Le début de la présidence de Bassirou Diomaye Faye au Sénégal marque une période de réévaluation et de redéfinition des relations franco-sénégalaises.

Depuis son élection en mars 2024, le nouveau président sénégalais a entrepris une série de démarches diplomatiques et politiques qui témoignent d’une volonté de revisiter les liens historiques entre le Sénégal et l'ancienne puissance coloniale, la France. Ces cent premiers jours ont été ponctués de rencontres, de déclarations et de décisions symboliques illustrant les nouvelles dynamiques de la diplomatie sénégalaise.

La rencontre avec Emmanuel Macron

L’une des premières actions diplomatiques significatives de Bassirou Diomaye Faye fut sa rencontre avec le président français Emmanuel Macron.

Selon le communiqué final de cette rencontre du 21 juin 2024, les deux présidents se sont félicités de leur volonté conjointe de renforcer la qualité du partenariat entre la France et le Sénégal. Ils ont exprimé leur volonté commune de donner une nouvelle impulsion au partenariat entre leurs deux pays.

Plusieurs sujets sensibles ont été abordés, notamment la présence militaire française en Afrique, en particulier au Sénégal, qui abrite l’une des quatre bases militaires permanentes de la France sur le continent.

À la mi-mai, le Premier ministre Ousmane Sonko avait déclaré que le maintien durable de l’emprise militaire française à Dakar était "incompatible avec la volonté du Sénégal de disposer de lui-même". Face à Bassirou Diomaye Faye, Emmanuel Macron a esquissé ce qu’il en serait de l’avenir des quelque 350 soldats positionnés dans la capitale sénégalaise, tout en réaffirmant l’engagement de la France dans la région.

Les défis du partenariat économique

Au-delà des questions militaires, les relations économiques entre le Sénégal et la France ont également été au centre des discussions. Le président sénégalais a reçu en audience Rémy Rioux, le directeur général de l’Agence française de développement (AFD), et Benoît de Ruffray, le président-directeur général du groupe Eiffage. Le géant français du BTP, qui gère la concession de l’autoroute à péage Dakar-AIBD, réclame depuis plusieurs mois aux autorités sénégalaises la somme de 150 millions d’euros encore due pour les travaux liés à la construction de la ligne du TER mis en service en décembre 2021.

Cette rencontre a permis d’aborder les attentes sénégalaises concernant une révision du partenariat économique avec la France, notamment dans un contexte où le pays cherche à diversifier ses partenaires et à renforcer son autonomie économique.

La proximité avec Jean-Luc Mélenchon, leader de la LFI

Un autre événement marquant les cent premiers jours de la présidence de Bassirou Diomaye Faye a été la visite de Jean-Luc Mélenchon, chef de La France insoumise (LFI) au Sénégal. Six semaines après la victoire de Diomaye Faye, le Premier ministre Ousmane Sonko a réservé sa première rencontre publique au leader français. Les deux hommes ont animé une conférence à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar sur les relations entre l'Afrique et l'Europe. Cette visite, prévue de longue date, avait été reportée en raison de la crise politique traversée par le pays en février et mars derniers.

Jean-Luc Mélenchon s'est félicité de cette ‘’révolution citoyenne’’ victorieuse et des nouvelles perspectives qu'elle offre au Sénégal, assurant que tous les pays africains ont les yeux rivés sur Dakar. Sonko n'a pas manqué de remercier Mélenchon pour son ‘’soutien sans faille et constant’’ au Pastef, quand celui-ci était dans l'opposition, rappelant les convergences communes, notamment le positionnement anti-impérialiste partagé par les deux partis.

La visite de Jean-Luc Mélenchon a imprimé un changement notable dans les relations franco-sénégalaises. Mélenchon est ainsi devenu le premier haut responsable politique français à être reçu au Sénégal.