Publié le 4 Jun 2012 - 16:47
CÔTE D'IVOIRE

La défense de Laurent Gbagbo marque des points

 

 

Luis Moreno-Ocampo, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), a déclaré le 2 juin lors d’une conférence de presse à Abidjan que les «pires violences post-électorales» en Côte d’Ivoire ont été commises par les forces du camp de Laurent Gbagbo. Et ce, malgré le massacre d’au moins 816 personnes à Duékoué, perpétré fin mars 2011 par les forces soutenant le camp d’Alassane Ouattara. Comment interpréter de telles déclarations du procureur de la CPI, qui semblent donner un verdict avant même que le procès ait eu lieu? En fait, cette prise de position intervient dans le contexte d’une bataille juridique serrée. Le 24 mai, l’avocat international de Laurent Gbagbo, Me Emmanuel Altit, a en effet déposé devant la CPI une «requête en incompétence» de la cour de justice internationale qui repose sur des arguments juridiques solides. Ce document de 79 pages, public, rappelle notamment que l’arrestation de Laurent Gbagbo et sa détention se sont faites hors de tout cadre juridique. Le 13 avril, trois jours après son arrestation, Laurent Gbagbo est expédié à Korhogo, dans le nord, et placé de manière totalement informelle sous la garde d’un chef militaire rebelle, le commandant Martin Kouakou Fofié. Un homme déjà sanctionné par les Nations unies pour ses atteintes aux droits de l’homme.

 

Aucun mandat d’arrêt n’est délivré contre le président déchu. Il est assigné à résidence dans une maison appartenant à un proche de Guillaume Soro, le chef des rebelles nordistes et Premier ministre d’Alassane Ouattara, et non à la résidence présidentielle officielle de Korhogo, comme le prétendent les autorités ivoiriennes. Il n’est conduit dans cette résidence officielle que lors des visites importantes qui lui sont faites, notamment par Desmond Tutu et Choi Young-jin, le chef de la mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci). Il faudra attendre le 18 août 2011 pour que la justice ivoirienne inculpe formellement l’ex-président Laurent Gbagbo, «au mépris des dispositions constitutionnelles et légales ivoiriennes», qui prévoient une procédure particulière pour poursuivre un ancien président. La defense de Laurent Gbagbo évoque une «détention arbitraire et des actes de tortures» infligés quotidiennement à l’ex-président avant son transfèrement à La Haye. «Enfermé dans une chambre de trois mètres sur trois, sans pouvoir faire le moindre exercice, sans pouvoir même marcher à l’extérieur de la maison, peu nourri et surtout ne disposant pas des médicaments nécessaires au traitement de ses pathologies, le président Gbagbo s’affaiblit rapidement. Au bout de quelques semaines, il est méconnaissable et ne peut plus se déplacer sans aide. Malgré les demandes de son médecin, ses geôliers refusent de le soigner de manière décente et même de le faire examiner dans un environnement hospitalier. (…) L’état de santé du président se dégrade à tel point que d’après les quelques rares visiteurs et d’après son médecin (…) la situation devient à partir du mois d’octobre 2011 critique.»

 

(SlateAfrique)

 

 

Section: 
PHÉNOMÈNE DE RETOUR AU POUVOIR D’ANCIENS DIRIGEANTS : Ces éternels ‘’phénix’’ à la reconquête du pouvoir  
Afrique du Sud : 4 500 mineurs illégaux coincés sous terre et assiégés par la police
Génocide des Tutsis : La justice administrative « incompétente » pour juger l’Etat français
Critiques au Mali
États-Unis : Les contours de la future politique étrangère de Donald Trump se dessinent
SOMMET ARABO-ISLAMIQUE DE RIYAD : Des actions concrètes contre l'agression israélienne  
ÉLECTION AMÉRICAINE - DONALD TRUMP ET L'AFRIQUE : Un ‘’Reset’’ face aux nouveaux défis géopolitiques
Ghana : Le Parlement suspendu pour une durée indéterminée à cause d'un différend juridique
Turquie  : L’attaque armée d’un bâtiment de l’industrie de la défense fait cinq morts et vingt-deux blessés près d’Ankara
Mali : Pas de liberté provisoire pour l'économiste Etienne Fakaba Sissoko
ELECTIONS AU TCHAD : Succès Masra hésite encore à participer aux élections législatives
DIPLOMATIE SENEGALAISE : Les errements de la tutelle
Cameroun : Face aux rumeurs, le gouvernement communique sur l'état de santé du président Paul Biya
EXIGENCE DE LA CARTE DE SÉCURITÉ SOCIALE : Le calvaire des Sénégalais vivant au Maroc
FRAPPES ISRAÉLIENNES À BÉZIERS : Des Libano-Sénégalais parmi les victimes
DEUX ATTAQUES REVENDIQUÉES PAR LE JNIM SECOUENT BAMAKO : Un nouveau chapitre de violence jihadiste au Mali
EXTRÉMISME VIOLENT : Confidences et analyses sur les facteurs de radicalisation des jeunes au Bénin
ISRAËL: Découverte à Gaza des corps de six captifs du 7 octobre, la centrale syndicale décrète une «grève générale»
Burkina Faso : Une partie des paramilitaires russes de la Brigade Bear quittent le pays
Drame en RDC