L’Assemblée nationale et le gouvernement jouent sur la carte de la transparence
Rendre transparente la répartition équitable des recettes issues du pétrole et du gaz du Sénégal, c’est l’objectif que s’est fixé les première et deuxième institutions du pays.
Depuis l’annonce des découvertes de pétrole et de gaz, au large de nos côtes, le gouvernement du Sénégal s’était donné comme objectif de communiquer de manière objective et transparente sur la question. C’est ainsi que le ministre du Pétrole et des Énergies renouvelables a mené un sondage national sur un échantillon représentatif de la population sénégalaise et des enquêtes d’opinion très poussées auprès des communautés des zones d’emprise des projets, des différentes parties prenantes, qu’elles soient du côté gouvernemental, de la société civile ou des compagnies partenaires. L’objectif de cette enquête, selon Sophie Gladima, était de connaitre la perception que les populations ont sur les projets pétroliers et gaziers, et de la manière dont elles souhaiteraient que les revenus tirés de cette exploitation soient utilisés.
Hier, elle a présidé un atelier d’information et de partage avec les honorables députés de la Commission énergie et ressources minérales autour du secteur de l’énergie. C’est à partir des résultats de cette étude, dit-elle, qu’il a été élaboré la stratégie de communication dont l’objectif global est de susciter l’engagement des Sénégalais et des parties prenantes dans la gestion durable des projets pétroliers et gaziers.
En à croire la ministre, depuis 2020, son département est en train de dérouler cette stratégie à travers plusieurs canaux et supports, que ce soit la tenue de comités régionaux de développement, des émissions radio et télé, des séminaires et ateliers, des rencontres avec des groupes cibles comme la presse, les institutions, des leaders d’opinion, la production de capsules didactiques, de chroniques, etc.
La rencontre d’hier, déclare la ministre, est la deuxième qui a été tenue avec les honorables parlementaires. L’objectif est d’instaurer un débat public national serein sur la gouvernance du pétrole et du gaz, à travers des cadres de concertation et de dialogue, des plaidoyers, etc., pour donner la bonne information aux différents publics. ‘’L’année 2023 est une année charnière, puisque le premier baril de pétrole du gisement de Sangomar, opéré par Woodside avec des réserves estimées à environ 630 millions de barils, est attendu dans le dernier trimestre avec une projection de 100 mille barils par jour, lors de la première phase. En ce qui concerne le projet GTA (Grand Tortue Ahmeyim), situé à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, dont le développement est assuré par BP, il produira 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an, lors de sa première phase et le premier mètre cube est attendu aussi au dernier trimestre de l’année’’.
La ministre de poursuivre : ‘’Le Sénégal attend de ces deux projets d’importantes ressources financières. Mais pour le gouvernement, le plus important n'est pas l’argent frais attendu de ces projets. Il y a mieux, c’est le contenu local. Les enjeux socioéconomiques de ces ressources sont donc importants et interpellent les différentes parties prenantes au premier rang desquelles l’Assemblée nationale, représentante légitime du peuple, qui a un droit de regard sur la gestion, la bonne gouvernance et à la transparence durant toute la période d’exploitation des différents projets.’’
‘’Ces contrats assurent au Sénégal des parts comprises entre 50 et 64 % des bénéfices qui seront réalisés’’
Ainsi, Sophie Gladima a réaffirmé que le gouvernement de Macky Sall travaille à préserver les intérêts du peuple sénégalais dans le cadre des contrats qui le lient aux différentes compagnies étrangères qui opèrent dans notre pays. À l’heure actuelle, précise-t-elle, tous les contrats signés par le Sénégal sont en ligne et peuvent être consultés par tous ceux qui le désirent et ces contrats assurent au Sénégal des parts comprises entre 50 et 64 % des bénéfices qui seront réalisés dans le cadre des projets en cours.
En outre, la ministre a confié que l’atelier d’hier confirme, s’il en est encore besoin, la volonté et l’engagement maintes fois exprimés du gouvernement d’assurer, en toute transparence et responsabilité, une gestion rigoureuse, inclusive et durable des ressources pétrolières et gazières. Cet engagement reste un marqueur de la gouvernance du secteur du pétrole et du gaz avant même les découvertes d’hydrocarbures avec l’adhésion volontaire du Sénégal, en 2013, à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE).
Après la découverte des premiers gisements d’hydrocarbures, le pays a entrepris un renforcement de son dispositif législatif et réglementaire pour un meilleur encadrement de la gestion de ses ressources. ‘’C’est ainsi que la Constitution de 2016 dispose en son article 25 que «les ressources naturelles appartiennent au peuple. Elles sont utilisées pour l’amélioration de ses conditions de vie. L’exploitation et la gestion des ressources naturelles doivent se faire dans la transparence et de façon à générer une croissance économique, à promouvoir le bien-être de la population en général et à être écologiquement durables». Pour matérialiser cet engagement, le président Macky Sall a créé le Cos-Petrogaz élargi à la société civile et à l’opposition, dans un souci permanent d’avoir une approche inclusive ne laissant personne sur le bord de la route’’.
‘’Au plan législatif, poursuit la ministre, il y a eu la réforme du Code pétrolier, le Code gazier, le vote de plusieurs lois, notamment celles portant sur le contenu local et la répartition des revenus pétroliers, sans oublier plusieurs concertations tenues pour poser le débat au niveau citoyen. Dans le sous-secteur de l’électricité, notre pays a réalisé d’importants progrès depuis 2012, grâce à la vision du président qui a consacré le mix énergétique avec une diversification des sources de production. Les importants investissements consentis à cet effet ont permis de relever le taux d’accès à l’électricité à 96 % au niveau urbain et à 58,2 % au niveau rural’’.
Ainsi, l’ambition est de réaliser l’accès universel en 2025, annonce Sophie Gladima. Des améliorations sont encore attendues avec la mise en œuvre prochaine de la stratégie ‘’gas to power’’ qui permettra de générer de l’électricité en utilisant le gaz domestique issu des projets ‘’Yakaar Teranga’’ et GTA, avec comme conséquence une baisse du coût des facteurs de production et une plus grande disponibilité de l’électricité. ‘’Je dois signaler aussi que dans le domaine des énergies renouvelables, notre pays a fait de grands pas. Trente pour cent de notre production proviennent du solaire, de l’hydro-électricité et de l’éolienne. Dans ce contexte largement prometteur, il est important de faire l’état des lieux de nos projets pétroliers et gaziers, mais également de mettre un focus sur les actions et les projections envisagées par l’Etat pour satisfaire la demande et faire bénéficier aux Sénégalais des retombées des activités issues du secteur des énergies’’, soutient la ministre.
‘’Apporter aux députés des réponses précises sur la situation actuelle des projets pétroliers et gaziers’’
Prenant la parole, le président de la Commission énergies et ressources minérales à l'Assemblée nationale a déclaré que la représentation nationale et le gouvernement doivent nécessairement asseoir une bonne coordination en vue de fédérer les initiatives pour un développement harmonieux de ce secteur porteur. Cette dynamique, selon Abass Fall, s’est d’ailleurs bien enclenchée, au regard de l’organisation de cet atelier qui s’inscrit dans le cadre d’informer l’Assemblée nationale, à travers la commission, afin de lui permettre d’exercer pleinement sa mission de contrôle et d’évaluation des politiques publiques du gouvernement.
‘’Je suis convaincu que cet atelier apportera aux députés des réponses précises sur la situation actuelle des projets pétroliers et gaziers, tout en faisant également le point sur les projets et programmes phares du secteur énergétique, dont la compréhension pourrait les aider à mieux contribuer au panier de réflexions déjà engagées. Le Sénégal est en passe de devenir un producteur de pétrole et de gaz avec la découverte de trois gisements de grande échelle que sont le champ pétrolifère de Sangomar, les gisements de gaz naturel de Grand Tortue Ahmeyim (GTA) ainsi que Yakaar-Teranga’’.
‘’L’Assemblée nationale, en tant que représentante légitime du peuple, doit veiller au respect scrupuleux de la réglementation en vigueur, afin de relever les défis liés à la bonne gouvernance et aux exigences de transparence dans l’exploitation et la redistribution des revenus attendus. Aujourd’hui, vous conviendrez avec moi qu’il est donc important que le mode de gouvernance de ces ressources soit transparent, favorisant dès lors la croissance économique et le bien-être des populations’’, a indiqué l’honorable député.
À ce titre, en tant que parlementaire, il a salué vivement l’adoption de la loi sur la répartition des revenus issus de l’exploitation pétrolière et gazière qui, à coup sûr, permettra le Sénégal de relever de manière significative son budget, tout en faisant la part belle aux générations futures.
Il est d’avis qu’à la fin des travaux de cet atelier de partage et d’information, des recommandations fortes seront formulées à l’endroit du gouvernement pour garantir une meilleure répartition équitable des recettes issues du pétrole et du gaz, et qu’une collaboration fructueuse pourra être nouée pour asseoir un dialogue interactif sincère entre le ministère et la commission aux fins de contribuer efficacement à la vulgarisation des projets et programmes pilotés par son département.
CHEIKH THIAM