Les éleveurs en redemandent
La Foire internationale de l’agriculture et des ressources animales (Fiara) doit se tenir sur une période plus longue. C’est le souhait émis par beaucoup d’exposants, les éleveurs d’animaux plus particulièrement. La plupart d’entre eux disent faire l’essentiel de leur chiffre d’affaires grâce à cette rencontre qui gagne en ampleur.
La seizième édition de la Fiara ferme ses portes aujourd’hui. Hier, dans les pavillons, on commençait déjà à décrocher banderoles et affiches. Certains stands étaient déjà désertés mais une ambiance foraine se faisait toujours ressentir. Dans les allées décorées d’un tapis rouge, toutes sortes de négoce se côtoient. Une odeur mélangée d’encens, de poissons fumés ou séchés flotte dans l’air sur fond de musiques variées. Dehors, malgré une matinée venteuse, les affaires continuent pour des exposants qui espèrent profiter de ce délai supplémentaire de deux jours. Ils ne veulent rien de moins que la prolongation de la foire, ou à défaut, qu’elle soit un événement biannuel.
‘‘Cette Fiara est devenue très importante pour qu’elle se tienne une seule fois dans l’année. Rien que pour les deux jours de prolongation, j’ai écoulé autant d’espèces que pendant toute la rencontre’’, explique Serigne Cissé, éleveur à Guinaw-rails. La vingtaine à peu près, une grosse photo de son marabout pendant sur sa poitrine, le jeune homme se réjouit du report de la fermeture de la foire prévue dimanche passé. ‘‘Elle devait s’arrêter le 12 passé effectivement, mais compte tenu de certaines demandes, on a décidé de prolonger jusqu’à aujourd’hui afin de permettre à certaines organisations de liquider leur stock’’, renseigne le secrétaire exécutif de la Fiara, Papa Abou Fall.
La manifestation prend fin aujourd’hui donc, mais les exposants affichent la volonté du début. Dans l’espace aménagé aux animaux et ressources animales, derrière les stands d’exposition, l’affluence est moindre que durant le week-end mais les clients sont présents. Stratégie d’achat, beaucoup ont attendu la fin annoncée de l’évènement pour espérer profiter d’une éventuelle braderie. Mais le mot d’ordre des vendeurs est de ne pas céder la marchandise à vil prix. ‘‘La plupart de ceux qui achètent sont des éleveurs comme nous, ils connaissent la valeur et savent bien que nous ne braderons pas ces espèces.
Ils savent également où nous nous trouvons en dehors de la Fiara et peuvent s’en procurer s’ils veulent, mais à juste prix’’, proteste Khalil, un éleveur qui a son camp de base à Bayakh et Guédiawaye. Sur cet alignement, une série d’animaux domestiques fait sa petite exhibition. On se prend en photo sur les chevaux de l’escadron monté de la gendarmerie, l’on s’émerveille devant les oies de Toulouse et les paons, l’on titille une jeune chouette en cage, l’on s’ébahit de la taille imposante des moutons de race ‘balami’ du Niger…, mais les stars incontestées de la Fiara sont les espèces de la basse-cour les plus communes au Sénégal : la volaille. Poulets de race Brahma, Cochin fauve, blanc, ou ‘cahuté’ ; pigeons voyageurs jaunes, blonds ou beauté allemande ; colombes ; oies de gardiennage etc., occupent les grandes cages aménagées pour la circonstance. Seules les autruches et leurs prix prohibitifs, 1 million 500 mille le couple, ne trouvent pas preneurs.
Pour ces espèces bien particuliers, les acheteurs-éleveurs n’hésitent pas à débourser 150 000 F CFA pour le couple de Cochin fauve ; 300 000 pour le blanc ; 200 000 pour le brahma bleu ; 125 à 150 000 pour les pigeons blonds ; 100 000 pour les oies de Toulouse. Se procurer les œufs de ces espèces à 2 000 F CFA l’unité est un raccourci beaucoup plus facile. ‘‘D’ailleurs les clients veulent toujours s’assurer que la femelle est dans sa période de ponte avant de l’acquérir’’, fait savoir Modou Guèye Seck, éleveur à Ben Tally. Pour cet exposant colombophile, la Fiara est une aubaine. ‘‘J’ai vendu tous les couples de pigeons durant cette foire. J’ai hâte pour la prochaine édition et j’espère qu’elle sera comme cette année’’, confie-t-il sans vouloir s’avancer sur ses gains. Cette rencontre gagnant de plus en plus en popularité, les éleveurs demandent l’allègement des procédures d’obtention de stand. Les organisateurs, par la voix du secrétaire exécutif, promettent de faire de la Fiara une rencontre incontournable pour l’agriculture et les produits animaliers dans la sous-région.
Papa Abou Fall, secrétaire exécutif Fiara ‘‘On est passé de 15 stands en 1999, à plus de 900 exposants’’ ‘‘La Fiara est passée de 700 à 900 exposants allant des institutions en passant par les marchandises, la production la transformation, les services. Toutes ces structures sont présentes et c’est ce qui justifie une bonne participation par rapport aux années passées. Il y a eu également une forte affluence cette année. Les visiteurs sont passés de 1 500 à 2 700 et parfois même avec des entrées à 3000. Il y a un intérêt réel pour la Fiara. Elle existe depuis 1999 et est passée de 15 stands à plus de 900 exposants, ce qui veut dire qu’il y a un intérêt pour cette rencontre qui est devenue le point de ralliement international de l’agriculture ouest africaine. Notre objectif est d’amener et encourager les producteurs à faire une offre et répondre à une demande plus professionnellement. C’est là où se situe le travail. Il faut également inciter les pays de la sous-région à beaucoup plus de travail sur l’emballage car c’est le premier support de vente des produits. C’est aux structures d’encadrement de travailler sur la labellisation des produits, leur traçabilité et une bonne présentation. Notre souhait est de faire de la Fiara un carrefour, un rendez-vous incontournable pour le développement de l’agriculture.’’ |
Ousmane Laye Diop