Publié le 22 Jan 2022 - 18:59
OBSÈQUES DE L’ANCIEN PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE MALIENNE

Bamako rend un hommage national à IBK

 

Preuve que les Maliens n’en avaient pas contre sa personne, mais sa gestion chaotique de leur pays face aux multiples crises qui le frappent depuis plus d’une décennie, Bamako a rendu un vibrant dernier hommage à l’ex-président de la République Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), qui a été inhumé hier.

 

C’était une petite curiosité. Après les sanctions infligées par la CEDEAO et l’UEMOA contre le Mali depuis bientôt deux semaines, les chefs d’Etat de la sous-région allaient-ils faire le déplacement pour les obsèques de l’ex-président de la République malienne, Ibrahim Boubacar Keïta (dit IBK) ? Aucun ne l’a finalement fait. Hier, ce sont des milliers de Maliens qui ont rendu un hommage national à l’homme qui a dirigé le pays de 2013 à 2020. Décédé le 16 janvier 2021 à Bamako, il a été renversé par un putsch militaire, le 18 août 2021.

Couleurs nationales sur le cercueil, drapeau en berne, trois jours de deuil national décrété. L’homme a, au moins, gardé le respect de son peuple. Celui contre qui des manifestations monstres à travers le pays ont donné une ''légitimité populaire’’ aux militaires maliens pour prendre le contrôle du pays. Avant de le pousser à la démission. Mais sur la place d’armes du 34e bataillon du génie militaire, de nombreuses personnalités, l'ancien président par intérim Dioncounda Traoré, d'anciens ministres, des dignitaires religieux, des diplomates et un des fils du disparu, Bouba Keïta, ont accompagné le défunt vers sa dernière demeure.

Ibrahima Boubacar Keïta n’avait aucune amertume et n’en voulait à personne

Prenant la parole, ce dernier a évoqué ses relations avec son défunt papa. Mais pas que : ‘’Être à tes côtés est une expérience qui vaut tous les diplômes du monde. Je le pense vraiment. Je pourrais écrire l’histoire en disant qu’en prenant tes bagages, je me suis fait un bagage intellectuel de poids. Mais surtout, tu m’as inculqué l’amour de ce pays qu’est le Mali que tu chérissais tant, mais pour lequel tu étais prêt à tout donner et à tout pardonner. Ibrahima Boubacar Keïta n’avait aucune amertume et n’en voulait à personne. Grand croyant, il a toujours pensé que le plan de Dieu est le meilleur.’’

Mais c’est bien le Premier ministre de transition, Choguel Kokalla Maïga, qui a présidé la cérémonie. L’actuel président, le colonel Assimi Goïta, était quant à lui absent. Il a été ‘’empêché’’ de participer à la cérémonie officielle, selon ses services. Depuis l’arrivée des militaires aux commandes du pays, deux autres anciens chefs de l’État malien - Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré – sont décédés. A chaque fois, le colonel Goïta était présent pour leur rendre hommage.

Les témoignages positifs se sont tout de même succédé sur le défunt. Parmi les proches qui ont pris la parole, son ancien ministre de la Santé, Michel Sidibé, a soutenu que IBK était ‘’un homme d’esprit, un homme de culture, mais aussi, je dirais, un homme de cœur. Il s’est toujours battu pour ce pays. Il avait ses forces et ses faiblesses, mais ce qui le caractérisait, c’était sa dignité et son patriotisme, et cela a été mentionné aujourd’hui’’.  

L’ambassadeur de la France présent à la cérémonie

Si aucune délégation de la CEDEAO n’a pas fait le déplacement au Mali, les ambassadeurs de France, de la Russie et de la Chine ont répondu présents à la cérémonie d’hommage à l’ancien chef d’Etat malien. Le pays reste le théâtre d’une lutte d’influence entre les grandes puissances internationales. La demande de sanctions à l’encontre des militaires au pouvoir, menée par la France au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies a été bloquée par les vétos de la Russie et de la Chine.  

La Guinée, également théâtre d’un putsch mené par le colonel Mamadi Doumbouya en septembre 2021 et partenaire privilégié de la junte malienne face aux pressions internationales, a dépêché son ministre des Affaires étrangères Morissanda Kouyaté. Baba Hakib Haïdara, au nom des collaborateurs de l’ex-président, a salué ‘’un homme d’État ouvert au dialogue’’.

Ibrahim Boubacar Keïta a été enterré dans l’après-midi dans sa vaste résidence, après une cérémonie à laquelle plus d’un millier de personnes, y compris d’anciens adversaires, a pris part.

Lamine Diouf

 

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