Le promoteur court derrière un financement de 1 500 milliards F CFA
Le projet d'installation de quatre usines de dessalement des eaux dans les sites de Mbour, Mboro, Lompoul et Potou, est dans une profonde léthargie, depuis 17 ans. La faute à un défaut de financement évalué à 1 500 milliards F CFA.
En 2005, l’Association pour le canal de Lambaye (Ascal) a présenté un projet d'installation de quatre usines de dessalement des eaux dans les sites de Mbour, Mboro, Lompoul et Potou. Evaluées à 1 500 milliards F CFA, selon la fiche technique, elles doivent permettre d’arroser trois régions : Thiès, Diourbel et Louga. Cela permettra, au minimum, de toucher 300 000 paysans, pour la première tranche, de cultiver pendant toutes les saisons et de faire travailler des jeunes des trois régions et bien au-delà.
Au total, les usines doivent produire 400 000 m3 par jour, soit 40 millions de litres d’eau par heure.
Elles sont attendues pour mettre fin à l’insécurité alimentaire et à la pauvreté chez les populations des zones où elles seront installées. Le projet aura un avancement de 70 km chaque trois ans et, à long terme, il va arroser la quasi-totalité des régions du pays.
D’après le président de l’Ascal, chaque paysan de ces trois régions devrait toucher entre 5 millions et 10 millions par an, vu qu’il va cultiver ses terres, douze mois sur douze. Le sel qui sera récupéré, lors des travaux, sera vendu en Europe pour faire fondre la neige.
D’après Gor Mack Diouf, avec ce projet, le Sénégal bénéficiera d'une eau potable et d'une alimentation très riche, avec toutes les qualités de cette catégorie d’eau. Ces quatre usines seront accompagnées, poursuit-il, de trois hôpitaux de luxe (avec chacun un hélicoptère), 57 postes de santé, 250 km de routes bétonnées sur 10 m de large, pour faciliter l'ensemble des déplacements des paysans, surtout pour vendre leurs récoltes.
Les partenaires allemands et l’équation du financement
Toutefois, bien que ce projet, avec toutes ses composantes, fasse rêver plusieurs parties du pays, rien n’est encore fait, 17 ans après.
En effet, renseigne M. Diouf, ils sont parvenus à trouver des partenaires techniques allemands - les meilleurs dans ce domaine - qui sont prêts à réaliser cette œuvre. Mais le financement reste un problème. Selon lui, il peine à trouver les ressources financières nécessaires à la concrétisation de l'ensemble des volets du projet qui est de l’ordre de 1 500 milliards F CFA.
‘’Depuis 2005, ce projet est à l’état où il est actuellement. Rien n’a bougé. Nous l’avons mis sur pied pour la population, avec tout ce qu’il concerne comme avantages. Mais ça ne bouge pas. Nous avons des partenaires techniques allemands, les meilleurs du genre, pour le construire. Ils nous attendent, depuis lors. Si nous avons demain un financement, nous allons le réaliser, au grand plaisir de cette population. Depuis lors, nous nous battons. On a informé toutes les personnes qui devraient être au courant. Quand Macky Sall était en campagne pour gagner le pays, nous lui avons soumis ce projet. Il avait promis de chercher des financements, si jamais il est élu. Mais toujours rien. Quand il est venu au pouvoir, nous lui avons envoyé des lettres pour lui rappeler, mais sans retour. C’est comme si ce projet ne l’intéresse pas. Ce qui est vraiment dommage’’, se désole M. Diouf.
Il révèle avoir fait le tour de toutes les familles religieuses, le Forum civil et d’autres entités de la société civile, qui ont tous approuvé ce projet. ‘’Je suis sidéré, quand je parle de ce projet. Je perds le contrôle d’ailleurs. Il a fallu des mois pour le mettre sur place. Le voir, par la suite, en profonde léthargie, me laisse sans voix. Je ne comprends rien du tout. Avec ce projet, la question de l’approvisionnement en eau serait définitivement réglée. On n’allait plus parler de pénurie d’eau dans les zones ciblées. Il suffit juste que ceux qui peuvent régler la question financière le fasse pour qu’il voie le jour. On dirait qu’on n’aime pas les esprits féconds dans ce pays. C’est un crime dans ce pays d’avoir de la bonne substance grise. Quand j’ai créé cette association pour ce projet, il a été publié dans le Journal officiel. Pour vous dire combien nous sommes crédibles. Quand j’entends parler de pénurie d’eau, je suis choqué. Je n’arrive pas à comprendre’’, tonne le président de l’Association pour le canal de Lambaye (Ascal).
Il souligne que même la question du foncier est réglée, car les tuyaux seront à une profondeur assez importante, pour ne pas léser les paysans et ou maraîchers.
PROJET ‘’VOLE’’ PAR LA SONES Gor Mack Diouf réclame ses droits d’auteur à la Sones Il faut aussi souligner que Gor Mack Diouf n’est pas au bout de ses peines. En plus de voir son projet végéter, faute de moyens, il assiste ‘’au vol’’ de son projet. ‘’La Sones (Société nationale des eaux du Sénégal) a volé mon projet, en le prenant et en changeant de lieu. Cela, je ne vais jamais le leur pardonner. Quand l’idée d’usine de dessalement a été émise, il y a de cela quelques années, je suis allé voir le directeur d’alors qui m’a dit qu’il n’était pas au courant. Et qu’un tel projet m’appartient. Il avait tout laissé et avait même présenté ses excuses. Mais l’actuel (Charles Fall), lui, a osé mettre sur pied l’usine de dessalement de Ouakam avec les mêmes caractéristiques que j’avais faites. J’ai protégé mon projet. Le Journal officiel est là ; les traces de mes nombreuses lettres à des autorités sont visibles. Je veux qu’il me paye mes droits d’auteur. Je vais continuer à me battre pour obtenir gain de cause. Il est hors de question que je me laisse faire. Il faut respecter la propriété intellectuelle’’, fulmine M. Diouf. Il annonce avoir commis un pool d’avocats, avec à leur tête Me Ciré Clédor Ly, pour défendre ce qui lui revient de droit. Il renseigne avoir aussi écrit à l’ambassadeur du Japon qui a financé le projet de Ouakam, pour leur expliquer que ce projet lui appartient. ‘’J’ai porté plainte contre la Sones et son directeur général. Nos avocats feront le reste. Je ne vais pas accepter qu’on me vole ce projet. Nous avons fait ce qu’on devrait faire, pour que ce projet puisse voir le jour, mais en vain’’. Gor Mack Diouf d’ajouter : ‘’Nous profitons de l’occasion pour demander aux personnes qui pilotent le Forum mondial de l’eau qui se tient actuellement à Dakar de nous aider à trouver un financement. Il faut qu’elles sachent qu’il y a un projet d’un coût de 1 500 milliards F CFA qui dort dans les tiroirs, faute de financement, au moment où Dakar organise une rencontre internationale sur l’eau. Elles doivent être au courant et c’est important. Dans cet ordre d’idées, nous tendons la main à toute personne qui peut nous aider. Nous sommes preneurs à toute aide, sauf les financements occultes. Nous n’avons plus espoir au chef de l’Etat, puisqu’il avait fait une promesse sans suite. Les nombreuses lettres que nous lui avons envoyées sont restées sans suite et, pourtant, elles ont été déchargées.’’ |
CHEIKH THIAM