Publié le 28 Dec 2021 - 21:58
EXTENSION COUVERTURE PROTECTION SOCIALE

Le financement du secteur, défi majeur pour le Sénégal

 

La problématique de l’extension de la couverture de protection sociale fait que le financement de la protection sociale est aujourd’hui considéré comme un défi majeur pour le Sénégal. C’est ce qu’a souligné, hier, la déléguée générale à la Protection sociale et à la solidarité nationale, Aminata Sow, lors d’un atelier d’information et de renforcement de capacités des journalistes.

 

Le gouvernement, à travers la Délégation générale à la Protection sociale et à la Solidarité nationale (DGPSN), s’est résolument engagé au développement et à la mise en œuvre d’un registre national unique (RNU) mis en place pour la sélection et l’inscription des ménages en situation de vulnérabilité.

En effet, la mise en place du Registre national unique, instrument de ciblage du gouvernement, pour le pilotage des politiques de protection sociale, découle de la volonté des autorités de mettre en place une base de données dynamique à même de favoriser l’optimisation des interventions sociales de l’État et des partenaires. ‘’Le Sénégal, à l’instar de la communauté internationale, fait face aux effets dévastateurs de la pandémie de la Covid-19 et aux impacts négatifs des changements climatiques avec leurs corolaires sur la sécurité et le bien-être des individus et des communautés. Raison pour laquelle le gouvernement s’est engagé à côté des partenaires techniques, afin d’élargir le registre à un million de ménages en 2022. L’objectif est de disposer d’un outil permettant, en cas de choc, d’agir rapidement et efficacement. Cependant, la problématique de l’extension de la couverture de protection sociale fait que le financement de la protection sociale est aujourd’hui considéré comme un défi majeur pour le Sénégal. Sous ce registre, s’inscrivent les défis de la gouvernance, de la coordination et de l’adoption d’un cadre légal pour la protection sociale’’, explique la déléguée générale à la Protection sociale. 

Aminata Sow, qui intervenait hier, lors d’un atelier d’information et de renforcement de capacités des journalistes, a relevé qu’initiée depuis 2013, la base de données du RNU compte près de 580 000 ménages représentant 30 % des ménages du pays.  Et d’après elle, grâce au RNU, deux milliards de francs CFA ont été injectés dans le monde agricole. ‘’Un système de protection sociale fort, inclusif et durable ne pourrait être bâti que par une coalition incluant la société civile, les partenaires techniques et financiers, les élus des collectivités territoriales, les professionnels de la communication, les chercheurs… La façon de créer une volonté politique et de favoriser un ‘contrat social’ autour de la protection sociale, doit être une préoccupation permanente de tous ces acteurs. Le socle de ce contrat social est la croisade contre l’extrême pauvreté et l’émergence des groupes vulnérables’’, poursuit-elle.

Pour sa part, le directeur de la Stratégie et de la Planification à la DGPSN a précisé que l’origine de la protection sociale, c’est la sécurité sociale. Cependant, il a indiqué que les textes restent ‘’obsolètes’’. ‘’Les textes n’ont pas beaucoup évolué depuis plus de 40 ans et cela a été une limite. L’autre limite, c’est le déficit qu’on a noté au niveau du Fonds national de retraite (FNR). Même dans son format actuel, nous ne sommes pas satisfaits. Nous avons demandé que cela soit autonome et pour qu’on puisse lui fixer des objectifs de performance. Mais cette caisse se confond à la caisse de l’Etat. Alors que, parfois, il y a des déficits énormes et rien n’est fait à ce niveau. En 2005, il y avait des réformes qui ont été faites et qui ont permis à cette institution d’être en compte excédentaire. Mais en 2011, on est retourné au déficit. Il y a aussi le défi du manque d’indicateurs pour suivre la marche de la protection sociale. Mais les choses ont changé à ce propos, depuis la création du DGPSN. Aujourd’hui, nous voulons faire avancer la protection sociale, en nous basant sur la Plan Sénégal émergent’’, dit Ousmane Basse.

Créer un cadre de synergie

Pour cela, le directeur de la Stratégie et de la Planification à la DGPSN trouve qu’il faut mettre en socle la protection sociale en l’élargissant. ‘’Il faut créer à ce niveau un cadre de synergie. De cette manière, on va participer à la croissance économique. L’investissement qu’on fait dans la protection sociale améliore les conditions de vie, de rompre la transmission intergénérationnelle de la pauvreté’’, renchérit M. Diagne.

Selon le rapport de la Revue globale et d’analyse du système national de protection sociale au Sénégal, transmis à la presse à cette occasion et produit en janvier dernier, le socle national de protection sociale ainsi imaginé représenterait 1,6 % du produit intérieur brut et 5,75 % des dépenses publiques nationales à l’horizon 2025. ‘’Il ne s’agit pas, ici, de l’ensemble des dépenses en protection sociale. Il faut ajouter à ce socle les régimes de sécurité sociale non pris en compte dans le présent exercice et les dépenses liées à la Couverture maladie universelle (CMU) hors adhérents du régime simplifié pour les petits contribuables (RSPC). Le coût de ce socle ainsi que les autres programmes de protection sociale et l’extension verticale future, doivent être couverts durablement et les ressources publiques nécessaires explorées, trouvées et sécurisées. Dès lors, il est primordial, dans un second exercice, de s’intéresser aux différentes options de financement de la protection sociale, de la création d’espace fiscal ou budgétaire. Il s’agira aussi de promouvoir suffisamment l’impact de ces investissements’’, souligne le document.

D’après M. Basse, ce que vise la DGPSN, c’est d’arriver à construire un système de protection sociale ‘’inclusif’’, ‘’solidement ancré’’ dans la culture nationale et garanti par l’Etat. ‘’On doit tenir en compte les personnes vivant avec un handicap. Les enfants ont leur vulnérabilité et il faut en tenir compte. Qu’on inscrive notre politique sociale dans la durée. Il nous faut construire du solide et cela, on le fait avec des lois. Il faut inclure tout le monde. Car il y a des catégories qui sont exclues et il faut penser à les inclure. Dans le court et moyen terme, nous allons mener la réforme du système’’, dit-il. 

MARIAMA DIEME

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