‘’C’est difficile d’investir au Sénégal et dans les pays francophones’’
Dans un entretien accordé à nos confrères de la chaîne Africa 24, l’homme d’affaires Aliko Dangote revient sur les difficultés auxquelles il a eu à faire face pour investir au Sénégal. Le milliardaire nigérian demande aux gouvernements des anciennes colonies françaises de contrôler leurs économies.
Aliko Dangote, le milliardaire nigérian, est catégorique : les anciennes colonies françaises en Afrique ne "contrôlent" pas leurs économies. Elles sont trop sous influence française, d'où les difficultés que rencontre son groupe lorsqu'il s'agit d'investir dans ces pays. ‘’Vous avez dû lire les difficultés qu’on a pu avoir au Sénégal, à cause d’un concurrent qui se trouve être français alors que nous sommes anglophone. C'est comme cela un peu partout en Afrique francophone. Seulement, nous sommes des hommes de défi et nous n'abandonnons pas", a soutenu le président de Dangote group dans une interview accordée à la chaîne Africa 24.
Poursuivant ses explications, l'homme d'affaires croit fortement que les pays francophones du continent doivent sortir du contrôle français et prendre leur destin en main comme l'ont fait les pays anglophones. "La différence qu'il y a entre les pays francophones et le Nigeria est que nous avons pris notre destin en main ; nous contrôlons l'économie de notre pays. Je m'excuse auprès des personnes à qui cela pourrait déplaire, mais nous contrôlons notre économie, ce qui n'est pas le cas de la plupart des pays francophones où les nationaux n'ont aucune emprise sur leur économie. Ces économies sont contrôlées par des étrangers qui parfois même dictent leurs termes et les conditions aux gouvernements et autres", a-t-il indiqué.
Considéré comme l'homme le plus riche d'Afrique, Aliko Dangote en veut à la "passivité" des dirigeants de ces pays quant à la gestion de leurs économies. Une telle attitude qui, à son avis, freine leur dynamisme.
Toutefois, le milliardaire apporte un bémol à ses affirmations en mettant en évidence sa "foi" en la jeunesse du continent. Ces futurs dirigeants sont de son avis plus enclins à privilégier les intérêts de l'Afrique.
Au Sénégal, Dangote a eu affaire, entre autres difficultés, à des soucis judiciaires liés au foncier sur le site (Pout région de Thiès) devant abriter sa nouvelle cimenterie. Aujourd'hui, alors que les premiers sacs de ciment devraient être incessamment commercialisés, les populations de Pout ruent sur les brancards pour, disent-elles, alerter ‘’sur un risque de pollution’’. Selon elles, les forages de la cimenterie de Pout vont assécher la nappe phréatique de façon irréversible. Pour les habitants de Pout et environs, la cimenterie Dangote utilise ‘’une technique qui menace les réserves en eau et fait peser des risques sanitaires majeurs à cause d’un système à refroidissement inadapté et dangereux n’ayant jamais fait l’objet d’une analyse des pouvoirs publics et d’une information’’.
Ainsi, pour barrer la route au milliardaire nigérian, un mouvement dénommé "Buleen nu yokk màr'' (Ne nous assoiffez pas davantage, en Wolof), fait son bonhomme de chemin et investit les réseaux sociaux, dont Facebook, ou près de 10 000 personnes ont déjà aimé la page. Un activisme derrière lequel Aliko Dangote voit la main du concurrent français même, s’il ne le dit pas à haute et intelligible voix.
AMADOU BATOR DIENG