Publié le 10 Jul 2025 - 19:54
SANTÉ EN PÉRIL À TIVAOUANE

Les agents de l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy Dabakh sonnent l’alerte

 

Un large mouvement de protestation secoue l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy Dabakh de Tivaouane. Les membres de l’intersyndicale (Sutsas, Syntras, Sames, Satsus, Sdt/3S, Sacsas) ont organisé hier un sit-in, accompagné du port de brassards rouges, puis tenu un point de presse pour alerter les autorités sur la dégradation avancée des infrastructures et demander une réhabilitation urgente de l’établissement.

 

Face à la presse, des travailleurs à l’hôpital Abdou Aziz Sy de Tivaouane ont alerté, hier, les autorités sur la dégradation avancée des infrastructures et exigé une réhabilitation urgente de l’établissement. Les professionnels de santé, visiblement à bout, dénoncent des conditions de travail qualifiées de « catastrophiques », une vétusté inquiétante des bâtiments, ainsi qu’un manque criard de moyens. Selon le porte-parole de l’intersyndicale, Sidy Lamine Ndoye, « l’hôpital étouffe sous des conditions désastreuses, un manque d’homogénéité et un dysfonctionnement majeur des services, aujourd’hui éparpillés ».

Classé établissement de niveau 2, l’hôpital ne bénéficie paradoxalement que d’une subvention équivalente à celle d’un centre de niveau 1, insuffisante pour faire face à ses charges. L’intersyndicale pointe également l’implantation inadaptée de l’hôpital, construit sur un site exigu, initialement prévu pour un centre de santé. Enclavé, menacé d’inondation en saison des pluies, le bâtiment souffre d’une architecture déficiente et d’un génie civil jugé inapproprié.

En 2019, l’État avait pourtant envisagé une réhabilitation complète de l’établissement à travers le Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis), à l’image de ce qui avait été réalisé pour l’hôpital Matlaboul Fawzeyni de Touba. Mais ce projet a été abandonné au profit de la construction d’un nouvel hôpital, Seydi El Hadji Malick Sy, à Yadjine, dont l’ouverture est imminente.

Pour l’intersyndical, « il n’est pas question de fermer l’hôpital Mame Abdou, mais plutôt de transférer tout le personnel au nouvel hôpital Seydi Elhadji Malick Sy pour avoir la possibilité de mener convenablement les travaux de réhabilitation, comme ce fut le cas à l’hôpital Le Dantec ». En effet, les syndicalistes pensent qu’« il serait suicidaire et déficitaire de procéder à une réhabilitation partielle avec le décloisonnement de certains services et l’affectation de certains personnels au nouvel hôpital, cela aurait des conséquences négatives sur les recettes financières et le fonctionnement normal de l’hôpital, en plus du fait que cet établissement n’a pas assez d’espace pour réceptionner et contenir tout le matériel nécessaire à la construction ».

À leur avis, « le personnel de Mame Abdou devrait bénéficier du nouvel hôpital par le transfert de tout son personnel, comme cela a été fait à Sédhiou et à Kaffrine ».

« Pourquoi vouloir changer de procédé à Tivaouane ? » se demandent ces travailleurs, pour qui, « la priorité des affectations au nouvel hôpital doit revenir aux travailleurs de l’hôpital Mame Abdou ». Et de remarquer : « les travailleurs ont enduré et supporté les conditions de travail difficiles pendant des années, malheureusement nous avons appris que des démarches et décisions sont en cours pour affecter du personnel au nouvel hôpital au détriment des agents de l’hôpital Mame Abdou ».

Et pire, soulignent-ils, « le transfert de certains services et spécialistes vers le nouvel hôpital serait une injustice et une discrimination et causerait une perte de recettes et de fréquentation du vieil établissement hospitalier. Cette réorientation stratégique suscite de vives inquiétudes. Les travailleurs redoutent un désengagement de l’État et s’interrogent sur le sort du personnel de l’hôpital.

L’intersyndical réclame de ce fait, à court terme, le redéploiement du personnel vers le nouvel hôpital, en attendant la réhabilitation complète de Mame Abdou Aziz Sy.

Constatant que le nouvel hôpital Elhadji Malick Sy est de niveau largement supérieur à l’hôpital Abdou Aziz SY, avec un plateau technique moderne plus relevé, des conditions de travail d’hygiène et de sécurité, les travailleurs veulent faire une précision : « Loin de nous l’idée de faire la comparaison ou la concurrence entre les deux hôpitaux, cependant il est tout à fait légitime, pour le personnel, de s’interroger sur son devenir après l’ouverture du nouvel hôpital ».

D’où cette interrogation : « Quel sort sera réservé au personnel après l’ouverture du nouvel hôpital ? Certains services ne seront-ils pas décloisonnés au nouvel hôpital ? L’hôpital Mame Abdou serait-il viable face au nouveau ? Ne serait-il abandonné ou voir sa fréquentation chuter face aux choix des populations qui préfèrent un hôpital moderne, de dernière génération, avec des conditions d’accueil et d’hospitalisation meilleures ? »

Des conditions de travail dégradées

A l’hôpital Mame Dabakh, dans tous les services, les doléances concernent les « bureaux, salles de garde, cabines non climatisées’’. ‘’En période de canicule, souligne-t-on, il est très difficile de travailler sans climatisation. Les agents souffrent terriblement dans leurs lieux de travail ». Les autres points concernent « la maintenance, le manque de matériels, l’absence de toilettes au niveau des services et des hospitalisations, des toilettes défectueuses, bouchées, inutilisables, une plomberie défectueuse. Il y a aussi le manque de point d’eau, surtout au niveau de certains services stratégiques comme la salle d’accouchement de la maternité, le service bloc’’.

Les syndicalistes se plaignent aussi du fait que le service de la maternité soit non homogène et logé sur plusieurs endroits dans l’hôpital. Il y a aussi le manque de mobilier et de matériel de bureau (tables, chaises, bureaux, armoires, machines ordinateur, imprimantes, chaises visiteurs) ; et des matériels médicaux défectueux ou en panne.

L’autre gros souci concerne le manque de salle d’attente et d’accueil pour les accompagnants, les conditions de séjour des accompagnants très difficiles surtout en saison des pluies, l’absence d’endroits appropriés réservés pour eux et une cuisine non fonctionnelle.

Ce n’est pas tout, selon les travailleurs, les conditions d’hospitalisation des malades sont dégradantes. Il n’y pas de cabines individuelles, alors que la demande est très forte. A cela s’ajoute l’inondation des services durant l’hivernage  et le manque d’eau récurrent au niveau des services logés au 1er et 2e étages.

Face à la gravité de la situation, l’intersyndical lance un appel pressant aux autorités étatiques afin qu’une réponse structurelle et urgente soit apportée. « Il en va de la dignité des agents, mais surtout de la santé des populations de Tivaouane et de ses environs », conclut Sidy Lamine Ndoye.

 

Ndeye Diallo ( Thiès)

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