''Concernant Thierno Bocoum et Mouhamed Touré, je n’ai pas assez d’éléments pour retenir leur culpabilité donc je m’en remets à la sagesse du tribunal. En revanche, pour Boubacar Samb et Badara Gadiaga, c’est constant qu’ils étaient sur les lieux ... Je requiers deux ans ferme''. Tel a été le réquisitoire du substitut du procureur Bassirou Ndiaye qui s’est fondé sur les déclarations du principal témoin oculaire et du proviseur du Lycée.

Celui-ci a soutenu que l’incendie durant lequel 11 tables-bancs ont été brûlées, est l’œuvre d’individus qu’il ne saurait identifier. Les seules preuves qu’il a trouvées sur place, c’est un sac appartenant à Boubacar Samb ainsi que deux petites bouteilles qui contenaient de l’essence. Cependant, pour le témoin oculaire, Serigne Mbacké Fall, parmi les pyromanes, il y avait Badara Gadiaga, accompagné de trois autres personnes. ''Ils ont garé leur véhicule de marque Mercedez. Ils sont descendus et ont regardé autour d’eux pour voir si quelqu’un les regardait'', a déclaré le tailleur qui a précisé avoir regardé la scène depuis son atelier. Et d’ajouter : ''J’ai vu Gadiaga sortir une bouteille de Kirène de 10 litres contenant de l’essence. Il a escaladé le mur de l’école et un autre lui a tendu la bouteille''. Selon ses dires, Gadiaga est ressorti 15 minutes après au moment où il a vu les flammes. Une version battue en brèche par les déclarations des prévenus. Gadiaga a expliqué sa présence sur les lieux du fait d’un détour parce qu’il se rendait à Guédiawaye et qu’il y avait des échauffourées.

Toutefois, il a laissé entendre que c’est fortuitement qu’il a croisé Boubacar Samb qui lui a jeté son sac en courant. Celui-ci a déclaré pour sa part qu’il est venu au lycée pour aider ses anciens camarades. ''J’y étais depuis 8 heures mais à un moment, les élèves nous ont demandé de sortir pour aller déloger les écoles privées. Alors, j’ai décidé de les suivre car les mouvements me manquaient'', a confessé l’étudiant avant de conclure : ''Comment je peux mettre le feu à une école qui m’a donné le savoir''. Thierno Bocoum et son garde du corps ont également contesté les faits. ''J’ai déposé Badara Gadiaga à la police de Golf où il devait faire une déclaration de perte de son véhicule et les policiers nous ont mis dans le violon'', ont-ils expliqué. Toutes choses qui font que la défense a estimé que tous les prévenus doivent être libérés tout simplement.

Leur tort, ont affirmé Mes Massokhna Kane, Abdou Kane et Mbaye Jacques Ndiaye, ''c’est d’être militants d’un parti politique''. Pour Mes Aly Fall et Baba Diop, il se pose un problème d’imputabilité des faits. ''C’est troublant qu’ils soient ici jugés car si les deux infractions combinées sont établies, c’est la Cour d’assises qui est compétente.'', a ajouté Me Fall. Le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour aujourd’hui. A l’image du parquet, il a rejeté la demande de liberté provisoire formulée par la défense.

FATOU SY