Publié le 18 Dec 2014 - 09:14
ÉTATS-UNIS- IUBA

La hache de guerre enterrée

 

Barack Obama a annoncé hier l'ouverture d'un "nouveau chapitre" avec Cuba, prévoyant le rétablissement des relations diplomatiques avec l'île communiste. En attendant, les autorités cubaines ont libéré  l'Américain Alan Gross, écroué depuis 2009 pour des raisons humanitaires et à la demande de Washington.

 

Le président américain, Barack Obama, a engagé mercredi un rapprochement spectaculaire des États-Unis avec Cuba, constatant l'échec d'un demi-siècle d'isolement du régime communiste. "Todos somos americanos" (Nous sommes tous américains), a lancé Barack Obama lors d'une allocution qui devrait marquer son passage à la Maison-Blanche. Le 44e président des États-Unis a annoncé le rétablissement des relations diplomatiques avec La Havane et l'allègement des sanctions économiques. Au même moment à La Havane, son homologue cubain, Raul Castro, confirmait cette avancée historique, tout en soulignant que la question de l'embargo économique, imposé à Cuba par John F. Kennedy en 1962, n'était pas résolue.

Barack Obama a appelé de ses voeux un débat - qui s'annonce déjà houleux - avec le Congrès américain sur la levée de cette mesure "inscrite dans la loi". Le pape François, personnellement impliqué dans ces négociations menées dans le plus grand secret, a salué une "décision historique", louant le rapprochement entre les deux pays, séparés seulement par les 150 kilomètres du détroit de Floride. "L'isolement [de Cuba] n'a pas fonctionné", a souligné sans détour Barack Obama, jugeant indispensable d'ouvrir "un nouveau chapitre" avec ce petit pays des Caraïbes.

Ouverture d'une ambassade

Le secrétaire d'État américain, John Kerry, va entamer "immédiatement" des discussions en vue du rétablissement des relations diplomatiques, interrompues depuis 1961. Perspective longtemps impensable, les États-Unis vont par ailleurs ouvrir une ambassade à La Havane "dans les mois à venir". Parmi les mesures annoncées pour favoriser les échanges économiques entre les deux pays, les Américains pourront désormais utiliser leurs cartes de crédit à Cuba et les institutions américaines pourront ouvrir des comptes dans les institutions financières cubaines. L'exportation de certains matériels de communication et télécommunication sera aussi permise, dans le but de développer Internet sur l'île.

Les voyageurs américains pourront par ailleurs rapporter depuis Cuba jusqu'à 100 dollars de tabac, ce qui inclut, bien sûr, les célèbres cigares cubains. Si les voyages touristiques indépendants resteront à ce stade interdits, nombre de procédures seront assouplies pour les chercheurs, les enseignants, les journalistes ou encore les visites familiales. Selon un responsable américain, l'ancien président Fidel Castro, qui a cédé la place à son frère Raul en 2006, n'a pas été impliqué dans les discussions. Éternel contempteur du voisin honni, "Fidel" est resté célèbre pour ses longues diatribes anti-américaines.

Libération d'Alan Gross

Cette annonce historique intervient quelques heures après la libération d'Alan Gross, un Américain de 65 ans détenu depuis cinq ans à La Havane. Washington a toujours conditionné une détente avec Cuba à la libération de cet ancien contractuel de l'agence fédérale américaine pour le développement international (USAID), une branche du département d'État. Arrêté le 3 décembre 2009 à Cuba, Alan Gross avait été condamné en 2011 à quinze ans de prison pour avoir introduit du matériel de transmission satellitaire interdit dans l'île communiste.

Il a été libéré dans le cadre d'un échange plus large d'un espion détenu à Cuba depuis vingt ans et de trois Cubains écroués aux États-Unis. Membres du groupe des Cinq, ces derniers ont été condamnés en 2001 à de lourdes peines de prison pour espionnage et sont considérés à Cuba comme des "héros de la lutte antiterroriste". Depuis l'arrivée de Raul Castro au pouvoir en 2006, quelques timides signes de détente entre les deux pays étaient apparus. Barack Obama avait en particulier assoupli les règles qui s'appliquent aux voyages vers l'île communiste.

Une majorité d'Américains favorables

En décembre 2013, Barack Obama et Raul Castro avaient échangé une poignée de main à Johannesburg à l'occasion d'une cérémonie d'hommage à l'ancien président sud-africain Nelson Mandela. Dans le cadre de la riposte face à Ebola, les États-Unis et Cuba ont multiplié en octobre les échanges d'amabilités. En dépit de ses difficultés économiques et de ses moyens modestes, Cuba s'est en effet projeté à l'avant-scène de la lutte contre le virus en Afrique de l'Ouest. Fait rare, John Kerry avait même salué la démarche du régime communiste.

Si Washington avait maintenu jusqu'à ce jour une ligne ferme envers La Havane, plusieurs sondages montraient toutefois qu'une majorité d'Américains étaient favorables à un changement de politique à l'égard de Cuba, y compris en Floride, où réside une très importante communauté cubano-américaine anticastriste. Depuis cinquante ans, des centaines de milliers de Cubains ont émigré, pour la grande majorité aux États-Unis. Aux émigrés "politiques" des premières années de la Révolution ont succédé des milliers d'émigrés plus "économiques" qui ont conservé des attaches et de la famille dans l'île.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a salué "chaleureusement" l'annonce de ce rapprochement, se disant prêt à aider les deux pays à normaliser leurs relations. L'assemblée générale de l'ONU avait adopté lors de sa dernière session plénière en septembre, comme tous les ans, une résolution demandant la fin de l'embargo américain imposé à Cuba.

(Le point.fr)

 

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