Plaidoyer pour le recours à des engrais de qualité
Pour relever les défis de la production et de la productivité agricole, les Etats de l’Afrique de l’Ouest doivent se tourner vers l’utilisation rationnelle des engrais. Sans de l’engrais conséquente pour les producteurs, l’autosuffisance alimentaire sera un vain mot dans la sous-région, estiment des spécialistes.
L’utilisation de l’engrais pour développer la production agricole reste une problématique en Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, les cultivateurs de la sous-région utilisent moins d’engrais que leurs homologues des autres continents. D’après une étude réalisée par le centre international pour le développement des engrais (IFDC), l’utilisation des engrais n’atteint pas le dixième de la moyenne mondiale qui est de 100 kilogrammes. Le conseiller technique du ministre de l’Agriculture de l’Equipement rural est encore plus précis.
Selon Modou Mboup, qui a présidé hier le forum consultatif des parties prenantes du secteur des engrais qui se déroule à Dakar du 14 au 16 janvier 2015, ‘’en Afrique subsaharienne, les agriculteurs utilisent 10 à 20 kilogrammes d’engrais à l’hectare’’. Par contre, poursuit-il, en Europe, au Japon ou en Chine, l’utilisation des engrais est évaluée à 200 kilogrammes par hectare. Ce forum en cours à Dakar est organisé par le Programme engrais pour l’Afrique de l’Ouest de l’USAID. L’objectif de cette rencontre de discussion est, selon les organisateurs, ‘’d’améliorer l’efficacité de la chaîne d’approvisionnement et la rentabilité de la chaîne de valeur des engrais’’.
L’Afrique, selon toujours l’étude de l’IFDC, ne consomme que 1% de la production mondiale d’engrais. En plus de la quantité de consommation qui est relativement faible, la qualité de l’engrais utilisé en Afrique est aussi décriée par le conseiller technique du ministre de l’Agriculture. De l’avis de Modou Mboup, les engrais qui entrent en Afrique sont ‘’d’une qualité faible, parfois même douteuse’’. ‘’Les engrais utilisés, commercialisés sont d’une qualité médiocre. Ils sont en deçà des normes requises au niveau international’’, déplore-t-il. Ainsi, il propose aux Etats de la sous-région de trouver un cadre réglementaire en matière de contrôle des engrais qui entrent dans l’espace CEDEAO.
Contrôler les engrais
L’engrais de bonne qualité est indispensable pour développer l’agriculture en Afrique, ajoute le directeur exécutif du CORAF (Conseil ouest-africain pour la recherche et le développement agricole), Dr Harold Roy-Macauley.
Le Sénégal ne fait pas exception à cette règle de la faible utilisation de l’engrais par les pays africains. Ainsi, ‘’s’il veut relever le double défi de la production et de la productivité, il doit miser sur l’utilisation importante d’engrais’’, conseille M. Mboup. Car, selon ce dernier, l’agriculture sénégalaise reste ‘’le secteur le plus important, le plus décisif et le plus durable de l’économie du pays’’. Mais malgré son importance, et le nombre de personnes qui s’y adonnent, elle est très peu productive, regrette-t-il.
Un manque de productivité lié surtout à la détérioration des sols qui constitue un obstacle important à la hausse des rendements. ‘’On ne peut pas atteindre l’autosuffisance alimentaire sans utilisation conséquente des engrais’’, fait-il savoir. Le gouvernement, ajoute-t-il, a bien compris cela car ‘’chaque année, l’Etat dégage une enveloppe très importante pour subventionner l’achat de l’engrais’’.
ALIOU NGAMBY NDIAYE