Près de 200 pays seront réunis dès lundi à Doha
La conférence de Doha sur le changement climatique, qui s'ouvre lundi pour une durée de deux semaines, risque d'entériner la relégation des questions environnementales à l'arrière-plan des préoccupations des dirigeants de la planète. Il semble probable qu’aucun accord ne sera conclu sur une prolongation du protocole de Kyoto, qui s'éteindra le 31 décembre, quinze ans après son adoption.
Quant à l'élaboration d'un nouveau traité sur une réduction des émissions de gaz à effet de serre, elle ne devrait guère progresser en raison de la priorité accordée dans toutes les régions du monde à la croissance économique et des divergences persistantes sur la répartition des efforts. Plus aucune contrainte légale dès le 1er janvier 2013. Les près de 200 pays ou régions du monde participant aux discussions sur le changement climatique se sont mis d'accord en 2011 à Durban sur l'objectif de conclure un nouveau traité d'ici 2015 pour une entrée en vigueur en 2020. En attendant, si la durée de vie du protocole de Kyoto n'est pas prolongée, il n'existera dès le 1er janvier 2013 plus aucune contrainte légale de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
Or la Russie, le Japon et le Canada, signataires du protocole en 1997, ont déjà prévenu qu'ils n'accepteraient pas de nouvelles réductions des émissions au-delà du 31 décembre. Les Etats-Unis n'ont pour leur part jamais ratifié le texte de Kyoto, au motif qu'il serait néfaste à leur économie, et le président américain Barack Obama, tout en se disant «convaincu» de la réalité du changement climatique, a réaffirmé que la priorité de son second mandat serait accordée à l'économie.
Les pays émergents veulent continuer à croître
Source de blocage supplémentaire, le protocole de Kyoto ne reflète plus les équilibres économiques du monde. L'Inde et la Chine n'étaient pas concernées lorsqu'il a été envisagé en 1992 de limiter les émissions polluantes. Elles sont depuis devenues deux des principales puissances économiques du monde, au point que la Chine est désormais le premier pollueur de la planète. En cumulé, elle a même dépassé la Russie au deuxième rang des pays émetteurs de dioxyde de carbone à travers les décennies, derrière les Etats-Unis.
Certains pays développés considèrent donc que tout nouvel accord doit tenir compte de ces évolutions, ce que refusent les pays émergents, désireux de poursuivre leur développement. «La Chine réclame encore quelques années pour continuer de croître avant de limiter ses émissions. Et cela convient aux Etats-Unis», souligne Heike Schröder, de l'université anglaise East-Anglia.
Les pays émergents souhaitent aussi obtenir à Doha la garantie de nouvelles aides financières pour les inciter à utiliser des énergies non fossiles, donc moins polluantes, après l'expiration d'un programme triennal de 10 milliards de dollars par an. Face à ce risque de paralysie, quelques acteurs ont décidé de réduire de leur propre initiative leurs émissions de gaz à effet de serre. C'est le cas notamment de l'Union européenne, de l'Australie et de l'Ukraine mais elles ne représentent ensemble que 12 à 14% des émissions mondiales.
20 minutes