«Rien ne peut être accompli par la vertu d’un seul homme !»
«Deuk-bi dafa Macky !», ce quolibet, drôle et péremptoire, comme un air du temps tourbillonne toujours ! Il fait fureur dans nos cités, seriné dans les chaumières pour caractériser l’état ambiant du vécu quotidien collectif. Nous souhaitions à l’époque, qu’il ait la vie d’une rose : courte ! Qu’il ne traversât point les saisons, ni les ans. L’anecdotique : c’était dans le même chrono-calendaire (17 mois), après la survenance de notre première alternance politique qu’elle aussi étreignait son…air du temps: «Le Sénégal qui gagne !»
A vrai dire, une bande de copains, maniant le ballon rond avec dextérité, avait permis à notre cher pays de caracoler à la face d’un monde interloqué par tant de hardiesse et de réussite. A cet époque, tout ou presque, nous (la jeunesse) réussissait : quart –mondialiste du foot, médaille d’or olympique, championne d’Afrique, champion du monde jeu cérébral. 13 ans plus tard, nos « lions de la « téranga »…bel oxymore! Pour la 2éme fois- déchaussèrent leurs godasses bata à BATA.
‘’Deuke-bi dafa Macky !
Quid du Plan Sénégal Emergent (PSE) ?
Les termes d’une croissance tangible : un chômage faible, un marché public soutenu, un investissement des entreprises publiques et privées impactant, des revenus individuels et collectifs en augmentation ; ces paramètres sont-ils palpables ? Il est vrai que le pays sort d’une longue aube sociopolitique ankylosante. Stigmatisé par 12 années d’une gouvernance controversée et diabolisée. Pour s’affranchir de cet étape tétanisant, le Peuple avait dû puiser une seconde fois dans son tréfonds pour recouvrer l’intégrité de sa souveraineté, soumise à de dures épreuves, en confiant un mandat neuf, aux plus «aptes et probes» à le servir.
Au demeurant, contexte pour contexte, la première alternance politique, émanait elle aussi, d’une autre période…monolithique « 40 années de règne » d’inoxydables apparatchiks (Ils sont toujours là !).
Cependant, le père du wadisme su, comme «Leuk» au royaume de Ndombélane, slalomer entre les opportuns boulevards gratifiés par le monde du développement, en guise de mesures d’accompagnement à notre exemplaire démocratie.
Il s’appropria les avantageuses retombées endogènes et exogènes du «Sénégal qui gagne», en actionnant les deux leviers (Jeunesse et Finances), ses deux déclamations sont encore vivaces dans les mémoires : «Dis-moi quelle jeunesse tu as, je te dirai quel Peuple tu seras.» ; «Nos soucis financiers sont terminés… L’argent n’est pas le problème, mais comment l’utiliser ? Les caisses de l’Etat sont remplies».
Malgré la réserve et la prudence qui auraient dû être sienne vu son statut d’économiste, de président d’un pays inscrit au peloton des Petit Pays Très Endettés (PPTE).Des dragées euphorisantes ! (peut-être), mais elles eurent l’effet de placébos ; dopant volontés et initiatives individuelles et/ou collectives. Revigorant les communautés actives, « C’est à la poule de tracer des sillons où viendront picorer les poussins!». Souvent, la richesse née de façon imprévisible, de n’importe où, de n’importe qui.
C’était cela, à l’époque, le tintamarre sur les 200 milliards, héritage du régime Ps après 40 années de gestion totalitaire… (Une peccadille).La vision : Il fallait à l’époque émettre un écho émulateur et attractifavec une tonalité forte (urbi et orbi) pour semer les germes de l’émergence.
Notre deuxième alternance hérita tout aussi des mêmes bienveillantes « sollicitudes » du monde du développement (économique et financier), qui nous fit une haie d’honneur, engagé à nos côtés pour capitaliser les effets induits de cette deuxième transition démocratique réussie.
Cependant, à contrario de son prédécesseur, le visionnaire du «Yoonu Yokkuté», aujourd’hui PSE - Plan Sénégal Emergent-, réfractaire aux effets de manches, adepte de ruptures massives, pour singulariser les spécificités de l’héritage wadien, déclara à son tour (urbi et orbi) : «Les caisses de l’Etat sont vides !…Les voitures et objets d’art volés »
Impulsant du coup, l’impératif «traque des biens mal acquis», pour être en phase avec ses sacro-saints engagements…à l’égard d’une certaine demande sociale ayant pour substrat : «Bonne gouvernance- sobre et vertueuse » portée par desInstitutions immaculées, afin d’exorciser un traumatisme collectif relatif à nos : «Fragiles deniers publics».
Mais, son impact fut lancinant, un interminable interlude vécu par des populations désabusées. Une transition stressante qu’elles qualifièrent vite par cette boutade débonnaire : «Deuk-bi dafamacky». Boutade corroborée du reste par l’émission d’un fragile billet de banque (500f) drapé des couleurs du parti présidentiel - (marron).
L’adage le dit si bien : «kukhif, kènadoukowax…rakhassoul !»… «On ne fait pas languir un affamé !»
Barack Obama, dont la plébiscitaire élection coïncida avec la désastreuse crise financière mondiale (2008), causée majoritairement par les sub-primes, ne s’embourba pas dans une poursuite aux coupables responsables. Il instruisit avec diligence les gestionnaires des fonds publics américains, afin de régénérer les circuits bancaires et industriels américains affaissés.
Bien entendu, jusqu’à ce jour, sans tambours ni trompettes, les larrons de la bande prédatrice de Bernard Madoff continuent de payer leur gargantuesque cupidité. La reprise et la croissance eurent à nouveau droit de cité.
En France, Hollande dès ses premiers mois de gouvernance passa à la trappe son ministre du budget. Convoqué à l’Assemblée nationale, y fit amende honorable mais purgea sa peine. Sarkozy rattrapé par ses stratégies présidentialistes, se démêla à son tour avec la justice pour éclairer l’opinion sur ses relations avec l’héritière milliardaire : il fut acquitté !
Moralité ou pragmatisme : Dans tous ces deux cas majeur, leur respiration socioéconomique et financière respective restât régulière, avec des tempos de croissance soutenus!
Pour conclure, nous sommes tentés de paraphraser Jacques Attali : (Président de la commission pour la libération de la croissance française). Il décline un préambule que devrait s’approprier tout pays (Africain) rendant vers… l’Emergence, c’est dans l’air du temps :
« Réapprendre à envisager l’avenir avec confiance, une croissance forte peut revenir. Elle suppose cependant, la conjugaison de différents facteurs : une population active, une démocratie vivante, une stabilité des règles, une justice libre.
Préférer la risque à la rente, libérer l’initiative, changer de vitesse. Un pays trop lent se désintègre ; il ne peut plus financer les solidarités nécessaires à toutes sociétés. Un pays trop lent s’appauvrit et perd ses opportunités de richesse.Un pays trop lent perd confiance en l’avenir. Un pays trop lent se désole et
recule ».
Moustapha Diop
Citoyen-Observateur