‘’Il nous faut aller vers la fusion de partis en de grandes coalitions’’
Que pensez-vous de la volonté du président de rationaliser les partis politiques ?
Le Sénégal compte aujourd’hui plus de 300 partis politiques pour une population de près de 18 millions d’habitants. Au regard des dernières élections présidentielles, avec près de 100 candidats à la candidature dont 19 validés, les résultats démontrent que 17 n’ont pas dépassé la barre des 5%. Même si l’élection présidentielle de 2024 est particulière, je partage totalement l’avis du Président de la République quant à la nécessité de rationaliser le nombre de partis. Si la loi sur les partis politiques était appliquée, le nombre de partis serait déjà drastiquement réduit. En effet, beaucoup de partis ne se conforment pas aux exigences de la loi. Je pense qu'il nous faut aller vers la fusion de partis en de grandes coalitions.
Dans quelle proportion faudrait-il le faire ?
Il y a un premier toilettage à faire. Ceux qui ne répondent pas aux exigences de la loi doivent être dissous. Aussi les partis dormants, c'est-à-dire qui ne participent à aucune échéance électorale sur une période donnée, peuvent être également dissous. Cette décision de rationaliser les partis favorisera la formation de grandes coalitions à reconnaître comme un parti politique en lui-même.
Et comment faudrait-il financer les partis politiques ?
Il faudra disposer d’une législation actant la rationalisation du système partisan, le mode de financement direct des partis politiques, ainsi que la création d’un organe indépendant chargé de leur régulation. L’expérience et la pratique ont fini de montrer qu’en l’absence d’un système de financement public direct, il est difficile d’opérer un contrôle judicieux des fonds des partis politiques. Si le financement public est une option retenue, les coalitions devront polariser l'essentiel du financement sur la base de la représentativité, lors des dernières échéances. Il faut noter aussi que certaines dispositions de la loi actuelle méritent d’être révisées. Notamment en ce qui concerne le financement des partis par les Sénégalais de l’extérieur. En effet, la loi interdit de recevoir directement ou indirectement des subsides de l’étranger ou d’étrangers établis au Sénégal, alors que depuis l’adoption du Code électoral consensuel de 1992, les Sénégalais résidant à l’extérieur participent aux élections nationales.
BABACAR SY SEYE