Pourquoi la Senelec est en crise

Depuis quelques semaines, une détérioration de la qualité de service de la Société nationale d’électricité (Senelec) est constatée avec des délestages en cascade. Hier, c’est un black-out total qui a été constaté entre 17 h et 20 h, engendrant une rupture dans l’approvisionnement de l’électricité. Une situation qu’on pensait derrière nous.
C’est un communiqué lapidaire qui essaie de justifier la situation : ‘’Senelec informe sa clientèle que la fourniture en électricité connaît des perturbations, en raison d’indisponibilité partielle ou totale des centrales IPP de Tobène Power et ContourGlobal.’’ Et d’expliquer que ‘’cette situation est causée par la qualité du combustible reçu pour leur fonctionnement’’. Une situation qui serait ‘’gérée en relation avec le fournisseur’’ et qui devrait connaître ‘’un retour en exploitation normale des centrales concernées’’. Le black-out a duré de 17 h à 20 h.
L’aveu à demi-mot de la Senelec est ‘’faux’’, puisque, nous renseigne-t-on, l’origine du problème se trouverait plutôt à Manantali qui a coupé la liaison avec le Sénégal, en raison des travaux de maintenance effectués sur le réseau. Le relais que devraient assurer les centrales IPP de Tobène Power n’a donc pas fonctionné. Concrètement, cela veut dire que les réseaux du Sénégal qui dispose de centrales éoliennes et solaires ne peuvent pas fonctionner sans Manantali. Dès qu’il y a coupure pour maintenance et que chaque pays est laissé à lui seul, il y a dysfonctionnement. Le Sénégal partage le même calvaire avec la Mauritanie et le Mali. Le problème serait lié à la gestion des réseaux locaux qui devraient assurer une certaine autonomie à la Senelec, même si Manantali fait défaut. Malgré les investissements à coup de centaines de milliards de francs CFA réalisés pour assurer une autonomie en énergie électrique en développant un mix (éolien, solaire, etc.), les problèmes persistent. Qui ne seraient pas liés aux infrastructures en tant que telles, mais au management déployé pour les gérer.
Le dernier black-out avant celui d’hier, qui a eu lieu le 30 juillet 2017, a été géré en moins d’une heure d’horloge, parce que les équipes en place étaient totalement mobilisées pour faire face.
Mais les temps ont bien changé à la Senelec. Des départs en cascade dont celui du secrétaire général Abdoulaye Dia, considéré comme une compétence reconnue de la Senelec, l’ancien directeur des ressources humaines qui avait révolutionné le capital humain, Mohamed El Bachir Sall, Moussa Diagne, ex-Directeur du Transport, Issa Dionne, ex-Directeur des Grands projets, pour ne citer que ceux-là, ont impacté négativement sur le management global de la société. Il s’y ajoute que le directeur général lui-même, Pape Mademba Bitèye, est plus impliqué dans la politique (candidat malheureux aux dernières Locales à Kaolack) que dans la gestion de l’entreprise. D’autres cadres, pas des moindres, pas moins de cinq, se sont retrouvés dans des postures politiques et n’ont plus assez de temps à consacrer à la société, à l’image de leur directeur général.
AMADOU FALL