Publié le 25 Jan 2024 - 15:20
PRÉSIDENTIELLE 2024

L’énigme PDS !

 

C’est l’heure des tractations. Jusque-là, tous les yeux étaient rivés sur l’électorat de l’ex-Pastef. Depuis la décision du Conseil constitutionnel qui a validé le plan B des partisans d’Ousmane Sonko, en écartant le seul plan du PDS, la roue semble avoir tourné. Désormais, c’est la ruée des candidats à la Présidentielle vers les ‘’restes’’ du Parti démocratique sénégalais. Le parti d’Abdoulaye Wade pourrait être d’un apport décisif à l’élection présidentielle.

 

C’est l’une des grandes énigmes de la Présidentielle du 25 février 2024. Pour qui va rouler le Parti démocratique sénégalais (PDS), après l’exclusion de son candidat Karim Wade ? Contrairement à la posture adoptée en 2019, consistant à jouer la politique de la chaise vide, cette fois, le fils de Wade semble un peu plus mature. Lors de sa première sortie, suite à la décision du Conseil constitutionnel, bien qu’annonçant des recours devant les juridictions internationales, il donnait le ton. ‘’Dans tous les cas, affirmait-il avec force, je participerai d’une manière ou d’une autre au scrutin du 25 février. Je demande à nos militants, nos sympathisants, nos alliés et aux millions de Sénégalais qui me soutiennent de rester mobilisés pour engager à mes côtés le combat contre l’injustice et pour la restauration de l’État de droit’’.

Chez ses détracteurs, on semble rire sous cape. Mais chez les politiciens avertis, l’heure est plus à faire les yeux doux au candidat exclu et à son parti. Depuis la décision du Conseil constitutionnel, plusieurs personnalités de l’opposition ont témoigné de leur solidarité aux héritiers de Wade. Même l’ex-Pastef, dont les idéaux sont aux antipodes de ceux incarnés par les libéraux n’a pas été en reste.

Dénonçant vigoureusement l’invalidation de la candidature de son leader sur X, El Malick Ndiaye, porte-parole de l’organisation, ajoute : ‘’Ils ont aussi écarté des candidats qui ont soit des représentativités parlementaires soit des bases politiques bien identifiées dans des conditions très contestables. C’est quand même incompréhensible qu’un candidat de l’opposition puisse tenter de faire éliminer un autre du même camp. L’histoire retiendra aussi !’’

La prise de position était certes risquée. Pastef en était peut-être bien conscient. Mais le jeu en vaut la chandelle. En fait, le Parti démocratique sénégalais, jusqu’à la naissance de la coalition XXL Yewwi Askan Wi, portée sur les fonts baptismaux en 2021, a été deuxième à toutes les élections auxquelles il a participé.

Hormis les Législatives de 2012 (taux de participation 36,67 %) où il avait obtenu 298 846 voix, soit 15,23 % des suffrages pour 12 députés à l’Assemblée nationale, le parti de Me Wade a fait, à toutes les élections, au-delà des 450 000 voix.

À noter qu’en 2012, une frange importante venait fraichement de le quitter et avait pu obtenir quatre sièges. Il s’agit de Bokk Gis Gis de Pape Diop, le dernier président de l’Assemblée nationale sous Abdoulaye Wade, Mamadou Seck et Abdoulaye Baldé, entre autres fortes personnalités. Ces derniers avaient eu plus de 7 % de l’électorat pour quatre députés.     

Depuis, le PDS a eu une trajectoire plus ou moins stable, avec parfois des hauts et des bas. Aux élections locales de 2014, les libéraux réussissent à faire bien mieux qu’en 2012.

Analysant leurs résultats de l’époque, Oumar Sarr, ancien n°2, disait : ‘’Le PDS a enregistré aux élections départementales plus de 550 000 voix, doublant ainsi son score obtenu lors des Législatives de juillet 2012 (soit 298 846 voix).’’ Selon lui, le parti avait remporté plus de 120 collectivités locales, dont 15 capitales départementales, deux capitales régionales et plusieurs communes de plein exercice.

Aux élections législatives de 2017, malgré le faible taux de participation dans leur plus grand bastion à cause de la pluie et de la non-production des cartes d’électeur, les libéraux avaient pu obtenir presque le même score qu’aux Locales de 2014. Les chiffres officiels font état de 552 095 voix, soit 16,68 % avec, à la clef, 19 sièges à l’Assemblée nationale.

Le PDS rempilait ainsi comme chef de l’opposition parlementaire.

L’amère expérience du boycott de 2019

Absent de l’élection présidentielle de 2019, le PDS laisse un champ libre à ses concurrents au sein de l’opposition. Son électorat, qui n’a pas boycotté, vote massivement en faveur de Sonko, élu député au plus fort reste, deux ans auparavant, avec moins de 40 000 voix, mais aussi au profit d’Idrissa Seck qui avait acquis le soutien de la plupart des pontes de l’opposition, dont Khalifa Ababacar Sall, Malick Gakou…

Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Oumar Sarr et plusieurs autres grands responsables accusent Karim Wade, resté à Doha, de sacrifier le parti. Pendant ce temps, de nouvelles têtes émergent et tentent d’organiser la résistance. Aux élections locales suivantes (celles de 2022), le PDS était supplanté par la coalition Yewwi Askan Wi un peu partout sur le territoire. Le parti n’avait remporté qu’un seul département, Diourbel. Il a cependant perdu de justesse le département de Pikine et s’est plus ou moins bien comporté dans plusieurs localités.

Selon les chiffres brandis par la secrétaire nationale à la communication, Nafissatou Diallo, le PDS a connu un net recul, même si son score était loin d’être ridicule. Dans un article publié par ‘’EnQuête’’, la ‘’karimiste’’ disait : ‘’Voilà un parti qui n’a pas son leader sur place, qui n’a presque qu’un seul allié qu’est le CRD et qui arrive à faire les scores qu’il fait : 455 000 voix, pour ne prendre que les Locales (2022), quand nous étions presque seuls face à des coalitions qui font plus de 30 ou 80 pour Benno Bokk Yaakaar.’’

C’est d’ailleurs sur la base des résultats obtenus lors de ces Locales que le partage des sièges avait été opéré dans le cadre de l’alliance avec YAW aux dernières élections législatives. Le PDS en est sorti avec 24 députés, est devient la deuxième force de l’opposition derrière l’ex-Pastef.

C’est tout l’enjeu de la convoitise autour du Parti démocratique sénégalais.

Mamadou Lamine Diallo a une carte à faire jouer

Alors quelle option pour les libéraux ? Les chiffres le démontrent. Le boycott de la Présidentielle de 2019 avait provoqué un net recul du parti sur l’échiquier politique, au point de se faire larguer par le jeune et ambitieux parti comme l’ex-Pastef. À entendre Karim Wade, cette option semble plutôt écartée. Reste à savoir maintenant qui des différents candidats aura la caution des Wade.

Allié du PDS depuis 2017, Mamadou Lamine Diallo a une sérieuse carte à faire jouer. À l’instar des poulains de Sonko, il est lui aussi monté au créneau pour témoigner sa solidarité. ‘’Franchement, il m’est difficile de comprendre l’acharnement de Macky Sall, d’Amadou Ba et de BBY contre Maitre Abdoulaye Wade et sa famille. Karim Wade a fait preuve de courage patriotique en renonçant à sa nationalité française acquise, de façon involontaire, à sa naissance, de par sa mère. La lutte pour le renforcement de l’État de droit se poursuit’’, protestait-il sur son compte X.

Outre Mamadou Lamine Diallo qui a été un grand allié, Habib Sy, qui a toujours revendiqué sa proximité avec Abdoulaye Wade, Boubacar Camara qui a été un grand facilitateur du rapprochement entre Yewwi et Wallu aux dernières élections législatives, ont également des cartes à jouer (M. Camara a été secrétaire général du ministère de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l'Énergie quand Karim Wade y était ministre en 2009). D’autres candidats de moindre envergure pourraient aussi jouer leur carte et essayer de séduire le parti libéral et ses électeurs, s’ils arrivent à leur faire des propositions concrètes. Ils pourraient aussi choisir d’apporter leur force à un grand bloc déjà en place pour accroitre les chances de victoire face à la majorité présidentielle.

Le risque avec cette dernière hypothèse, c’est de se faire écraser une fois le pouvoir conquis ou d’avoir le destin d’un Parti socialiste ou de l’Alliance des forces de progrès.

 Une chose est sûre : les libéraux ne voteront pas TAS !

MOR AMAR

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