Amadou Kane câble les bailleurs
L'affaire des fameux décrets d'avance pris par le Président Macky Sall s'invite à nouveau dans la place. Ce n'est pas seulement à cause du communiqué conjoint publié par l'Union européenne et le Sénégal, pour démentir l'existence d'une demande d'explication venant des bailleurs européens. Le plus important, c'est sans doute la salve de notes explicatives envoyées à une vingtaine de pays et organismes pour décortiquer le mécanisme des décrets d'avance, l'urgence de les prendre dans le contexte actuel et la transparence du processus.
Le document, intitulé ''Note d'information à l'attention des partenaires techniques et financiers du Sénégal'' a pour objet ''d'apporter des éléments de clarifications sur la question des 26 décrets d'avance soumis à la ratification de l'Assemblée nationale lors de l'examen du projet de loi de finances rectificative pour l'année 2013 présenté par le ministère de l'Economie et des Finances''.
Le document indique que ''toutes les allocations de crédit par décret d'avance l'ont été après annulation de crédits d'égal montant sur la base de rapports de présentation explicites communiqué à l'Assemblée nationale au même titre que lesdits décrets''. Et d'ajouter que sur les 26 décrets d'avance, ''seuls deux ont été pris au titre de la gestion 2013, les 24 autres concernant la gestion 2012''. Enfin, argumente le ministère de l'Economie et des Finances, c'est le caractère urgent qui a justifié la prise de ces décrets d'avance. Sont indexés sur le document, tous les montants engagés ainsi que les projets et programmes auxquels ils sont destinés. ''Lorsqu'on additionne les sommes, on retrouve pour 2013 , après 6 mois d'exécution du budget (…) un montant de 36 374 190 172 francs.
Une vingtaine de pays et d'organismes câblés
Selon nos investigations, parmi la vingtaine de pays et d'organismes ciblés par ces correspondances bien particulières, il y a naturellement l'Union européenne, l'Usaid, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD), la Boad, le Programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud), l'Arabie Saoudite, la Chine, le Japon, l'Inde, la Corée du Sud etc. Et il semble que l'écho soit favorable auprès des bailleurs de fonds qui n'ont pas réalisé des griefs contre ces décrets d'avance.
Mais selon des sources bien informées, c'est plutôt au niveau des exonérations dans le secteur de l'Energie. Ces bailleurs gardent fraîche dans leur mémoire la gabegie qui a entouré ''Takkal' qu'ils surveillent les moindres décisions dans ce secteur-clef. Et il semble bien que, mis au courant de la décision de mesures d'exonérations, le FMI était sur le point de demander des explications au gouvernement. Des affaires sur lesquelles nous reviendrons amplement dans notre prochaine édition.
EnQuete