''Nous ne sommes pas sûrs que l'appel au dialogue émane de Salif Sadio'' a dit Kamougué Diatta, ancien chef du maquis. Selon lui, l'information donnée par l'Afp est sujette à caution, dans la mesure où, le commandant Sané qui aurait parlé au nom de Salif Sadio est inconnu du bataillon. ''Salif Sadio ignore qui est le commandant Sané. Il a donné l'ordre de tout faire pour identifier le gars'', a laissé entendre le responsable du Mfdc joint au téléphone par EnQuête.

Un autre fait renforce Kamougué Diatta dans son doute. ''Le communiqué, poursuit-il, dit que les dernières attaques qui ont fait des otages du côté de l'armée sont le fait d'un dissident du front de Salif Sadio du nom de Paul Sonoré Diatta. C'est faux !''. Kamougué affirme que ''Paul S. Diatta n'est pas un dissident. Il est actuellement le commandant du troisième cantonnement de Salif Sadio''. Il appelle à la prudence car, explique-t-il, ''depuis quelque temps, Salif Sadio ne répond pas au téléphone''. Toutefois, le responsable du Mfdc est d'avis que la guerre ne saurait être ''une issue'' et indique que le mouvement irrédentiste a ''toujours appelé à la négociation''.

Prudence, c'est ce que pense également Saliou Sambou, ancien gouverneur de Dakar. ''Il y a beaucoup de gens qui donnent de fausses informations. Si ce n'est pas Salif, il va publier un démenti dans les prochains jours. Je pense, ce sera lourd de danger, si ce n'est pas lui qui l'a dit'', indique-t-il. Même si l'ancien gouverneur pense que cet appel au dialogue serait une formidable opportunité. ''Ce serait la première fois que Salif Sadio se signale de cette manière'', affirme-t-il.

Les mêmes appréhensions et le même espoir habitent Ama Diémé qui a été de toutes les négociations entre le gouvernement et le Mfdc. ''J'ai toujours dit, poursuit-il, que Salif Sadio est une pièce incontournable dans le processus de paix en Casamance. C'est la partie la plus à même de conduire à une paix''. L'ancien gouverneur de Dakar partage cet avis et affirme que ''Salif Sadio, n'est pas comme on le dépeint, c'est quelqu'un de très équilibré qui veut la paix''. Mais, prévient-il, ''si Salif Sadio n’accepte pas de baisser les armes, il n'y aura pas la paix''.

Saliou Sambou et Ama Diémé sont conscients que ''les opportunités de paix sont très rares. Il faut les saisir lorsqu'elles se présentent'', même si le contexte est chargé. Notamment, avec les opérations de ratissage de l'armée et l'ouverture prochaine de la campagne électorale. ''Chaque fois que l'une des parties baisse les armes, l'autre les prend. C'est une situation extraordinaire'', se désole le gouverneur Saliou Sambou. L'autre écueil reste le morcellement du Mfdc ; nos interlocuteurs estiment qu'il faudra ''harmoniser'' toutes les positions pour amener tout le monde à la table de négociations.

Gaston COLY