen)’’; troisièmement : ‘’La répression dissuasive des cas de corruption avérée pour lutter contre l’impunité’’. Toutefois, le document de Transparency international constate pour le regretter que ‘’la petite corruption notée dans le secteur public (partis politiques, services de police et de l’appareil judiciaire) demeure un des problèmes majeurs au Sénégal’’. L’impératif de transparence devant ‘’présider à l’action publique’’, TI invite l’Etat à y apporter des réponses.
Lesquelles réponses passeront par ‘’un traitement rigoureux des cas de corruption et de blanchiment d’argent’’ ; mais aussi ‘’par le refus de toute compromission au nom d’une appartenance à une même famille politique et partisane’’. Dans la foulée, le rapport recommande l’adoption du projet de loi sur le code de procédure pénale qui intègre certaines dispositions de la convention de Mérida et des instruments régionaux et sous régionaux de lutte contre la corruption. De plus, il exhorte l’OFNAC à ‘’plus de diligence dans sa mission’’. Cela est aussi valable pour l’Etat qui, selon le rapport, doit ‘’accorder un traitement diligent aux rapports produits par les organes de contrôle (Inspection Générale d’Etat, Cour des Comptes, Autorité de Régulation des Marchés Publics)’’.
Dématérialisation du service public
Autre recommandation forte faite par TI, c’est la dématérialisation des procédures d’accès au service public (Douane, Justice…). Ce qui permettra au Sénégal de sortir de la ‘’zone rouge’’. ‘’Moins il y a contact entre les hommes, moins il y a corruption’’, dit Birahim Seck. Pour ‘’éviter toute accusation d’instrumentalisation politique’’, le TI invite l’Etat à créer une commission de recouvrement des biens mal acquis.
Mais il faudrait préalablement ‘’prendre des mesures législatives et règlementaires effectives pour l’application de la loi portant code de transparence dans la gestion des finances publiques’’. (Une loi sur la prévention des conflits d’intérêts, une loi sur le financement des partis politiques ; une loi sur l’accès à l’information ; un code de conduite et de déontologie). Ce n’est pas tout. Le rapport souhaite par ailleurs l’introduction dans les curricula de modules sur l’éthique et l’intégrité dans les programmes scolaires.
En revanche, le Forum Civil a exprimé ses inquiétudes par rapport aux dernières modifications du code des marchés publics qui pourront dans le futur faire baisser le score du Sénégal. C’est le cas de l’offre spontanée et des accords-cadres.
DAOUDA GBAYA