Les effrayants chiffres du sida dans le monde
Le rapport mondial sur le sida a été publié, hier. La maladie continue de tuer par milliers, alors que les financements nécessaires à la lutte contre la maladie diminuent de manière drastique. Les révélations du rapport 2022 de l’Onusida sont préoccupantes.
À chaque veille de célébration de la Journée mondiale de lutte contre le sida prévue le 1er décembre, l’Onusida publie un rapport de l’année précédente. Hier, la directrice régionale pour l’Afrique de l’Ouest par intérim a fait face à la presse. Selon Hélène Badini, au niveau mondial, 39 millions de personnes vivaient avec le VIH en 2022, contre 1,3 million de personnes qui ont été infectées au VIH. L’année dernière, 630 000 personnes sont mortes de maladies liées au sida.
Selon toujours ses chiffres, 29,8 millions de personnes avaient accès à une thérapie antirétrovirale, en fin décembre 2022, contre 7,7 millions en 2010. Plus spécifiquement, 77 % des adultes âgés de 15 ans et plus avaient accès à un traitement, contre seulement 57 % des enfants âgés de 0 à 14 ans. Les statistiques révèlent aussi que 82 % des femmes âgées de 15 ans et plus avaient accès au traitement. Un pourcentage qui baissait pour les hommes âgés de 15 ans et plus (72 %).
Dans le même temps, on apprend que 82 % des femmes enceintes vivant avec le VIH ont eu accès à des médicaments antirétroviraux pour prévenir la transmission du VIH à leur enfant. Dans le même temps, plus de 9,2 millions de personnes vivant avec le VIH n'ont pas eu accès à un traitement antirétroviral.
Depuis le début de l'épidémie, 85,6 millions de personnes ont été infectées par le VIH et 40,4 millions de personnes sont mortes de maladies liées au sida.
En 2022, sur les 39 millions qui vivaient avec le VIH, les 37,5 millions étaient des adultes (15 ans ou plus), le million 500 mille était des enfants (0-14 ans). Selon le rapport, 53 % des personnes vivant avec le VIH sont des femmes et des filles, et que 86 % de toutes les personnes vivant avec le VIH connaissaient leur statut sérologique en 2022.
‘’Le fort taux d’adolescents qui ont été infectés s’explique par le fait que nous nous étions concentrés sur les adultes et on les avait laissés en rade. Une chose qui nous a rattrapés. Maintenant, il faut qu’on change la donne, à travers une bonne sensibilisation’’, renseigne Hélène Badini.
Chaque semaine, 4 000 adolescentes et jeunes femmes ont été infectées dans le monde
S’agissant des nouvelles infections au VIH, elles ont été réduites de 59 %, depuis le pic de 1995, apprend le rapport. Ainsi, en 2022, 1,3 million de personnes ont été nouvellement infectées par le VIH, contre 3,2 millions en 1995. Les femmes et les jeunes filles représentent 46 % de l'ensemble des nouvelles infections en 2022. Depuis 2010, révèle Hélène Badini, les nouvelles infections au VIH ont diminué de 38 %, passant de 2,1 millions à 1,3 million en 2022.
‘’Depuis 2010, les nouvelles infections au VIH chez les enfants ont diminué de 58 %, passant de 310 000 en 2010 à 130 000 en 2022. Les décès liés au sida ont été réduits de 69 %, depuis le pic de 2004, et de 51 % depuis 2010. En 2022, environ 630 000 personnes sont mortes de maladies liées au sida dans le monde, contre 2 millions en 2004 et 1,3 million en 2010. Depuis 2010, la mortalité liée au sida a diminué de 55 % chez les femmes et les filles, et de 47 % chez les hommes et les garçons. Pour les femmes et les jeunes filles, dans le monde, 46 % des nouvelles infections au VIH concerneront des femmes et des filles en 2022. En Afrique subsaharienne, les adolescentes et les jeunes femmes représentaient plus de 77 % des nouvelles infections chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans en 2022’’, renseigne Mme Badini.
En Afrique subsaharienne, poursuit-elle, les adolescentes et les jeunes femmes (âgées de 15 à 24 ans) étaient trois fois plus susceptibles de contracter le VIH que leurs pairs masculins en 2022. Chaque semaine, 4 000 adolescentes et jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans ont été infectées par le VIH dans le monde en 2022 ; 3 100 de ces infections ont eu lieu en Afrique subsaharienne. On apprend aussi que seuls 42 % des districts à forte incidence du VIH en Afrique subsaharienne disposaient de programmes de prévention du VIH destinés aux adolescentes et aux jeunes femmes.
En outre, elle a laissé entendre que la prévalence médiane du VIH parmi la population adulte (âgée de 15 à 49 ans) était de 0,7 %. Toutefois, cette prévalence médiane était plus élevée parmi les populations clés : 2,5 % chez les travailleurs du sexe 7,5 % chez les homosexuels et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ; 5,0 % chez les personnes qui s'injectent des drogues ; 10,3 % chez les personnes transgenres ; 1,4 % parmi les personnes incarcérées.
En 2022, 86 % des personnes vivant avec le VIH connaissaient leur statut sérologique. Parmi elles, 89 % accédaient à un traitement. Et parmi ces personnes, 93 % ont bénéficié d'une suppression virale.
Baisse des financements et sensibilisation des nouvelles cibles
Concernant le financement, un total de 20,8 milliards de dollars (en dollars constants de 2019) était disponible pour les programmes de lutte contre le VIH dans les pays à revenu faible et intermédiaire en 2022, soit 2,6 % de moins qu'en 2021 et bien moins que les 29,3 milliards de dollars nécessaires, d'ici à 2025. ‘’Environ 60 % des ressources disponibles en 2022 proviendront de sources nationales, contre environ 50 % en 2010. La réduction des ressources disponibles pour le VIH en 2022 est due à la baisse des financements internationaux et nationaux. Les 8,3 milliards de dollars de financement externe pour le VIH en 2022 sont inférieurs de 3 % à ceux de 2021. Dans le même temps, les financements nationaux diminuent. Le financement bilatéral du gouvernement des États-Unis a constitué 58 % de l'ensemble de l'aide internationale pour le VIH, tandis que les décaissements du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ont représenté environ 29 %. D'autres donateurs internationaux ont apporté le reste, mais cette part a considérablement diminué, passant d'environ 3 milliards de dollars en 2010 à 1,2 milliard de dollars en 2022, soit une baisse de 61 %. En 2022, le déficit de financement des programmes de prévention du VIH parmi les populations clés est estimé à 90 % du financement nécessaire d'ici à 2025’’, renseigne la directrice régionale pour l’Afrique de l’Ouest.
Cette année, le thème est ‘’Pour mettre fin au sida, confions le leadership aux communautés’’. Selon Hélène Badini, ils ont compris que la meilleure façon de renverser la tendance, c’est d’impliquer davantage les communautés et à tous les niveaux. C’est dans ce cadre qu’il y a des programmes qui sont en train d’être ficelés et, au premier degré, les étudiants qui sont dans les établissements sanitaires, mais aussi des écoles de journalisme pour mieux toucher leurs cibles, histoire de réussir le pari d’éliminer le sida d’ici 2030.
CHEIKH THIAM