Publié le 14 Oct 2021 - 16:25
ÉTATS-UNIS

Le Congrès repousse la menace immédiate d’un défaut de paiement

 

Le texte approuvé mardi éloigne, jusqu’à la fin de novembre, une bataille parlementaire, qui s’annonce épique, sur les finances des Etats-Unis.

 

Le Congrès américain a accepté, mardi 12 octobre, de relever temporairement le plafond de la dette des Etats-Unis jusqu’à la fin de l’année. Ce vote offre un répit à la première économie mondiale, avant une nouvelle bataille politique qui s’annonce féroce pour éviter un défaut de paiement.

Grâce au seul soutien des élus démocrates (219 voix contre 206, toutes républicaines), la Chambre des représentants a adopté une mesure qui prévoit de relever la limite d’endettement des Etats-Unis de 480 milliards de dollars (environ 415 millions d’euros). Déjà approuvé par le Sénat la semaine dernière, ce texte sera transmis dans la foulée à Joe Biden, qui le promulguera au plus vite, selon la Maison Blanche.

Cela permettra au pays d’honorer ses paiements jusqu’en décembre, voire au tout début de 2022, éloignant la perspective d’un défaut de paiement aux conséquences catastrophiques pour la première économie mondiale et le reste du monde. Si cette mesure n’avait pas été adoptée, le pays aurait pu se retrouver en cessation de paiement dès le 18 octobre, avait mis en garde le Trésor.

Les républicains refusent de donner un chèque en blanc à Biden

Son adoption a fait l’objet d’un intense bras de fer au Sénat, qui avait finalement approuvé cette solution temporaire, jeudi , grâce à la très courte majorité démocrate.

« Nous ne pouvons tolérer que la politique partisane prenne en otage notre économie, et nous ne pouvons permettre que la routine du paiement de nos factures vire à une épreuve de force politique, sapant la confiance, tous les deux ans ou tous les deux mois », avait fulminé la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, face à l’opposition des républicains.

Ces derniers refusent en effet d’approuver toute mesure à long terme pour relever le plafond de la dette, car ils affirment que cela reviendrait à donner un chèque en blanc à Joe Biden pour financer ses vastes plans d’investissements. Ces plans n’ont toutefois pas encore été adoptés par le Congrès et relever la limite d’endettement sert donc à rembourser des sommes déjà empruntées, dont des milliers de milliards de dollars dépensés sous la présidence Trump.

Le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, exhorte désormais les démocrates à parvenir – seuls – à une solution durable d’ici à décembre grâce à une voie législative complexe. Mais le camp du président, Joe Biden, refuse jusqu’ici d’utiliser cette manœuvre « trop risquée » pour la dette.

La crainte d’une « onde de choc »

Le texte approuvé mardi ne fait donc que repousser jusqu’à la fin de novembre une bataille parlementaire qui s’annonce épique sur les finances des Etats-Unis. Ce bras de fer au Congrès sera d’autant plus tendu qu’il se fera en même temps que les négociations pour approuver un nouveau budget avant le 3 décembre.

Si les parlementaires ne se mettent pas d’accord avant cette date, les financements de l’Etat fédéral seront soudainement coupés (le shutdown), poussant des centaines de milliers d’employés au chômage technique. La forte probabilité de voir les Etats-Unis replonger dans la même incertitude financière d’ici à décembre est loin de rassurer les institutions et les marchés.

La présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, a lancé une mise en garde mardi : si à terme le plafond de la dette n’était pas relevé de manière plus durable, l’impact serait « énorme » et les Etats-Unis connaîtraient notamment « une perte de six millions d’emplois ».

« Un défaut de paiement provoquerait une onde de choc à travers les marchés financiers mondiaux », a-t-elle soutenu. La chef démocrate a été interrogée sur l’idée d’extraire la décision de relever le plafond de la dette des batailles politiques en transférant cette autorité depuis le Congrès vers le Trésor.

« Cela semble plaire à certains des deux côtés de l’hémicycle », a-t-elle répondu. Mais une telle réforme aurait beaucoup de mal à être approuvée par le Congrès actuel.

Le Monde avec AFP

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