Publié le 3 Dec 2021 - 01:25
MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT ET DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

Un budget en hausse de près de 50 %

 

L’hémicycle a étudié et adopté, hier, les dotations dans le secteur de l’environnement pour l'exercice budgétaire 2022.

 

L’Assemblée nationale a adopté, hier, le budget 2022 du ministère de l’Environnement et du Développement durable. Celui-ci a connu une hausse de 12 milliards de francs CFA. Il est passé de 25,6 à 37 993 685 121 F CFA en autorisations d'engagement (AE) et en crédits de paiement (CP). Ce qui correspond à une hausse de 48,34 %. Ce budget sera réparti sur quatre programmes : La lutte contre la déforestation et la dégradation des terres allouée de 23 867 330 968 F CFA ; la conservation de la biodiversité  et gestion des aires protégées pour 6 496 848 297 F CFA ; la lutte contre les pollutions, nuisances et effets des changements climatiques dotée de 4 744 085 363 F CFA ; et le programme pilotage, coordination et gestion administrative pour 2 885 420 493 F CFA.

La vision du département de l’Environnement et du Développement durable voudrait qu’à ‘’l’horizon 2035, la gouvernance verte soit le socle d’un Sénégal émergent, pour un développement socio-économique inclusif et durable’’. Cet objectif global, selon le ministre Abdou Karim Sall, peut se résumer en deux points : le ‘’renforcement de la gestion intégrée et durable de l’environnement et des ressources naturelles, la résilience des populations aux changements climatiques’’ et le ‘’renforcement du pilotage, la coordination, la gestion administrative et financière’’.

 Ainsi, l’augmentation du budget de son département montre, selon le ministre de l’Environnement et du Développement durable, l’importance accordée par le président de la République à l’environnement. 

Au cours de l’examen du budget 2022 en Commission des finances et du contrôle budgétaire élargie à la commission du Développement durable et de la Transition écologique, le 21 novembre dernier, le ministre a présenté les résultats du budget 2020 à la place de ceux de 2021. Saisi par les députés sur cette pratique, Abdou Karim Sall s’est justifié par le fait que ‘’le budget 2021 est toujours en cours d’exécution’’. Il a tout de même précisé qu’à la date du 21 novembre, ‘’le budget 2021 a atteint un taux d’exécution de 78 %, qui se traduit en valeur réelle par 18,07 milliards de francs CFA de crédits ouverts et engagés pour 14,51 milliards de francs CFA’’, tout en promettant de revenir sur une présentation plus détaillée.

Revenant sur cette augmentation du budget, le ministre des Finances et du Budget l’explique également par la nature transversale de l’environnement, d’où sa présence dans les dotations budgétaires dans au moins sept ministères, comme l’Agriculture, l'Élevage, l’Urbanisme, etc. Le cumul de tous ces crédits dépasse 100 milliards de francs CFA.

D’ailleurs, des programmes de rallonges budgétaires, notamment la modernisation du ministère pour 45 milliards, sont prévus. 

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

DÉFORESTATION, ÉROSION CÔTIÈRE, LOI SUR LE PLASTIQUE, ETC.

Abdou Karim Sall étale ses projets et réalisations

Devant les députés, le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Abdou Karim Sall, a déroulé les ambitions de son département pour l’exercice budgétaire 2022.  

Secteur transversal qui touche à plusieurs aspects de la gestion de la République, l’environnement a suscité beaucoup de préoccupations de la part des parlementaires, lors du vote du budget 2022 du ministère de l’Environnement et du Développement durable. Les changements climatiques, la coupe abusive et illicite de bois, la loi sur le plastique, le programme ‘’Xëyu Ndaw Ni’’ sont autant de questions sur lesquelles le ministre Abdou Karim Sall a été interrogé par les députés. Et certains n’ont pas mis de gants pour le faire. A l’image de Mamadou Diop Decroix.

Lors de son passage devant le représentant du gouvernement, le secrétaire général d’And-Jëf/PADS a invectivé le ministre de l’Environnement et du Développement durable. ‘’Vous ne vous occupez pas de protection de l’environnement, ni de développement durable, d’ailleurs. Pendant que vous dites lutter contre la déforestation et la dégradation des terres dans le programme 1 que vous avez présenté, la forêt de Casamance est en voie de disparition avancée. L’armée des coupeurs de bois a franchi le département de Médina Yoro Foula pour envahir celui de Kolda. La situation est chaotique dans le département de Vélingara’’, lance-t-il.

Sans se laisser déstabiliser, Abdou Karim Sall a trouvé refuge dans le PSE vert (Plan Sénégal émergent) qui, selon lui, comporte deux axes importants de lutte contre le fléau de la coupe abusive de bois : ‘’Le premier est le reboisement inclusif du territoire national et la lutte contre la coupe et le trafic illicite de bois. Le problème se situe partout sur le territoire national. La Casamance est certes plus touchée, mais dans tous les départements, cela est alarmant. Nous allons y mettre un terme en collaboration avec l’ensemble des forces de défense et de sécurité, à travers des brigades mixtes qui seront mis en place pour lutter contre ce trafic.’’

Bientôt deux ans que la loi sur le plastique est entrée en vigueur. Mais son application a été interrogée par les parlementaires. Sur cette question, le ministre a rappelé que la pandémie de coronavirus, qui a touché le Sénégal dans le même temps, a été un ralentisseur. Toutefois, des résultats sont en train de se concrétiser.

‘’Tout le monde est témoin que les gobelets en plastique ont presque disparu du territoire national, pour céder la place aux gobelets en carton. Dans les grandes surfaces, les sachets plastiques ont laissé place au papier. Le combat continu. Nous comptons sur tous les Sénégalais pour rendre effective l’application de cette loi'', assure-t-il.

Le travail sur la loi sur le plastique déjà visible

Aussi, à la date d’hier, fait-il savoir, plus de 70 tonnes de sachets plastiques ont été saisies et incinérées. Dans le même sillage, depuis trois mois, une période a été accordée aux producteurs impliqués dans la fabrication des sachets plastiques. Surtout ceux fabriquant des sachets d’eau, parmi les polluants les plus persistants. ‘’Des jeunes recrutés dans le cadre du programme ‘Xëyu Ndaw Ni’ vont renforcer le programme de lutte contre le péril plastique’’, retient Abou Karim Sall.

Revenant sur ce programme lancé par le président de la République et dont le ministère de l’Environnement a bénéficié d’un quota de 100 postes, le ministre a relevé que son département a déjà ‘’bouclé et finalisé le recrutement et la signature de près de 7 000 contrats dans toutes les régions, les départements et les communes du Sénégal. Les salaires des mois d'août et de septembre ont été payés à ces jeunes que nous sommes en train de déployer dans les différentes directions départementales. Dans quelques jours, ils percevront leurs salaires d’octobre et de novembre. Formés, ils seront équipés, habillés de sorte que l’on puisse les distinguer facilement comme des agents du ministère de l’Environnement, pour le compte du programme ‘Xëyu Ndaw Ni’’’.  

Concernant les nombreuses complaintes en relation avec l’érosion côtière, Abdou Karim Sall a soutenu qu’avec un financement de 23 milliards de francs CFA, le Programme de gestion du littoral ouest-africain (Waca) développera des actions de lutte contre l’érosion au niveau de la corniche-Ouest, de l’île de Gorée, de Saint-Louis et de la Casamance. Et à partir de 2022, promet-t-il, ‘’nous allons entrer dans la phase de mise en œuvre.  Dans le cadre de ce programme, il est prévu un linéaire de 1,8 km au niveau de Petit Mbao et de Grand Mbao. Il s’agira de phases pilotes’’.

Inquiétudes sur la déforestation exponentielle de Dakar

Les députés s’inquiètent de la déforestation exponentielle notée dans la région de Dakar, conséquence d’une urbanisation galopante. Malgré les protestations de la société civile, le président de la République a signé le décret n°2021-701 du 4 juin 2021 qui a rendu exécutoire le  plan d’urbanisation de la ville de Guédiawaye et déclassé une zone de 150 ha.

Pour la construction de différents équipements et logements, cette zone est répartie comme suit : 43,92 % de la superficie totale réservée à l’habitat ; 21,01 % aux voiries et réseaux divers ; 35 % réservés aux équipements.  

Son pendant parmi les rares espaces verts que compte la capitale sénégalaise, la forêt classée de Mbao est soumise aux mêmes sollicitations. Malgré le délaissement de 75 ha au profit de du projet immobilier ‘’Mbao ville neuve’’, des emprises de l’autoroute à péage et du Train express régional (TER), un autre projet de déclassement de 10 ha pour des cimetières de Pikine défraie la chronique sur cette espace très convoité.   

Face au ministre de l’Environnement et du Développement durable, les parlementaires ont requis des actions concrètes pour la préservation de la zone des Niayes et la valorisation de la zone du Technopole où ils souhaitent l’aménagement de parcs, jardins et divers lieux de respiration au profit des populations.  

Malgré cela, Abou Karim Sall a estimé que son département a effectué le classement de neuf forêts, une première depuis 1968. De même, le président de la République a pris la décision de soustraire 19 ha de l’ancien aéroport international de Léopold Sédar Senghor de Dakar, pour l’installation d’un parc forestier urbain. En même temps, la zone du Technopole devrait être érigée en réserve naturelle de la grande Niayes de Pikine.

Lamine Diouf

 

Section: