“Idrissa Seck n’a jamais été dans des deals...”
Mariama Dieng, responsable politique de Rewmi à Keur Massar et cinquième vice-présidente du parti Rewmi, revient pour “EnQuête” sur toutes les questions qui font l’actualité marquée par les tensions politiques, la place de Rewmi dans l’opposition, le bilan de leur compagnonnage avec Macky Sall et la participation au dialogue initié par Macky Sall. D'après l’ingénieure diplômée en microbiologie-biosécurité, le leader de Rewmi est l’homme politique sénégalais le plus à même d'œuvrer à la paix et à la concorde dans notre pays.
Comment jugez-vous le départ des ministres de Rewmi du gouvernement et la fin de votre compagnonnage avec Macky Sall ?
Les deux ministres, frères de parti Aly Saleh Diop et Yankhoba Diatara, choisis par le président Idrissa Seck que je félicite pour leur compréhension de l’action gouvernementale, le travail de qualité à la grande satisfaction des acteurs des départements des Sports et de l’Élevage. L'un presque inconnu du grand public, ils ont marqué leur passage.
Ce qui prouve encore la qualité des ressources humaines dans notre parti et le choix judicieux du président Idrissa Seck sur les hommes et femmes capables de bien travailler pour les intérêts vitaux de notre pays. Le président Idrissa Seck est un homme politique qui met le Sénégal et ses intérêts au premier plan. Ce qui justifie ses positions et ses alliances. Il faut y ajouter mon retrait du groupe parlementaire BBY et la démission du président Idrissa Seck du Cese. Cette décision du président a montré aux yeux de tous qu’il n’y avait aucun deal, aucune compromission dans ce compagnonnage qui était pour l’intérêt exclusif de la paix, la stabilité sociopolitique du Sénégal.
Votre leader a déclaré sa candidature pour la Présidentielle 2024, après trois ans de compagnonnage avec Macky Sall. N'avez-vous pas peur de manquer de cohérence auprès des électeurs ?
Je ne reviens pas sur les raisons qui avaient poussé notre formation politique à rejoindre le gouvernement du président de la République dans l’objectif d’éviter à notre pays une instabilité institutionnelle. Après la tempête de la situation économique mondiale causée par la Covid-19 occasionnant la prise du pouvoir par les militaires dans la majorité des pays ouest-africains, il faut magnifier la clairvoyance de notre leader politique le président Idrissa Seck. Seuls les ‘’calculateurs’’ politiques choisissent de préserver leur image politique au détriment de l’appel de la République. Idrissa Seck ne cesse de rappeler que devant un incendie, on ne se soucie guère de la qualité de l’eau pour éteindre le feu.
J’ai vu beaucoup de Sénégalais qui étaient très critiques envers Idrissa Seck lui témoigner de leur reconnaissance pour avoir mis le Sénégal au-dessus de ses propres intérêts politiques. Idrissa Seck est l’un des rares leaders politiques du pays, sinon le seul, à oser prendre des décisions impopulaires et les assumer pour l’intérêt de ses concitoyens. Vous êtes tous d’accord avec moi qu’il était plus simple de rester dans l’opposition et garder intacte notre image aux yeux des Sénégalais. Cette zone de confort a été jusque-là choisie par les autres leaders qui pourtant profèrent des critiques et insanités à notre leader le président Idrissa Seck.
Maintenant, à l’approche des prochaines échéances électorales, je pense qu’on peut lui reconnaître le droit, après son sacrifice pour le pays, d’aller à la rencontre des Sénégalais pour solliciter leur confiance. Je ne vois aucune incohérence à servir son pays dans des moments difficiles pour ensuite aller demander leur confiance à continuer le travail enclenché. Idrissa Seck incarne, à tout point de vue le candidat de la paix sociale et de la stabilité. Nous travaillons inlassablement à renforcer la force politique autour de notre candidat, comme je l’ai dit plus haut, qui ne souffre d’aucune ambiguïté.
Pensez-vous avoir commis une erreur en rejoignant la majorité présidentielle en 2020 ?
Nous avons rejoint la majorité présidentielle par pure nécessité vitale, sociale, sanitaire et sécuritaire. Les explications fournies par notre leader Idrissa Seck sont assez édifiantes, même si certains Sénégalais avaient manifesté une incompréhension face à cette décision. En homme d’État averti, il avait apprécié la situation préoccupante de la sous-région ouest-africaine avec tous les risques susceptibles d’être accélérés par l’impact de la Covid-19. À cela s’ajoute la situation sociale et économique difficile du pays qui émane directement d’une inflation au niveau mondial. Je qualifie alors l’entrée du président Idrissa Seck dans le gouvernement de Macky Sall d’un don de soi pour l’intérêt supérieur de la nation. Comme le temps reste le meilleur juge, nous avons vécu les situations de turbulences et de coups d’État survenues dans presque tous les pays frontaliers du Sénégal. Cette situation actuelle de la sous-région ouest-africaine montre à suffisance qu’Idrissa Seck a fait un des sacrifices les plus nobles pour son pour la stabilité, la paix et la concorde de son pays au prix d’essuyer des critiques et insanités non-fondés.
Yankhoba Diatara a été démis de ses fonctions de deuxième vice-président de Rewmi. Cette décision est-elle une sanction pour fustiger sa proximité avec Macky Sall ?
Mon grand frère Yankhoba Diatara est un fils et fidèle du président Idrissa Seck de 2004 à nos jours, pour ne pas dire du PDS à nos jours. Même si c'est vrai que beaucoup ont profité ou bénéficié de la performante plateforme de Rewmi pour se faire connaître des Sénégalais, mais lui comme beaucoup d'autres et la plupart du temps inconnus du grand public sont restés droits dans leurs boîtes et n'ont qu'une seule ambition : produire le maximum de bienfaits à côté du président Idrissa Seck.
Les textes de notre parti donnent au président les prérogatives de nommer aux postes politiques. Par respect à ce principe, je ne commente pas les décisions de nomination du président. Maintenant, pour le cas d’espèce, la discipline de parti nous impose de ne pas soustraire notre propre opinion ou position à celle du parti sur des questions d’importance nationale.
Je rappelle qu’en politique, il y a une chose qu'on appelle le ‘’jeu de la chaise musicale’’. L’attitude du ministre Yankhoba Diatara à démissionner du gouvernement témoigne d’une relation très solide entre les deux hommes. Je rappelle que devant une même situation, d’aucuns avaient pris la décision de tourner le dos au parti en restant dans le gouvernement. Monsieur Diatara avait, comme ceux que je viens de citer, le choix de suivre la décision du parti ou de rester dans le gouvernement. Il a démontré avec élégance sa fidélité au président Idrissa Seck et aux nombreux militants du parti qui le soutiennent. Sur sa supposée proximité avec le président Macky Sall, je dirais qu’est-ce qu’il est de plus normal d’avoir une proximité avec son employeur, de surcroît le président de la République, dans un contexte où il faisait office lui-même de chef du gouvernement.
Vous avez décidé de quitter le groupe parlementaire BBY. Ne risquez-vous pas de perdre votre mandat à l'instar de la députée Aminata Touré ?
Je suis élue députée grâce au choix d'un homme qui met en avant l'intérêt vital du Sénégal dans toutes ses actions politiques, le président Idrissa Seck. Aucune crainte de perdre mon mandat, car dans mon parti Rewmi, dans la commune de Malika du département de Keur Massar et au sein de ma communauté layenne, servir les populations restera un sacerdoce, un mandat de toute une vie, à l’exemple du président Idrissa Seck. Donc, être députée, pour moi, est l'une des missions les plus nobles, car cela fait partie de l'un des postes politiques issues de la volonté du peuple. Nous sommes des représentants du peuple, même si nous avons été investis par des partis ou coalitions de partis politiques. On porte la voix de personnes avec qui nous nous réveillons tous les jours et vivons les mêmes réalités.
Sur le plan juridique, l’article 60 de la Constitution du Sénégal dispose ce qui suit : ‘’Tout député qui démissionne de son parti en cours de législature est automatiquement déchu de son mandat. Il est remplacé dans les conditions déterminées par une loi organique.’’ Donc, la question ne se pose pas d’autant plus que j’ai été investie sur la liste de BBY par le parti Rewmi auquel j’appartiens jusqu’au moment où je vous parle.
Votre leader s'est autoproclamé chef de l'opposition. Ne risque-t-il pas de se mettre à dos une partie de l’opposition ?
C’est un argumentaire très logique, car se basant sur les résultats issus de la dernière élection présidentielle. Celui qui vient après le président élu est le chef de l’opposition, car ayant été ainsi sanctionné par les Sénégalais. Alors, je pense que le président Idrissa Seck est dans son droit le plus absolu de rappeler ce que les Sénégalais lui ont donné à travers leurs suffrages de février 2019. Donc, il ne s’est pas autoproclamé chef de l’opposition, mais il a juste rappelé le principe fondamental. Celui qui vient après le président élu est et reste chef de l’opposition jusqu’à la prochaine élection présidentielle.
Alors, n'en déplaise à certains, mais les faits sont têtus. Nous sommes focus sur 2024, car notre candidature ne souffre d’aucune pathologie et nous appelons ainsi les Sénégalais à faire le meilleur choix au vu des défis qui attendent notre pays.
Idrissa Seck a clairement indiqué qu’il ne s'engagerait pas dans le débat contre un éventuel troisième mandat de Macky Sall qu’il conteste. En faisant cela, est-ce qu'il ne valide pas en quelque sorte cette troisième candidature ?
Idrissa Seck n’a jamais été dans des deals. Le parti Rewmi travaille pour faire élire Idrissa Seck à la tête de ce pays. Donc, comment pouvez-vous imaginer qu’on puisse cautionner une candidature de Macky Sall en sous-main ? Si nous étions dans cette dynamique, ça aurait été plus facile de rester dans la mouvance présidentielle et de travailler à ses côtés. Vous devez savoir qu’en 2012, on avait engagé la bataille constitutionnelle contre le régime en place. Cette question nous a empêchés de faire campagne. Les Sénégalais, lors du scrutin, nous ont fait savoir que leur choix leur appartenait et ils ont recalé Abdoulaye Wade. Chacun a le droit de déposer auprès du Conseil constitutionnel.
Néanmoins, si le président Sall est candidat et qu’il passe le filtre du Conseil constitutionnel, le dernier ressort revient toujours au peuple.
Le parti Rewmi va-t-il participer au dialogue national que souhaite initier le président Macky Sall ?
Oui, c'est une évidence. D'abord, se serait conforme à la démarche de notre parti Rewmi toujours à la recherche de bienfaits pour l'intérêt vital de la nation. Ensuite, le dialogue est la source de stabilité naturelle dans toute démocratie, car il permet un échange sur les points de divergence et de convergence qui concernent les intérêts de la population.
Pour rappel, c'est parce qu’il y a eu dialogue qu'aujourd’hui un candidat tête de liste peut être élu maire. Donc, un dialogue franc et désintéressé est gage de stabilité et de paix sociale.
Amadou Fall