Publié le 16 May 2018 - 22:12
MANIFESTATIONS ESTUDIANTINES

La furie des étudiants de l’Ucad 

 

Suite à la mort de l’étudiant Fallou Sène,  ses camarades de l’Ucad ont riposté en  manifestant de manière violente durant toute la journée d’hier.

 

Hier, aux environs de 12 h, le campus universitaire a été témoin de la colère et de la détermination des étudiants de l’Ucad. L’objectif visé était de mobiliser toute la population estudiantine afin d’amplifier la riposte face au meurtre de Fallou Sène, étudiant à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. ‘’Trop, c’est trop ! Vous n’allez pas nous tuer parce que nous réclamons nos droits’’, s’exclame l’une des têtes de file de la manifestation. Une heure après, une marée noire de monde déferle sur l’avenue Cheikh Anta Diop. Les étudiants, organisés en plusieurs groupes, ont assiégé le ‘’couloir de la mort’’, l’entrée par la petite porte de l’Ucad, de même que l’entrée principale.

Grosses pierres, branches d’arbres, pneus et vieilles tables en fer leur ont servi d’instruments de barrage.  Face à cette situation, les forces de l’ordre ne se sont pas fait prier pour lancer dans tous les sens des grenades lacrymogènes. Le pavillon Q et le pavillon A ont été les plus touchés. L’odeur suffocante de ce gaz a semé comme à l’accoutumée la débandade dans toute la partie avant de l’Ucad. Beaucoup d’étudiants fatigués, blessés ou étouffés ont bénéficié des soins des ambulanciers. Pendant plus de trois tours d’horloge, les étudiants ont tenu tête aux forces de l’ordre.

Dans le campus social, deux véhicules de la police ont été brûlés, la vitre avant d’un camion cassée et un autre véhicule 4x4 endommagé. Les étudiants ont adopté une stratégie d’encerclement en repoussant par leur nombre les forces de l’ordre jusque dans les artères du Point E. Ils se sont aussi déployés jusqu’à hauteur de La Poste de Fann. La rue menant à l’Ecole nationale des travailleurs sociaux (Entss) a été le point de départ d’échanges réguliers de grenades lacrymogènes et de pierres, celle menant à la piscine olympique en partant de la Brioche dorée a aussi été témoin de violents affrontements.

Aux abords de l’avenue Cheikh Anta Diop, de nombreux étudiants, écœurés par la mort de Fallou Sène, crient à la vengeance, les jets de gaz lacrymogènes  de la police n’ont pas réussi à les disperser. La circulation y a été bloquée. Dans leur furie destructrice, les étudiants ont attaqué le  ministère de la Pêche et de l'Economie maritime.

Au rond-point de la Direction des pensions du Point E, une jeune fille a commis l’erreur de filmer la scène avec son téléphone, depuis un ‘’car rapide’’. Elle a été arrêtée et conduite dans le véhicule du groupe mobile d’intervention, après plusieurs négociations. I. N., en possession d’un appareil photo, a reçu une paire de gifles avant d’être violemment enfermé dans le pickup.

Pour ce professeur en partance pour Mermoz à pied, faute de transport en commun, la raison de ces affrontements est légitime. ‘’Cependant, les étudiants n’ont pas les moyens pour lutter contre des officiers armés’’, croit-il savoir.

Peu après 17 h, les étudiants, repliés sur le toit du pavillon A, se concertent pour trouver une nouvelle stratégie de riposte. Selon eux, la lutte est loin d’être terminée.

Emmanuella Marame Faye (stagiaire)

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