La crise casamançaise ne peut pas justifier la criminalité financière, selon le président de la CENTIF
La crise armée qui sévit dans la région de Ziguinchor (Sud) ne peut pas justifier le ‘’laisser-aller’’ dans des domaines aussi préoccupants que la criminalité transfrontalière et surtout la criminalité financière, a déclaré mardi, Demba Diallo, président de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF).
‘’Ziguinchor a cette spécificité d’être une région en contact avec des pays étrangers qui ont des traditions administratives différentes des autres (…). Une autre spécificité de Ziguinchor, c’est qu’il y a un mouvement (armé), il faut le dire, qui participe à désorganiser un peu l’Etat dans ses fondements dans cette région’’, a-t-il dit. Le président de la CENTIF s’exprimait en marge d’un atelier de sensibilisation sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme au Sénégal.
‘’Justement dans des situations de crise, des ateliers organisés par des structures comme la CENTIF ont l’avantage de ramener les gens à leur situation de veille globale, pour dire que la crise ne peut pas justifier le laisser-aller dans des domaines aussi préoccupants que la criminalité transfrontalière et surtout la criminalité financière’’, a-t-il insisté.
M. Diallo a expliqué qu’un pays frontalier à la région de Ziguinchor est devenu une plaque tournante de trafic de drogues dures en Afrique de l’Ouest. ‘’Il ne faudrait pas que Ziguinchor devienne la zone de refuge de l’argent sale, pour pouvoir ensuite emprunter d’autres chemins et aller vers le financement du terrorisme. En réalité, c’est ça le danger’’, a-t-il averti, relevant que la situation dans la sous-région, précisément dans la zone sahélo-saharienne, pourrait mettre en péril l’existence des Etats.
‘’Tous ceux qui n’avaient pas compris jusqu’à présent, ce que la criminalité transfrontalière peut avoir comme danger pour un Etat, commencent à le comprendre avec ce qui se passe au Mali. Un Etat qu’on est en train de disséquer pour des considérations autres que le service de la population’’ a-t-il soutenu. Le président de la CENTIF a indiqué que son organisation a concentré la majorité de ses activités de formation sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme à Dakar, au détriment des régions.
Selon lui, la région de Dakar représente 98 à 99% du total des déclarations de soupçons (466) enregistrées niveau de la CENTIF. ‘’Nous espérons que notre descente à Ziguinchor et l’organisation de ce séminaire permettra aux uns et autres d’améliorer cette coopération entre les assujettis de la région et la CENTIF’’, a-t-il déclaré.
APS