Publié le 11 Aug 2018 - 08:24
CHEIKH TIDIANE SARR, DIRECTEUR DES INFRASTRUCTURES AU MINISTERE DES SPORTS

‘’Dans deux ou trois ans, on verra des merveilles au Sénégal’’

 

L’Etat du Sénégal a entrepris depuis quelques années le renouvellement des infrastructures sportives. La mise à disposition de l’Arène nationale et Dakar Arena de Diamniadio est une illustration des efforts consentis par les autorités publiques, selon le Directeur des infrastructures au ministère des Sports, Cheikh Tidiane Sarr. Entretien avec EnQuête.

 

Le chef de l’Etat a mis Dakar Arena et l’Arène nationale à la disposition des sportifs. Quelle importance revêtent ces deux infrastructures pour le sport sénégalais ?

Le chef de l’Etat (Macky Sall) a compris que la qualité des infrastructures peut beaucoup influencer les paramètres de performance. Dans le cadre de la lettre de politique sectorielle de développement du sport du ministère des Sports, les infrastructures occupent une place très importante. C’est dans ce sens que, depuis quelques années, nous avons un programme dénommé ‘Construction et réhabilitation d’infrastructures sportives’. Beaucoup d’efforts ont été consentis avec l’arrivée du ministre Matar Ba dans ce sens, aussi bien à Dakar que dans les régions.

L’Arène nationale et Dakar Arena illustrent la vision du chef de l’Etat pour le développement des infrastructures sportives. Ces deux joyaux n’existent pas dans la sous-région, je dirais même en Afrique. Vu leur qualité et leur capacité d’accueil, ils peuvent abriter tous types de compétitions du fait de leur polyvalence. Quand on parle de l’Arène nationale, on pense toujours à la lutte. Mais elle n’est pas uniquement dédiée à cette discipline. Il est possible d’y organiser des compétitions de boxe et tous les arts martiaux. Elle peut même accueillir des activités culturelles. C’est la même chose pour Dakar Arena géré par la Sogip (Société de gestion des pôles urbains, Ndlr), en collaboration avec le ministère des Sports. Notre objectif, aujourd’hui, c’est d’accueillir les grandes compétitions. Le Sénégal, compte tenu de sa position diplomatique, géopolitique, doit être au cœur du sport. Nous devons nous positionner sur tout ce qui se fait de mieux en Afrique.

Pour accueillir une compétition comme la Can de football, il faut au moins six stades. Est-ce qu’il y a d’autres projets de construction d’infrastructures d’envergure qui sont prévus ?

Le ministère des Sports a d’importants projets pour accompagner le Plan Sénégal émergent (PSE). Nombreux d’entre eux ont déjà fait l’objet d’études de faisabilité. Certaines infrastructures même pourraient voir le jour d’ici à 2019. Tout dépend de la disponibilité du financement. Pour en citer quelques-uns, il y a un grand stade omnisport de 40 000 à 50 000 places prévu à Diamniadio, de même qu’une piscine olympique. L’hippodrome national sera érigé au Lac Rose. L’étude a été faite. Nous sommes en train de voir, avec les éléments dont nous disposons, comment les travaux pourraient être entamés dans les meilleurs délais. Il y est prévu également un parcours de golf et un champ de tir. Nous voulons toucher toutes les disciplines sportives. Aujourd’hui, personne ne dira qu’une discipline est laissée en rade.

Il n’y a pas que les compétitions internationales. Qu’est-ce qui est prévu pour les infrastructures à dimension locale ?

En dehors des grandes infrastructures, le ministère des Sports a deux autres programmes. Le premier concerne l’accompagnement des communes dans la réalisation d’infrastructures de proximité, c’est-à-dire l’érection de mur de clôture, de grilles de protection, des tribunes etc. Nous recevons beaucoup de demandes de la part de communes ou d’organisations de quartiers. Chaque année, nous accompagnons ces populations dans ce sens. Notre principe, c’est d’aller vers la construction d’infrastructures évolutives. Si cette année nous donnons un mur, les années à venir, selon les moyens disponibles, nous érigeons une grille de protection, ainsi de suite. Au bout de trois à quatre ans, la collectivité peut disposer d’une infrastructure correcte.

L’autre programme, c’est la réhabilitation d’infrastructures sportives. Mais c’est très difficile parce que toutes ces plateformes ne sont pas gérées par le ministère des Sports. Il y a l’Acte 3 de la décentralisation qui a consacré et organisé leur gestion. Le département des Sports s’occupe des infrastructures de niveau national. Il y a une classification qui distingue les stades nationaux, régionaux et municipaux. Nous avons achevé, en 2015, la réhabilitation des stades régionaux. Certains sont déjà dans des difficultés parce qu’il y a des problèmes d’entretien. Cependant, les populations doivent savoir que le ministère vient en appui. C’est le cas du stade Ngalandou Diouf de Rufisque, resté 5, voire 6 ans sans fonctionner, ceux des Parcelles Assainies et de Ngor. Le ministre des Sports a tenu une réunion avec le mouvement sportif du département de Rufisque pour préparer l’inauguration de Ngalandou Diouf, le 11 août. Il en a profité pour féliciter et remercier les jeunes qui ont su gérer la situation dans la pure responsabilité. Nous appelons les Sénégalais à cela. Celui de Mbao va être terminé bientôt. Il reste de petits réglages à faire pour le mettre à la disposition des populations. Dans quelques semaines, le stade de Ndiarème de Guédiawaye sera terminé. Pour Ngor et Parcelles Assainies, les travaux sont en phase de finition. Si on règle ces problèmes, on n’aura plus de difficultés à Dakar.

Qu’en est-il des autres régions ?

Nous ne nous sommes pas seulement limités à Dakar. Il y a 3 nouvelles régions qui ont été créées après la mise sur pied du programme de réhabilitation des stades régionaux. Il s’agit de Kaffrine, Kédougou et Sédhiou qui n’en faisaient pas partie. Mais le chef de l’Etat a voulu corriger cette situation en prenant en charge ces localités dont les stades sont en cours de construction, notamment Sédhiou et Kédougou. Les chantiers de Kaffrine vont bientôt démarrer. On a déjà fait un maillage des régions. Il reste un projet très important qui concerne Saint-Louis. Dans le programme du ministère, il est prévu la reconstruction du stade Me Babacar Sèye et un palais des sports. Ces travaux vont démarrer au courant de l’année 2019 et l’autorité donnera l’information le moment venu.

Des études en phase de finalisation sont menées pour la construction de palais des sports régionaux. Nous voudrions avoir, dans chaque capitale régionale, des salles de sport fermées. Il ne reste que le financement. On ne va pas s’en glorifier mais ceux qui ont la chance de voyager dans la sous-région savent qu’au Sénégal, des efforts sont en train d’être faits. Tout ne peut pas être prêt en même temps. Mais on peut espérer que dans une échéance de deux ou trois ans, on verra des merveilles au Sénégal dans le domaine des infrastructures sportives.

La pelouse du stade Léopold Sédar Senghor est dans un mauvais état. Quelles sont les mesures prévues avant le match Sénégal-Soudan d’octobre, comptant pour les éliminatoires de la Can 2019 ?

Effectivement, il y a des soucis avec le gazon du stade Léopold Sédar Senghor. C’est une question que le ministre a pris en main. Il a organisé une visite à laquelle nous avons participé en présence de la direction du stade. Depuis le lendemain de cette visite, qui a eu lieu une semaine avant le combat Eumeu Sène-Bombardier (28 juillet dernier), nous avons commencé à travailler pour la régénération du gazon. Nous avons pris des spécialistes qui s’affairent dessus. Nous pouvons garantir qu’on aura un gazon correct permettant de jouer le match.

C’est une solution à court terme. Il y a le stade Lat-Dior de Thiès dont le chantier a connu un petit retard. Dans le marché de base signé par le ministère des Sports, on s’est rendu compte qu’il y a des travaux supplémentaires à faire pour que l’ouvrage soit complet. L’avenant a été accepté et signé. Très bientôt, Lat-Dior sera terminé. Le gazon a été repris, le système d’arrosage est nickel, les tribunes sont prêtes, de même que la grille de protection. C’est juste l’extérieur qui reste à faire et l’installation des projecteurs. Quand le stade sera mis en service, Léopold Senghor sera fermé et remis à neuf. On ne peut pas se payer le luxe de fermer Léopold Senghor alors qu’on a des matches internationaux à jouer.

Le stade Demba Diop est fermé depuis juillet 2017 suite aux incidents de la finale de la Coupe de la Ligue. Où en êtes-vous avec ce dossier ?

Ce n’est pas parce qu’il y a des incidents que le stade sera fermé à vie. Nous sommes dans une administration, il y a donc une procédure à suivre. Une enquête a été menée par l’administration compétente. Le ministre des Sports nous a demandé de commanditer une étude pour voir la solidité de l’infrastructure. Je n’ai pas besoin de donner les résultats mais il y a des recommandations prises en charge dans le cadre d’un cahier des charges en phase de développement. Il sera question de faire ces travaux et d’avoir l’autorisation de rouvrir le stade. Nous allons prendre toutes les dispositions pour que Demba Diop soit ouvert dans les meilleurs délais.

Il ne s’agira pas alors de démolir Demba Diop ?

Non, non, pas démolir ! Le ministre l’a dit. Si on a la possibilité de reconstruire Demba Diop, on le fera. Mais cela coûtera des dizaines et des dizaines de milliards. On ne peut pas se lever aujourd’hui et demander à l’Etat de le reconstruire. Il peut être encore fonctionnel. La structure est là. C’est une infrastructure assez solide qui tient toujours. C’est un projet et le ministre a reçu des propositions de la part de partenaires. Son ambition dans un moyen terme est d’ériger un stade neuf de dernière génération avec plus de capacité d’accueil et de meilleures commodités. Dans le projet de Demba Diop, il est prévu la reconstruction du stadium Marius Ndiaye. Il y a beaucoup de propositions mais c’est l’acquisition de financement qui n’est pas facile. Dans le cadre d’un Etat, ce n’est pas évident de sortir autant d’argent.

La construction d’infrastructures est une chose mais assurer leur entretien en est une autre. Que faudrait-il faire pour les préserver ?

Il va falloir repréciser les choses. Au Sénégal, tout le monde doit comprendre que ces infrastructures mises à la disposition des populations ont coûté de l’argent. Nous avons donc le devoir de les préserver. Cela ne relève pas seulement du ressort du ministère des Sports, des mairies ou des Conseils départementaux. Il y a des comités de gestion dans tous les stades. Il faut que ces organes mis en place jouent leur rôle. Nous rencontrons des difficultés avec les gazons des stades régionaux. Les gens les déchirent pour mettre en dessous des objets mystiques. Ce n’est pas normal. Le ministère va accompagner les préposés à l’entretien de ces infrastructures et les autorités locales dans le domaine des ressources humaines et des moyens techniques. Nous travaillons avec la coopération chinoise. Dans nos prévisions, il y a une formation qui pourrait se faire en Chine concernant les gestionnaires d’infrastructures sportives. Il faut également insister sur la sensibilisation des  populations, la formation des dirigeants, du plus haut niveau à l’échelle du quartier. L’Oncav organise très souvent, avant le début de la saison de ‘navetane’, des séances de sensibilisation qui doivent être démultipliées et appuyées.

Pour l’Arène nationale, le ministre a prévu un séminaire de partage avec les acteurs de la lutte pour les imprégner de la venue de cette nouvelle infrastructure qui impose l’adoption de nouveaux comportements.

LOUIS GEORGES DIATTA

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