Publié le 10 Mar 2020 - 23:41
MARIE AUGUSTINE DIEME (ACTIVISTE)

Une militante des droits des enfants et des filles

 

Elle est encore jeune, oui. Mais comme l’a fait dire Pierre Corneille à Rodrigue, dans sa pièce théâtrale ‘’Le Cid’’, ‘’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années’’. Et Marie Augustine Diémé n’a pas attendu d’être avertie pour tracer sa voie et militer pour la progression des droits des ‘’sans voix’’ que sont les enfants et les filles, et pour l’égalité.

 

Jeune fille diola, ayant grandi dans le milieu mandingue, dans la région naturelle de la Casamance, une zone où les jeunes n’ont pas droit à la parole quand les ainés parlent, Marie Augustine Diémé a su, très tôt, briser ce mythe. La motivation de cette jeune activiste est forgée par un mariage d’enfant dont elle a été témoin. Touchée par cet acte, elle a décidé de militer pour les droits de ses camarades qui n’ont pas assez de cran pour dire non à certaines décisions des ainés, même si elles vont à l’encontre de leur épanouissement.

‘’Je n’ai pas voulu faire partie de ceux qui regardent et se taisent. Voici la raison pour laquelle, naturellement, je me suis engagée’’, confie Marie Augustine.

Toute joviale, elle indique que son militantisme s’est façonné depuis son jeune âge. Elle intègre ainsi, dès le lycée, à Sédhiou où elle a fait son cursus scolaire, les associations de jeunes, le mouvement des Cœurs vaillants-Ames vaillantes. Et avec ses pairs, elle milite pour la déclaration des enfants à la naissance. Car le phénomène devenait de plus en plus récurrent dans cette zone et, ces derniers, face à un défaut de papier administratif, n’arrivaient pas à postuler aux examens d’Etat.

Mais tout début est difficile. Néophyte dans l’activisme, dans la sensibilisation des droits de l’enfant et notamment au sein d’une société où le respect des ainés et des coutumes est primordial, Marie Augustine était régulièrement confrontée à l’insensibilité de ses proches.

‘’Avec mes pairs, nous faisons face à l’incompréhension de nos parents et de nos ainés. Souvent, nous ne sommes pas écoutés, nos messages sont mal interprétés et nous manquons d’espace pour les véhiculer’’, dit-elle.

Toutefois, déterminée dans son combat, l’engagement de Marie Augustine s’est renforcé encore plus durant ses années de collège. Elle a vu des filles perdre toute chance de continuer leurs études supérieures ou de prétendre à une formation professionnelle, afin d’améliorer leur statut social, à cause d’une grossesse. Comme l’a dit l’auteur tchadien Moustapha Abakar Moussa Chaffa, ‘’rien n’est impossible pour cette jeunesse africaine, dès lors qu’elle comprend son rôle et son destin’’.

Au bout d’années de lutte pour leurs droits, Marie Augustine se réjouit, aujourd’hui, qu’elles aient des clubs au sein des écoles, des conseils municipaux des enfants. Des tribunes qui leur permettent de participer à la gestion de leur cité.

Un combat au-delà du Sénégal

Cette activiste affirme que la jeunesse cherche à se faire entendre. Malheureusement, elle est d’avis qu’elle n’est pas écoutée. ‘’Cette jeunesse souffre et se noie dans ses souffrances, avec le chômage, le manque d’infrastructures sanitaires, la qualité de l’éducation qui reste à désirer, l’environnement paisible qui se dégrade, avec les viols, les meurtres, la drogue et autres’’, regrette-t-elle. Donc, une bouillante jeunesse a besoin qu’on la dirige.

Ainsi, avec l’appui et l’encadrement de l’ONG Plan International, après l’obtention de son Baccalauréat, Marie Augustine Diémé a entamé les campagnes de sensibilisation à travers le pays, le continent et le monde. Elle a participé, en septembre 2018, au forum Convergences de Paris, entre autres. On verra également le visage de cette jeune Sénégalaise d’une noirceur d’ébène, dans les vidéos de Plan International pour sa nouvelle campagne dénommée ‘’Aux filles l’égalité’’ lancée en 2019.

‘’Mon expérience en tant qu’activiste m’a amenée dans plusieurs continents et je me suis confrontée à d’autres qui ont su prendre leur place dans les espaces de décision avec courage et passion. J’ai confiance qu’un jour, les jeunes du Sénégal occuperont les espaces de décision à toutes les échelles’’, soutient-elle.

Même si elle est présente sur certains réseaux sociaux, Marie Augustine est de ces jeunes qui prennent du recul dans l’usage de ces outils d’information et de communication. Pour elle, le numérique occupe certes une place importante dans leur vie, cependant, l’activiste estime qu’il est bien d’attirer l’attention des jeunes sur les conséquences néfastes des réseaux sociaux. ‘’Nous sommes en train de perdre des valeurs sans s’en rendre compte. Nous faisons face à la course au plus de « likes » au point de sacrifier des vies. J’appelle les jeunes filles à revoir l’utilisation qu’elles font des réseaux sociaux. Car, chaque clic ou partage peut affecter la vie d’aujourd’hui et celle des enfants qu’on aura demain. Ayons, nous jeunes, un retour au respect de la valeur humaine’’, lance-t-elle.

La militante des droits des enfants et des filles appelle la jeunesse à joindre l’utile à l’agréable, en utilisant les réseaux sociaux pour développer leur leadership, faire entendre leur cri du cœur, dénoncer et surtout pour montrer aux autres qu’ils ont tort de les sous-estimer. ‘’Nous sommes capables de changer les choses ; passons à l’essentiel. Je rêve d’une jeunesse confiante qui fait face aux défis du monde présent, qui fait briller son étoile pour montrer la voie d’un avenir radieux. Une jeunesse féminine qui n’attend pas qu’on lui donne une place pour applaudir, mais qui s’engage et participe librement, sans aucune répression, aux espaces de prises de décision’’, dit-elle.

En employant bien le temps de sa jeunesse sur quoi reposera sûrement son bonheur futur, Marie Augustine Diémé rêve, un jour, d’être parmi les futurs décideurs de son pays. Pour se faire, l’activiste essaie, cahin-caha, de transmettre ‘’toutes’’ ses connaissances aux plus jeunes de son association Cœurs vaillants et âmes vaillantes pour poursuivre la lutte pour l’égalité des filles et la représentation des jeunes. Elle mène également des sessions de sensibilisations physiques et digitales pour mettre fin aux mariages précoces et forcés des enfants. ‘’Un de mes projets qui me tient à cœur avec mes pairs, c’est l’organisation du Diner de gala pour l’enfance, pour valoriser et promouvoir les actions des enfants. Ce diner, avec le journal ‘’EnQuête’’ comme gold partenaire, représente une excellente vitrine pour nos actions et activités à l’échelle du pays’’, lance-t-elle toute souriante.

L’activiste de 22 ans, étudiante en Master en communication, souhaite l’engagement de tout un chacun pour que le Diner pour l’enfance soit un succès pour la mobilisation des fonds. Son objectif, à travers ce rendez-vous, est de faire en sorte que les enfants, les filles et les jeunes puissent avoir du pouvoir et qu’ils soient entendus partout au Sénégal.

MARIAMA DIEME

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