Des défis, malgré les performances
En prélude à la 70e Conférence régionale de l’Association des aéroports africains (ACI Afrique), les autorités aéroportuaires ont fait face à la presse, hier, pour revenir sur les enjeux et les défis de ce secteur.
Le Sénégal prépare activement la 70e Conférence régionale de l’African Council International (ACI) Afrique qui regroupe les gestionnaires d’aéroport dans le continent. En prélude à cette importante rencontre, les autorités aéroportuaires du Sénégal ont fait face, hier, à la presse pour revenir sur les défis et les enjeux du secteur. Parmi ces défis, il y a le projet de bâtir un véritable hub aérien dans la capitale sénégalaise. L’un des objectifs phares de ce hub, c’était d’accueillir cinq millions de passagers dès l’horizon 2025 ; 10 millions à l’horizon 2035.
Selon nombre de spécialistes, cette mission est quasi impossible. Mais le directeur général de Limak-AIBD-Summa (Las), gestionnaire de l’aéroport international Blaise Diagne et hôte de la rencontre, se veut encore optimiste. Il explique : ‘’Vous savez, en 2017, à l’ouverture de cet aéroport, on était à 2 100 000 passagers. Aujourd’hui, à la cinquième année, on parle de 3 millions de passagers, malgré la crise Covid que nous avons tous connue. S’il n’y avait pas cette crise, on serait dans les 3,5 millions à 4 millions de passagers. L’objectif de 5 millions peut donc paraître difficile, mais il reste réalisable.’’
À entendre le DG Askin Demir, le Sénégal a de nombreux atouts à faire valoir dans ce secteur très concurrentiel. En sus de son positionnement géographique, le pays a aussi la chance d’être une destination prisée pour la tenue de nombreuses rencontres internationales.
Selon lui, avec les investissements en cours, il est bien possible d’espérer. Mais encore faudrait-il compter sur une compagnie nationale forte.
D’après les statistiques rendues publiques, il y a quelques jours, par l’Agence nationale de l’aviation et de la météorologie, les compagnies de droit sénégalais, Air Sénégal, Transair et Arc en ciel (vols à la demande), jouent un rôle important dans le développement de la plateforme aéroportuaire. À leur tête, il y a surtout la compagnie nationale Air Sénégal qui se taille l’essentiel des parts de marché des compagnies battant pavillon sénégalais. ‘’Elles (les compagnies de droit sénégalais) maintiennent leur part de marché observée au premier trimestre, soit 25 % du trafic passager, 15 % du fret et plus de 33 % des mouvements. Air Sénégal assure l’essentiel de ces parts de marché sur la plateforme’’.
Ces compagnies ont donc profité de l’embellie notée cette année après une période marquée par les conséquences néfastes de la pandémie à coronavirus. Pour la première fois depuis la crise, toutes les activités de transport aérien ont retrouvé leur niveau d’avant Covid. ‘’Le premier semestre 2023 a enregistré une hausse du trafic passager de 18 % par rapport à la même période de l’année 2022, avec 1 393 093 passagers contre 1 185 452, excédant ainsi de 19 % le trafic de 2019 sur la période considérée. La quantité de fret transporté au 1er semestre 2023 est de 19 696 t contre 18 786 t en 2022 à la même période, soit une hausse de 5 %. Ce volume de fret dépasse de 3 % celui traité avant la crise…’’, note-t-on dans le rapport de l’Anacim.
Les mêmes tendances ont été enregistrées en ce qui concerne le nombre de mouvements d’avions, avec 13 725 vols enregistrés contre 12 833 vols à la première moitié de l’année 2022, soit une hausse de 7 % observée, soit presque 99 % du nombre de mouvements d’avions enregistrés en 2019.
À ce rythme, l’on peut aisément craindre une saturation de l’aéroport dans un horizon très proche, si l’on sait qu’il a été paramétré pour trois millions de passagers. Le DG de Las rassure : ‘’Actuellement, il est très facile de faire quatre millions de passagers, mais il faudra continuer les travaux et les investissements.’’
La conférence de presse a été tenue en prélude à la 70e Conférence régionale de l’ACI-Afrique prévue à Dakar du 14 au 20 octobre autour du thème ‘’La résilience par l’innovation’’.
De l’avis du secrétaire général du ministère des Transports aériens, il est impératif d'assurer la résilience des aéroports face aux chocs exogènes, notamment à travers les moyens technologiques. Serigne Ahmadou Bamba Sy : ‘’Il s’agira, en particulier, de réduire la dépendance de nos aéroports face aux facteurs externes et de les protéger davantage face à des chocs exogènes, comme ce fut le cas lors de la dernière pandémie mondiale qui avait entrainé des perturbations majeures, mettant en évidence la nécessité de redéfinir de nouvelles approches pour faire face à de telles crises.’’