Publié le 13 Sep 2012 - 22:26
SÉNAT, VICE-PRÉSIDENCE ET CES SUPPRIMÉS

L’Etat fait dans le clair-obscur

Le Sénat, sorti hier de l'armature institutionnelle du pays, pourrait-il revenir sous une autre forme dans un autre temps ? La question reste posée eu égard au discours clair-obscur des autorités, hier à l'Assemblée nationale.

 

 

Sans surprise, le projet de loi portant suppression du Sénat, du poste de vice-président de la République et du Conseil économique et social a été voté à la majorité absolue, hier, par l’Assemblée nationale. Mais, comme on s’y attendait, les débats ont été houleux, voire passionnés. Et c’est le député Moustapha Cissé Lô qui ouvre les hostilités.

 

Le premier vice-président de l’Assemblée a dénoncé les «raisons électoralistes» qui avaient motivé la création du Sénat par l’ancien régime. Ce qui a fini par enlever «toute sa légitimité» à l'institution désormais défunte. Son collègue El Hadji Diouf ira plus loin en parlant de «catastrophe». «Comment une institution dont les 65% des membres sont élus par le président de la République peut-elle voter des lois défavorables ?», s’interroge l’avocat. «Nous sommes dans un pays où on baigne dans une contradiction inouïe. Sans les inondations, Macky Sall allait commettre les mêmes erreurs» en voulant nommer les 55% des sénateurs.

 

La réplique n’a pas tardé de la part de la majorité présidentielle. Tété Diédhiou, prenant la défense du président de la République, s’est demandé pourquoi son collègue député n’avait pas fait les mêmes reproches lorsqu’il était allié avec Abdoulaye Wade dans le pouvoir. En tout cas, Aïda Mbodj, du groupe des Démocrates et libéraux, pense que les raisons invoquées pour supprimer le Sénat ne tiennent pas la route. «Macky Sall était sûr de perdre les sénatoriales en maintenant le scrutin. Nous avons plus de conseillers», dit le maire de Bambey.

 

Sa collègue Sokhna Dieng, elle, a dénoncé le «mauvais procès» qui est fait à ses anciens collègues sénateurs. Consciente d’avoir «rempli sa mission», l’épouse du marabout Modou Kara pense qu’«il ne faut pas jeter le bébé et l’eau du bain». Pour elle, les 4 milliards économisés avec la suppression de l'institution ne suffisent pas pour résoudre le problème des inondations. C’est pourquoi Djibo Kâ propose que le Sénat soit restauré ultérieurement mais sous «une autre forme». Refus catégorique de Mously Diakhaté. La député demeure convaincue que le Sénat «n’est d’aucune utilité» et que son budget pourrait servir à financer les maîtres des Daaras.

 

Audit sur 6 milliards alloués au vice-président

 

Mais la polémique est surtout entretenue par le rapport de la commission des lois qui, rapportant les propos du Garde des seaux, Mimi Touré, écrit : «Madame le ministre accepte que dans le meilleur des mondes pour le Sénégal, le Sénat serait utile.» Interpellée en marge de la séance, Mme Touré nuance : «Aujourd’hui, il était question de supprimer le Sénat, c’est fait». En tout cas, Mously Diakhaté se veut claire : «Si on me soumet encore ce projet de loi, je le rejette encore.» Le député Imam Mbaye Niang a révélé que 2 milliards étaient alloués chaque année au vice-président dont le poste n’a jamais été pourvu. Ce dernier a demandé au ministre de la Justice de faire la lumière sur la destination de ce budget voté pendant trois ans. A la fin du premier des débats, le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, a dû user de ses prérogatives pour faire appliquer les textes. Car, Modou Diagne Fada, président du groupe Démocrates et libéraux, qui voulait un second tour, s'est vu opposer un niet catégorique.

 

SORT DES TRAVAILLEURS DU SÉNAT

 

Une commission pour régler la question

 

La situation des travailleurs du Sénat a été soulevée hier au cours de la plénière. Répondant aux préoccupations du député Samba Bathily, le ministre de la Justice, Aminata Touré, a informé avoir reçu les travailleurs et a annoncé la mise en place d'une commission ad hoc.

 

Selon elle, les fonctionnaires qui y étaient affectés seront redéployés dans l’administration. Pour les autres, la commission va en décider. D’ailleurs, on nous apprend que ces travailleurs ont été reçus par le président de la République, hier.

 

 

DAOUDA GBAYA

 

 

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