Les femmes transformatrices exigent la reconnaissance juridique de leur statut
Les femmes transformatrices de produits halieutiques ont profité du 8 Mars, lors de la célébration de la Journée internationale de la femme, pour demander plus de considération à leur métier. Elles veulent que l’Etat du Sénégal attribue un statut juridique à leur activité.
Malgré leur importance dans la chaine de production du secteur de la pêche, les femmes transformatrices de produits halieutiques ne jouissent toujours pas d’un statut juridiquement reconnu par le législateur sénégalais. Une situation qui continue de sidérer les femmes qui s’activent dans ces métiers.
Lors de la cérémonie de célébration de la Journée internationale de la femme, elles ont haussé le ton pour exiger qu’il leur soit attribué une reconnaissance juridique. ‘’En ce jour spécial, nous demandons à l'Etat la reconnaissance juridique du statut des femmes transformatrices de poisson et la fermeture des usines de farine et d’huile de poisson’’, a martelé Diaba Diop.
Selon la présidente, le contexte de pandémie de Covid-19, auquel vient s’ajouter la présence de ces usines, fait que la situation est encore plus complexe au Sénégal, puisque ces dernières sont en concurrence directe avec la consommation locale et privent les femmes transformatrices de poisson, de leur travail et de leur principale source de revenu. Dans ce cadre, elle se plaint du fait que, même si l’activité de ces femmes est cruciale pour la sécurité alimentaire et la stabilité socioéconomique du Sénégal, du point de vue légal, elles sont vulnérables, car leur métier n'est pas légalement reconnu par les autorités administratives et elles courent, depuis des années, derrière la reconnaissance juridique de leur métier de transformatrices de poisson.
Dans ce sens, soutient Abdoulaye Ndiaye, Chargé de campagne Océans à Greenpeace Afrique, ‘’il est temps que les gouvernements d’Afrique de l’Ouest mettent un terme à l’implantation des usines de farine de poisson et prennent des dispositions pour interdire l’utilisation du poisson entier, destiné à la consommation humaine, aux usines de fabrique de farine et d’huile de poisson déjà installées’’.
En effet, indique-t-il, ‘’les chiffres révélés par le dernier rapport de la FAO montrent encore une fois la gravité des ravages de ces industries de farine et d’huile de poisson sur l’activité de la pêche au Sénégal’’. Avant de poursuivre : ‘’D’après le document publié en janvier 2022, les usines de farine de poisson installées au Sénégal comptaient 129 travailleurs permanents et 264 travailleurs temporaires en 2018, généralement recrutés parmi la population locale. Ces industries présentent ainsi un faible poids socio-économique, alors qu’elles représentent une menace majeure pour les moyens de subsistance de 600 mille travailleurs du secteur de la pêche artisanale.’’
Pour lui, ‘’la matière première utilisée dans ces usines consiste en de grandes quantités de petits poissons pélagiques pêchés, puis transformés en farine ou en huile de poisson pour nourrir des animaux dans les pays développés au détriment de la consommation locale’’.
De ce fait, Abdoulaye Ndiaye invite le Sénégal ‘’à suivre l'exemple de la Mauritanie qui a commencé à restreindre l'utilisation de certaines espèces de poisson propres à la consommation humaine dans la production de farine de poisson. Le Sénégal devrait limiter ces usines à l'utilisation de la production locale de déchets et de rebuts de poisson’’, a-t-il préconisé.
IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)