Publié le 15 Dec 2020 - 06:31
DAME MBODJ, SECRETAIRE GENERAL NATIONAL DU CUSEMS AUTHENTIQUE

‘’Cela ne rime à rien de supprimer les vacances de Noël’’

 

Le leader du Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen et du secondaire (Cusems/Authentique) estime qu’il ne sert à rien d’imposer aux enseignants et aux élèves d’être présents dans les classes, dans un moment où leurs esprits sont à la fête.

 
 
Êtes-vous d’accord avec le réaménagement des vacances scolaires 2020-2021 décidé par le gouvernement ?
 
En tant que syndicalistes et acteurs du système d’enseignement au Sénégal, nous ne pouvons pas récuser le pouvoir discrétionnaire du président de la République. Conformément aux dispositions de la Constitution, il peut décider des dates de démarrage et de fin de l’année scolaire. Mais nous avons nos appréciations d’acteurs évoluant dans le milieu que nous pouvons formuler sur les décisions prises par la tutelle.
 
Certes, il y a un retard dans le démarrage des cours, depuis le 12 novembre. Et le trimestre n’est pas encore bouclé. C’est peut-être pour cela que la semaine allant du 24 au 31 décembre, généralement considérée comme celle des vacances de fin d’année, a été enlevée. Le gouvernement doit tenir compte d’un certain nombre de paramètres pour que sa décision soit la bonne. La finalité de toute action est de réussir une année scolaire avec de belles performances. Pour cela, il est nécessaire que l’on mette les élèves et enseignants dans des conditions optimales de réussite. Tout le monde sait qu’habituellement, on ne travaille pas du 24 au 31 décembre dans l’environnement scolaire au Sénégal.
 
Même si l’on use d’un pouvoir discrétionnaire pour imposer aux enseignants et aux élèves de rester à l’école durant cette période, ils ne pourront pas rester concentrés sur les cours. Il faut un minimum de concentration et de motivation. Dans la pédagogie, il n’y a pas de contrainte. Durant la fin d’année, toutes les familles baignent dans une ambiance festive. Qu’elles soient musulmanes ou chrétiennes. C’est la tradition sénégalaise qui est comme cela. Malgré les interdictions liées à la situation de la pandémie de coronavirus (interdiction de rassemblements dans les plages, boites de nuit, restaurants, etc.), les familles sont en fête. Un enfant qui quitte cette atmosphère pour aller à l’école ne peut pas se concentrer pour assimiler les connaissances dispensées. Il ne va faire cours que parce qu’il y est contraint.
 
Je considère donc que même si le chef de l’Etat a le droit de le faire, cela ne rime à rien du tout. C’est une perte de temps. Que les élèves soient à l’école ou pas, c’est une semaine morte. Les enseignants et les élèves seront contraints de rester dans les classes, mais ils ne seront pas dans une situation d’apprentissage correct.
 
Vu que l’année précédente chevauche sur la suivante, qu’elle aurait été la meilleure formule ?
 
Les chevauchements annuels, c’est notre quotidien. L’année scolaire s’exécute sur deux ans. Donc, elles se sont toujours chevauchées. Cet argument ne tient pas. Puisqu’il y a moyen de rattraper cette semaine, j’aurais épargné les enseignants et les élèves de se présenter à l’école. Dans l’année, une période sera choisie pour rattraper cela. C’est la meilleure option, car cette semaine n’est pas propice aux enseignements.
 
Doit-on suspendre les cours, avec cette deuxième vague qui tend à se confirmer ces derniers jours ?
 
Quand le président Macky Sall décidait d’arrêter les cours le 16 mars dernier, je n’étais pas d’accord avec cette option. Je faisais partie des rares acteurs qui soutenaient que la situation ne militait pas en faveur d’un arrêt des cours. Aujourd’hui également, je ne suis pas d’accord pour la fermeture des écoles. Au Sénégal, on veut combattre une maladie avec une méthode qui n’a rien à voir avec nos réalités. Nous ne sommes pas comme l’Europe. Eux peuvent respecter les mesures de distanciation sociale. Ils ne vivent pas en communauté comme nous. Chacun vit dans son appartement ou dans sa maison. Mais nous, nous vivons dans la promiscuité. Dans certains quartiers, certaines maisons sont interconnectées. Dans les villages, les gens vivent dans des familles élargies, dans des concessions. De ce fait, cela n’a aucun sens de prendre des mesures d’urgence pour confiner la population ou encore de décréter des couvre-feux, etc.
 
Moi, je dis qu’il n’y a même jamais eu de première vague au Sénégal. Pour que l’on puisse parler de vague, il doit y avoir un niveau de létalité élevé. Cela fait 10 mois que la pandémie sévit au Sénégal. Elle n’a pas encore tué 400 personnes. En Europe, le même nombre mourait en une minute dans un même quartier. Les gens doivent être sérieux. On ne peut pas nous importer des théories. Le Sénégal n’est pas dans une situation qui fait que l’on doive fermer les écoles. La chose à faire, c’est de protéger les personnes vulnérables (celles vivant avec des comorbidités, les personnes âgées, etc.) et laisser les personnes valides aller travailler.
 
Je suis d’avis qu’ils (les autorités, NDLR) sont en train de préparer l’arrivée du vaccin, avec tous ce qui tourne autour de l’Organisation mondiale de la santé, les firmes pharmaceutiques, etc. Dès que la deuxième vague a été annoncée en Europe, le président de la République a fait une sortie pour dire que nous ne pourrons pas en supporter une autre. Par la suite, les cas ont augmenté au Sénégal. Pourtant, des évènements comme le Magal de Touba ont mobilisé énormément de personnes, sans que les cas ne grimpent de manière exponentielle. C’est le monde entier qui est en train d’être manipulé.
 
Je considère qu’il n’y a pas de deuxième vague au Sénégal. Les chiffres sont manipulés. D’ailleurs, j’ai créé un collectif appelé Non au vaccin de la mort. Ils veulent exterminer les Africains, comme ils l’ont fait avec les Amérindiens. Nous allons sensibiliser les Sénégalais pour que ce vaccin fasse long feu au Sénégal et en Afrique. Il faut être prudent, car des hommes de science comme le Dr Didier Raoult et le Dr Christian Perron sont d’avis que ce vaccin est dangereux. C’est le rôle de l’intellectuel d’éclairer son peuple.
 
Lamine Diouf
Section: