200 000 tables-bancs commandées et 5 000 déjà livrées
Dans un contexte de propagation rapide du virus de la Covid-19, dont les derniers variants sont considérés plus virulents, et malgré le protocole sanitaire élaboré par le ministère de la Santé et de l’Action sociale, lors de la rentrée en novembre dernier, dans la plupart des établissements scolaires, le respect des gestes barrières et de la distanciation sociale ne peuvent pas être une réalité, avec le déficit de tables-bancs ou de salles de classe.
Pour éviter l’expansion de la Covid-19 dans les établissements scolaires, le ministère de la Santé et de l’Action sociale a élaboré un protocole sanitaire. Ce document recommande, notamment, le respect de la distanciation sociale ; qu’il y ait au maximum 2 élèves par table et une vingtaine d’élèves par salle, le port du masque obligatoire. Le gel de mains et la disponibilité de l’eau doivent être assurés au sein des écoles, de même que des toilettes fonctionnelles. Malheureusement, peu d’élèves sur le territoire national sont aux normes. Dans la majeure partie des établissements scolaires du pays, fautes de tables-bancs et de salles de classe pédagogiques, les élèves sont obligés de s’asseoir à 4 par pupitre.
Interpellé, le directeur de la Formation et de la Communication au ministère de l’Education nationale, Mouhamadou Moustapha Diagne souligne que la tutelle est consciente de la situation. Cependant, ne pouvant donner plus de détails, car son collègue en charge des équipements scolaires, Amadou Bécaye Diop, est décédé il y a moins de 40 jours, M. Diagne s’est prononcé sur le nombre de tables-bancs commandées et celui déjà livré aux établissements scolaires. ‘’Le déficit de tables-bancs est une réalité au Sénégal et le ministre de l’Education nationale est conscient de la situation. Et hier, en réunion avec les agents du ministère, il nous a instruits de travailler d’arrache-pied pour combler ce gap. Et actuellement, 200 000 tables-bancs ont été commandées et 5 000 sont déjà livrées’’, confie-t-il.
Un déficit de 330 000 tables-bancs au niveau national
Il convient également de souligner que le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, a annoncé, lors de son passage à l’hémicycle pour le vote du budget de son département en décembre dernier, qu’une étude ‘’fine et extrêmement importante’’ leur a permis de montrer qu’il y a un déficit de 330 000 tables-bancs au niveau national. ‘’C’est immense et on ne peut pas résorber cela en une année. Vous allez dans ces écoles, vous verrez partout que c’est des carcasses de tables-bancs. Nous avons du bois. Dans le Sud, nous avons encore beaucoup de bois. Le président de la République nous a dit : on vous donne ce bois pour que vous y alliez. Ce déficit de tables-bancs est immense et on a trouvé une solution, pour dire que, là également, nous allons résorber cela’’, a-t-il reconnu.
Un appel d’offres, dit-il, pour 250 000 tables-bancs dont 200 000 dans l’élémentaire, 32 000 dans le moyen et 21 000 dans le secondaire, a été lancé. Ceci, pour un coût global de 8 milliards de francs CFA déjà inscrits dans l’autorisation d’engagement pour l’exercice 2021. ‘’Mais je sais que 250 000, cela ne fait pas 330 000. Il y aura encore un déficit, mais cela va régler beaucoup de problèmes. En ce moment même, nous avons plus de 16 000 tables-bancs déjà confectionnées et on est en train de répartir. On va continuer sur cette lancée, pour résorber l’ensemble de ces tables-bancs’’, a-t-il promis.
Pour 2021, la tutelle prévoit l’acquisition de 260 000 tables-bancs au total et un marché de réparation de 100 000 tables-bancs a été aussi lancé. Ce qui fera un total de 360 000, d’ici 2022.
Pour les abris provisoires, la question reste encore ‘’plus complexe’’, aux yeux du ministre. Car il souligne que, chaque année, il y a 300 000 nouveaux élèves qui arrivent à l’élémentaire et, en terminale, moins de 50 000 qui partent. Toutefois, Mamadou Talla a affirmé qu’avec le programme ‘’Zéro abri provisoire’’, ils sont environ à un taux de réalisation de plus de 80 %.
DEPARTEMENT DE MBOUR C’est désert Dans les écoles du département de Mbour, on constate un déficit chronique de matériel, de salles de classe et d’enseignants, intrants indispensables pour bien mener la mission de service public et hisser l’éducation nationale vers les sommets de l’excellence. Dans ce contexte de pandémie, la situation est intenable. Dans le département de Mbour, avoir une ‘’école d’excellence’’ semble être une utopie, vu les conditions dans lesquelles fonctionnent les établissements scolaires. Le manque est criard, en ce qui concerne beaucoup d’intrants dans la recherche de l’excellence. Le département compte plus de 200 000 potaches régulièrement inscrits, qui sont répartis en deux inspections de l’éducation et de la formation (IEF). ‘’Par rapport à l'équipement scolaire, c'est actuellement la graine rare au niveau des établissements. On a eu même des programmes de construction qui ne sont pas accompagnées d'équipements et actuellement, le déficit en tables-bancs, si on le prend en moyenne par école, ça peut être au moins 200 à 300 par école, et si on le prend globalement au niveau circonscription, on est à près de 30 000 à 40 000 tables-bancs qui, aujourd'hui, ne satisfont pas complètement le déficit pour l'IEF de Mbour 1’’, évalue Mamadou Diouf, le planificateur de l'Inspection de l’éducation et de la formation de Mbour 1, chargé des statistiques, du suivi-évaluation et point focal aussi des constructions et de l'équipement scolaire. Mais, poursuit-il, ‘’on peut dire que, chaque année, on fait des progrès, malgré les difficultés des enseignants, tables-bancs, manuels, etc. Ce sont des intrants de qualité de première nécessité. Parce qu’une école doit avoir des classes, des tables-bancs et de bons enseignants. Si seulement ceci est réglé, il restera à mobiliser ces équipes vers l'excellence que nous n’avons jamais atteinte, même si nous pourrons toujours améliorer’’. A en croire le responsable des statistiques, l’inspection de Mbour 1 est composé de neuf communes que sont : Mbour, Saly, Ngaparou, Somone, Popenguine, Ndayane, Nguekhokh, Sindia, Malicounda et Diass. D’après M. Diouf, l’effectif à l'élémentaire est à peu près 80 000 élèves, pour le moyen secondaire à 60 000, et pour la petite enfance à 60 000. Ce qui fait un effectif global d'à peu près de 200 000 à 210 000 élèves pour l'IEF de Mbour 1 répartis sur 300 établissements scolaires. Et pour cette population scolaire, le déficit en matériel scolaire a été signifié aux autorités éducatives. ‘’Le déficit, on l'a présenté, il n’y a pas longtemps. C'est une commande du ministère de l'Education, parce qu’on est à l'ouverture. Ainsi, on a reçu la commande et on a dit : pour l'élémentaire, nous sommes à 15 800 tables-bancs ; pour le moyen secondaire, on est à environ 10 000 ; et la petite enfance, ça fait maintenant des années qu’il n’y a pas eu de programme, ni de construction ni d'équipements. Souvent, laisse-t-il entendre, il y a l'apport de la case des tout-petits. Mais pour le département, dans l'enseignement préscolaire, on n’a pas reçu d'équipements scolaires’’, indique Mamadou Diouf. Mbour, la ville qui cache les abris provisoires Dans le même sens, il note une certaine incongruité dans la ville de Mbour qui contient encore des abris provisoires. ‘’Mbour est la ville qui cache un peu les abris provisoires. A voir Mbour, vous pensez qu'il n'y a pas d'abris provisoires. Mais dans les grandes écoles de Mbour, vous en trouverait. En tout cas, au moment où je vous parle, en dehors du programme de remplacement d'abris provisoires qui est entamé et qui a réalisé une trentaine de salles de classe, on est aujourd'hui à un déficit de près de 40 classes qui sont actuellement en abri provisoire dans la circonscription. Et dans la commune de Mbour, on a une quinzaine d'abris provisoires dans de grandes écoles comme Serigne Saliou Mbacké, Santhie 2, Mbour Sérère Kaw...’’, rapporte le point focal des constructions et de l’équipement scolaire. Au-delà des tables-bancs, le planificateur de l'Inspection de l’éducation et de la formation de Mbour 1 informe que les enseignants ne suffisent pas par rapport à la proportion des établissements scolaires. ‘’Je travaille en nette collaboration avec le responsable des ressources humaines, mais on fait souvent des gymnastiques pour pouvoir satisfaire certaines localités en enseignants. Donc, c'est souvent les multigrades à effectif élevé qui sont érigés, parce qu’une multigrade, si cela atteint trente élèves par classe, c'est pratiquement ingérable. Mais il y a toujours un déficit. Je ne pourrai pas vous donner tout de suite le nombre, mais quand même Mbour aurait besoin au minimum d’une vingtaine d'enseignants pour l'élémentaire et pour le moyen également. J'ai assisté à beaucoup de rencontres où il y a des professeurs qui manquent comme ceux d’EPS, de mathématiques. Avec l'inspection d’académie, le décompte pourrait atteindre aussi 15 professeurs par matière’’, renseigne-t-il. Il convient de noter que l’IEF de Mbour 2, par contre, est une inspection rurale qui polarise les 7 communes de Nguéniène, Joal, Sandiara, Fissel, Ndiaganiao, Sessène et Thiadiaye où sont dénombrées à peu près 100 et quelques écoles publiques comme privées constituant un réseau scolaire très dense. Selon Mamadou Moustapha Kane, Inspecteur de l’éducation en service à l’IEF Mbour 2, comme toutes les écoles avec la massification, l'élargissement de l'accès et les résultats enregistrés, l'année dernière, au niveau du Certificat de fin d’études élémentaires (CFEE) et du Brevet de fin d’études moyennes (BFEM), il y a un rush au niveau des effectifs. ‘’En plus, maintenant, avec les conditions imposées par le protocole sanitaire où on n'a plus droit à mettre beaucoup d'élèves sur la même table, cette année, on a eu des problèmes de tables-bancs. Parce qu’il nous faut gérer les dispositions sanitaires prises. Raison pour laquelle on est obligé d'aérer les salles de classe et de mettre quelques tables-bancs. Cela a affecté certains établissements et a créé même un déficit en tables-bancs’’, souligne-t-il. Dans le même sillage, fulmine l’inspecteur, à part les tables-bancs et le déficit en personnel, il y a également les difficultés liées à l'état civil. Cette question est récurrente et revient toujours sur la table, car beaucoup d'enfants ne sont pas déclarés et on est obligé de faire composer les élèves sans pièce d'état civil. Ensuite, explique-t-il, le manque de ressources constitue aussi un problème. ‘’Les écoles fonctionnent difficilement, parce que, des fois, il y a des retards dans le crédit de fonctionnement. Ce qui fait qu'elles n'arrivent pas à gérer certaines difficultés’’, regrette M. Kane. IDRISSA AMINATA NIANG (MBOUR) |
MARIAMA DIEME