L'action Facebook est en chute libre
Une récente étude d'Ipsos et Reuters, mettant à mal la capacité de Facebook à monétiser son audience, ne va pas arranger les affaires de Facebook. Deux semaines après son entrée en Bourse, l'action de la société n'en finit pas de plonger. A tel point que les investisseurs se demandent où s'arrêtera la chute. Lundi, l'action est tombée à 26,44 dollars, plus de 30% en dessous du prix d'introduction de 38 dollars. L'action rebondissait mardi à l'ouverture (+1,41% à 27,28 dollars) mais retombait autour de 26,60 dollars dans l'après-midi. La capitalisation du réseau social est désormais tombée sous les 60 milliards de dollars.
"Il est difficile de trouver des arguments pour garder l'action aujourd'hui", remarque Carlos Kirjner, analyste de Bernstein Research, dans une note d'analyse. M. Kirjner vise un prix de 25 dollars sur les 12 prochains mois, mais juge qu'un plausible ralentissement des recettes de Facebook pourrait "placer l'action sous encore plus de pression".
"Il y a des signes réels que Facebook pourrait avoir des problèmes et s'avérer un investissement désastreux", renchérit Oliver Pursche, de Gary Goldberg Financial Services, un gestionnaire de fortune de New York. "Nous avons conseillé aux gens de ne pas acheter le titre parce que nous ne savions pas et nous ne savons toujours pas comment il était valorisé", précise-t-il.
Depuis que le titre est en chute libre, Facebook a entraîné des pertes d'environ 4,6 milliards de dollars pour les investisseurs ayant acheté l'action du groupe. Les prévisions des analystes vont dans tous les sens, de 10 dollars à près de 50 dollars l'action d'ici à la fin de l'année. Des prédictions qui témoignent de l'incertitude sur la capacité de l'entreprise à transformer une audience de près d'un milliard de personnes en revenus, à travers de la publicité par exemple. Le géant de l'internet Google avait lui réussi à le faire par la publicité associée aux mots-clés dans son moteur de recherche.
L'analyste Carlos Kirjner s'attend à ce que "la croissance du chiffre d'affaires de Facebook sur les douze prochains mois se stabilise au mieux, voire plus probablement décélère". Outre les questions sur le potentiel du groupe en termes de revenus, M. Pursche souligne que, vu la performance du titre, les gestionnaires de portefeuille n'en veulent probablement pas dans leurs actifs alors qu'ils préparent leurs rapports de résultats du deuxième trimestre, qui se termine fin juin.
Pour Trip Chowdhry, de Global Equities Research, le problème est que le prix de l'introduction en Bourse était "totalement inadéquat". Pour lui, il aurait dû se situer entre 10 et 15 dollars, pas à 38 dollars. De plus en plus d'analystes commencent à recommander l'achat du titre à mesure qu'il chute et devient bon marché. Mais MM. Pursche et Chowdhry estiment que la descente du titre pourrait continuer jusqu'à ce que l'entreprise fasse la lumière sur les questions qui se posent encore sur son orientation et ses perspectives de revenus. "Les investisseurs veulent notamment savoir quel pourcentage actuel du chiffre d'affaires vient des actionnaires actuels, qui comprennent Microsoft et le fabricant de jeux vidéos en ligne Zynga", note M. Chowdhry.