Publié le 16 Nov 2021 - 20:08
FERMETURE D’ENTREPRISES, HAUSSE DES TAXES…

La ‘’pandémie’’ industrielle

 

Etranglées par le fisc et la crise sanitaire, les entreprises industrielles sénégalaises se meurent les unes après les autres, et ce pourrait être l’hécatombe, si l’Etat ne réagit pas à temps. 

 
Où va l’industrie sénégalaise ? Malgré les promesses mirobolantes, le sentiment le mieux partagé chez les acteurs reste le désenchantement. Par les temps qui courent, le secteur secondaire est très mal-en-point. Au-delà de la crise sanitaire, ce sont les taxes tous azimuts, mis en place par le gouvernement, qui risquent de plomber définitivement le secteur. Cette situation a fini d’exaspérer bien des acteurs qui menacent de mettre la clé sous le paillasson. 
 
Dans tous les cas, si la tendance se poursuit, d’ici quelques mois, l’on pourrait définitivement enterrer ce qui reste encore du tissu industriel sénégalais. 
 
Déjà, de grands groupes comme CSL, MTOA, SOLDIV, pour ne citer que ces dernières, ont cessé certaines activités à cause de cette situation difficile. Dans d’autres cas, face à la situation très incertaine, ce sont tout bonnement les investissements qui ont été bloqués, en attendant d’y voir plus clair. Ce qui ne manquera pas de provoquer un impact social non-négligeable. 
 
Selon des informations reçues à ‘’EnQuête’’, après plusieurs déficits successifs, la Manufacture des tabacs de l’ouest-africaine (MTOA) a, en effet, décidé de cesser l’activité de production qu’elle va délocaliser à Abidjan. L’entreprise indexe directement les taxes d’accises qui sont devenues insupportables. Aussi, le gouvernement est accusé de ne pas faire grand-chose pour accompagner les industries. 
 
En plus des taxes sur la cigarette, l’Etat a aussi mis en place plusieurs autres taxes qui affectent notamment les bouillons, les corps gras, les boissons, entre autres, plongeant dans des difficultés chroniques certains champions du secteur secondaire national, notamment l’agroalimentaire qui constitue jusque-là un des principaux moteurs du secteur secondaire. Parmi ces mesures qui font jaser, il y a également la taxe sur le plastique ; les taxes de consommation ; la taxe relative au Programme de modernisation de l’Administration des douanes, de même que les contrôles fiscaux de plus en plus contraignants. 
 
En fait, même si certaines des motivations de l’Etat restent compréhensibles, notamment la lutte contre la pollution plastique, la consommation de certains produits comme le tabac, les bouillons… les méthodes empruntées restent souvent sujettes à controverse. Parfois, les politiques débouchent même sur un découragement de la production locale au profit des importations. Tel est le cas de la loi sur le plastique qui crée de graves distorsions, selon nombre d’acteurs. En plus d’enrayer totalement ou partiellement certaines entreprises, ces taxes rendent également moins compétitives certaines entreprises qui avaient la chance, jusque-là, de pouvoir s’imposer même dans les marchés de la sous-région, contribuant ainsi à l’amélioration de la balance commerciale.
 
Le mal-être n’épargne pas non plus la filière arachidière. Sur ce point, à maintes reprises, les acteurs ont prôné la nécessité de réformer la convention avec la Chine qui les prive de graines et de compétitivité sur le marché international. Mais leurs récriminations semblent, jusque-là, tomber dans l’oreille d’un gouvernement sourd. 
 
Aujourd’hui, le secteur est au bord de l’effondrement. Si certaines entreprises ont migré dans le négoce, d’autres se penchent de plus en plus vers d’autres activités. En effet, avec l’accord susvisé, les huileries chinoises peuvent acquérir des graines sénégalaises exonérées, alors que les huiles en provenance du Sénégal sont taxées par l’Empire du milieu. Les acteurs du secteur, dont Copeol, n’ont eu de cesse de demander une révision de cet accord, en vue de corriger les distorsions. 
 
Eu égard à tout ce qui précède, on serait tenté de se demander si le gouvernement du Sénégal se préoccupe véritablement du sort des industries sénégalaises. Malgré les engagements clamés urbi et orbi, la réalité sur le terrain reste tout autre. Le secteur industriel va de mal en pis et l’autorité de tutelle semble dépassée par les évènements. 
 
Ainsi, contrairement aux orientations du Plan Sénégal émergent, dans bien des secteurs, le Sénégal semble se tourner vers une désindustrialisation qui ne dit pas son nom. Il en est ainsi des filières agro-alimentaires qui se désarticulent ; des industries du concentré de tomates qui se tournent désormais vers l’importation au détriment de la transformation d’une production locale ; de la filière rizicole qui connait des échecs importants dans ses initiatives d’industrialisation… 
 
MOR AMAR
 
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