Plaidoyer pour un changement de comportements en Afrique de l’Ouest

Pour faire face au changement climatique, à l’intensification des extrêmes hydrologiques et à la pollution croissante des ressources en eau, il existe des défis à relever et des comportements à adopter. C’est ce qui ressort de de la première session extraordinaire du Conseil de concertation pour la gestion intégrée des ressources en eau de l’Afrique de l’Ouest qui se tient à Dakar, ces 10 et 11 juillet.
« Nous ne devons point faillir à nos obligations envers les populations que nous représentons. Nous avons pris l’engagement de ne ménager aucun effort pour la satisfaction de leurs besoins dans tous les domaines, notamment celui des ressources en eau qui nous réunit ce jour. Chaque jour, les défis nous assaillent, multiformes et multidimensionnels : changement climatique, intensification des extrêmes hydrologiques, pollution croissante des ressources en eau, pression démographique, urbanisation galopante, sécurité de l’eau, problèmes de gestion, etc. Nous nous devons chaque jour d’y faire face. Individuellement ou sectoriellement, nous ne pouvons y parvenir. Nous sommes désormais à l’ère de la gestion intégrée et nous nous devons de l’appliquer », a lancé, hier, Dr Bakary Faty, directeur de la gestion et de la planification des ressources en eau au ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement, lors de l’ouverture officielle de la première session extraordinaire du Conseil de concertation pour la gestion intégrée des ressources en eau de l’Afrique de l’Ouest.
Il a rappelé qu’à l’issue de la Conférence Ouest-Africaine des Ministres chargés de l’Eau sur la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) – COA/GIRE –, tenue du 3 au 5 mars 1998 à Ouagadougou, un document consensuel appelé « Déclaration de Ouagadougou » avait été rendu public. Il est considéré, selon lui, comme l’engagement de la CEDEAO pour la mise en œuvre de la GIRE dans la région. Cette nouvelle approche pour atteindre la bonne gouvernance des ressources en eau fait suite aux défis multiformes et multidimensionnels identifiés, qui portent, liste-t-il, les noms de : pérennité, vulnérabilité, gestion sectorielle, accroissement de la demande sociale et économique, ou encore variabilité spatiotemporelle… Dans ce sillage, en décembre 2000, le Plan d’action régional de GIRE de l’Afrique de l’Ouest a été adopté par la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO, et que le Cadre permanent de coordination et de suivi de la GIRE en Afrique de l’Ouest a été mis en place par ladite Conférence en décembre 2001.
Sauf que, depuis, une longue léthargie du processus GIRE a été constatée, avec l’absence de tenue des réunions statutaires des organes du Cadre, malgré une timide reprise l’année dernière avec l’organisation de la 11e session ordinaire du CTE et de la 5e session ordinaire du CMS à Abuja, du 21 au 24 juin 2024. Or, souligne Dr Faty, la GIRE est une approche visant à coordonner la gestion de l’eau, des terres et des ressources associées pour maximiser le bien-être économique et social de manière équitable, tout en préservant les écosystèmes. Elle implique une collaboration entre différents acteurs et secteurs pour une utilisation durable de l’eau.
Toute ceci lui fait dire que les politiques sectorielles de l’eau doivent être coordonnées autour de la vision commune de la CEDEAO pour une gestion efficiente et efficace des ressources hydriques. ‘’La GIRE implique la participation d’acteurs tels que les gouvernements, les collectivités locales, les organisations de la société civile, le secteur privé et les communautés locales. Notre présence, à nous tous ici, prouve notre adhésion à ce principe fondamental. Cependant, il faut retenir que la GIRE n’est pas une solution unique, mais plutôt un processus devant être continuellement ajusté en fonction de l’évolution des conditions et des connaissances. En effet, face aux défis sans cesse changeants auxquels sont confrontées les ressources en eau, nos politiques et actions ne doivent pas être statiques : elles doivent être mouvantes, malléables, afin de refléter notre résilience commune », enjoint Dr Faty.
Il est d’avis que les acteurs et les décideurs doivent rester vigilants et en veille constante, en faisant preuve de constance dans l’effort et dans la tenue des réunions statutaires.
Car, poursuit-il, ‘’bien que des avancées significatives aient été enregistrées, avec des résultats impressionnants dans le processus régional de GIRE en Afrique de l’Ouest, nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers. La tenue de cette rencontre témoigne de l’urgence à réactiver le Conseil sous-régional sur la GIRE en Afrique de l’Ouest. Il s’agira pour nous de faire un retour critique, de partager des informations et de construire ensemble un conseil fort, capable de mobiliser les synergies en vue d’une implication effective des parties prenantes dans le processus GIRE en Afrique de l’Ouest. Nous devons, à l’issue de cette rencontre, pleinement assumer notre mission de Conseil de concertation. À l’échelle des territoires et des États, nous préconisons la mise en place de cadres de concertation. Il en va de même dans chacun de nos pays’’.
Le directeur de la gestion et de la planification des ressources en eau au ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement rappelle que le Sénégal est divisé en cinq Unités de Gestion et de Planification, elles-mêmes subdivisées en vingt-huit sous-unités. Dans chacun de ces territoires hydriques, y compris les communes, renseigne-t-il, des cadres de concertation ont été établis.
CHEIKH THIAM