Le retour du disparu
Yasser Arafat n'a donc pas fini de faire parler de lui. La chaîne Al-Jazira à l'origine il y a un peu plus d'un an de Palestinian papers (une sorte de WikiLeaks mettant en cause la stratégie de négociation de l'Autorité palestinienne face à Israël) vient de se signaler à nouveau sur le front israélo-palestinien en rouvrant un dossier qui commençait à se recouvrir lentement mais sûrement d'une poussière éternelle.
De quoi le chef de l'Autorité palestinienne est-il mort, le 11 novembre 2004? On s'en souvient, alors qu'il était enfermé par l'armée israélienne depuis près de trois ans dans la Muqata'a, son quartier général de Ramallah, le "Vieux" avait été victime d'un mal aussi foudroyant que non identifié, malgré une hospitalisation en France, à l'hôpital militaire de Percy, au sud de Paris, qui donna lieu à l'un des plus beaux exercices de langue de bois des autorités françaises.
Selon les éléments recueillis par Al-Jazira et sur la foi d'une analyse assurée par un laboratoire suisse, la thèse d'un empoisonnement au polonium a été avancée pour la première fois pour expliquer ce décès. L'Autorité palestinienne a été prompte à autoriser mercredi l'exhumation du fondateur emblématique du mouvement national palestinien. Les examens effectués sur ses restes pourraient être de nature à conforter ou à infirmer cette piste. C'est seulement après une confirmation que la question d'un commanditaire pourra être posée .
La nouvelle a déjà fait l'objet d'une couverture intensive au Proche Orient. Complot, empoisonnement, tous les ingrédients sont, il est vrai, réunis pour qu'il en soit ainsi. Sans attendre la confirmation de l'utilisation du polonium, la responsabilité d'Israël a d'ores et déjà été avancée. Les autorités israéliennes avaient-elles un intérêt à faire empoisonner Yasser Arafat? Autant le dire tout de suite, les arguments qui peuvent être avancés sont de nature à servir tout autant ce scénario que son contraire.