‘‘Pas de repos biologique sans mesures d'accompagnement’’
La lettre circulaire adressée aux armateurs et consignataires de navires de pêche industrielle, et portant sur l'observation d'un repos biologique du 1er octobre au 30 novembre 2012, n’agrée aucunement le Syndicat national des travailleurs de la marine de pêche du Sénégal (SNTMPS). En conférence de presse hier, ce syndicat a estimé que cette mesure, en application aux dispositions de l'arrêté ministériel n°07441 du 10 novembre 2003 qui fixe les périodes et les modalités de cette mesure, ne peut qu'engendrer des conséquences sociales dramatiques.
‘’Si dans le fond la fermeture temporaire des pêches de captures participe indéniablement à la protection des richesses halieutiques, force est de reconnaître que son aveugle application, sans discernement, mettrait des milliers de travailleurs dans des situations sociales extrêmement difficiles’’, revendique Beytir Ndoye, Secrétaire général du SNTMPS.
Ainsi M. Ndoye a-t-il estimé qu’appliquer à la lettre les dispositions de cet arrêté sera d'un désavantage considérable pour les milliers de travailleurs, dont certains, victimes des inondations, seront contraints à un chômage technique, puisque, a-t-il ajouté, ‘’les armateurs et consignataires de navires de pêche concernés par cette mesure ne versent ni salaire encore moins d'indemnités de chômage durant la période de repos biologique’’. D'après M. Ndoye, s'il doit y avoir repos biologique, il doit notamment y avoir des mesures d'accompagnement.
Évoquant l'année 2004 pendant laquelle le respect de cette mesure avait été un calvaire pour les travailleurs, Beytir Ndoye a indiqué que les différents ministres qui se sont succédé ont compris l'impact de cette mesure et, par la suite, ont réduit le repos biologique à un mois. ‘’Le repos biologique est la pérennisation des fonctions écologiques, sociales et économiques. Mais toutes ces fonctions se sont ébranlées depuis 12 ans’’, expliquera le Secrétaire général du SNTMPS. ‘’Les autorités doivent être conscientes des difficultés que traversent les marins et revoir les périodes de repos biologiques. Qu'est-ce qui prouve que durant cette période les poissons se reproduisent ? Chaque diversité de poissons a son cycle de reproduction’’, martèlera M. Ndoye.
Venu épauler le syndicat, Cheikh Diop, secrétaire général de la CNTS/FC, a pour sa part appelé le gouvernement à repenser le repos biologique en tenant compte des préoccupations des travailleurs. ‘’Si le repos biologique est de deux mois, les travailleurs ne toucheront leur salaire que le 3e mois’’, a ainsi expliqué M. Diop.
ANTOINE DE PADOU