Washington joue l'apaisement et envoie des marines en Libye
La vague de violences déclenchée par la diffusion sur internet d'extraits d'un film très virulent à l'encontre de l'islam, qui a coûté la vie à quatre fonctionnaires américains, dont l'ambassadeur à Benghazi, mardi soir, a suscité une avalanche de réactions à travers le monde.
Si les capitales occidentales ont pour la plupart dénoncé l'attaque meurtrière du consulat américain à Benghazi, de nombreux pays musulmans, mais aussi le Vatican, ont préféré mettre l'accent sur les «offenses» et les «provocations» visant les musulmans. Barack Obama a condamné l'attaque "scandaleuse" qui a coûté la vie à quatre Américains, mais a aussitôt martelé qu'elle ne "rompra pas nos liens" avec la Libye. Les Etats-Unis travailleront avec la Libye pour traduire les auteurs de cette attaque en justice, a-t-il déclaré. Barack Obama a par ailleurs donné l'ordre de mettre les drapeaux américains en berne sur les édifices publics jusqu'à dimanche en hommage aux quatre victimes.
Un peu plus tôt, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, avait elle aussi joué l'apaisement : condamnant fermement un "attentat choquant pour toutes les consciences", la chef de la diplomatie américaine a pointé du doigt "un petit groupe sauvage", affirmant que les Etats-Unis préserveraient leur "amitié" envers la Libye. Le candidat républicain à la présidentielle, Mitt Romney, a qualifié de "honteuse" la réaction du gouvernement de Barack Obama aux attaques, accusant le président de sympathies pour les extrémistes musulmans.
Sa réaction semble viser un communiqué, publié par l'ambassade des Etats-Unis au Caire quelques heures avant les attaques, qui condamnait "les efforts continuels d'individus mal avisés pour heurter les sentiments religieux de musulmans, de même que nous condamnons les tentatives d'offenser les croyants de toutes religions". Selon un responsable américain cité par le site d'information Politico, la réaction de l'ambassade américaine au Caire "n'avait pas reçu l'agrément de Washington et ne reflétait pas l'opinion du gouvernement américain".
La Libye s'excuse et accuse Al-Qaida
"Nous présentons nos excuses aux Etats-Unis et au peuple américain et au monde entier pour ce qui s'est passé", a déclaré lors d'une conférence de presse à Tripoli Mohamed Al-Megaryef, le président du Congrès général national, la plus haute autorité politique du pays. Il également pointé du doigt à la fois les partisans de l'ancien régime et le réseau Al Qaida. "Ce qui s'est passé hier coïncide avec le 11-Septembre et a une signification claire", a-t-il poursuivi.
Une équipe de marines dépêchée en Libye
Les Etats-Unis vont déployer une équipe d'une cinquantaine de marines spécialisés dans la lutte antiterroriste en Libye, après l'attaque survenue mardi à Benghazi. "Les marines envoient une équipe 'Fast' (Fleet Antiterrorism Security Team, ou équipe de sécurité de la flotte antiterroriste) en Libye", a annoncé un responsable du Pentagone.
L'Egypte appelle à la "retenue"
"Ce film est offensant pour le Prophète et immoral", a déclaré le gouvernement dans un communiqué qui appelle aussi "le grand peuple d'Egypte à exprimer sa colère dans la retenue". "Tous les Egyptiens, musulmans et chrétiens, expriment leur rejet de cette insulte", ajoute le communiqué. Le texte, lu devant la presse par le premier ministre, Hicham Qandil, juge également "regrettables" les incidents survenus la veille devant l'ambassade des Etats-Unis, où des manifestants sont parvenus à enlever le drapeau américain pour le remplacer par un étendard islamiste. "Il est de notre devoir de protéger toutes les missions diplomatiques en Egypte", a-t-il dit.