Publié le 25 Jun 2012 - 13:12
EGYPTE

Mohamed Morsi, frère modèle devenu président

Il incarne à lui seul l'aboutissement de quatre-vingt-quatre ans d'efforts collectifs, d'oppression et de sacrifices. Près d'un siècle de pensée politique et religieuse tendue vers la conquête du pouvoir et l'instauration d'un Etat islamique moderne par les Frères musulmans égyptiens, enfin arrivés au pouvoir par le truchement de Mohamed Morsi.

 

On aurait pourtant peine à trouver quoi que ce soit de flamboyant dans cet homme poupin qui, de conférences de presse en réunions politiques, manie avec insistance la langue de bois impénétrable et ambiguë à laquelle souscrivent la plupart de ses compagnons. Figure peu charismatique projetée par accident dans un costume de président, Mohamed Morsi n'est ni un animal politique ni un idéologue. Plutôt un cadre de parti discret sachant adopter un profil bas pour mieux servir ses idéaux.

 

Rien à voir avec son adversaire du second tour, Ahmed Chafik, ancien pilote de chasse, athlétique, nommé premier ministre par Hosni Moubarak avant son éviction, tout en élégance sport-chic. Cette candidature improbable a même donné un temps de faux espoirs aux partisans de l'ancien régime, convaincus que leur champion pourrait l'emporter sur le fil contre un homme qui n'avait l'air de rien.

 

ABNÉGATION DU MILITANT

Mais en accédant à la présidence de l'Egypte, dimanche 24 juin, le terne islamiste consacre le triomphe d'une stratégie payante : celle qui a conduit les Frères musulmans à renoncer à la violence et à attendre leur heure jusqu'à être portés au pouvoir par la volonté du peuple, récoltant ainsi les fruits de décennies de prosélytisme. Attendre, endurer, négocier, se soumettre, résister, ruser : autant de valeurs que Mohamed Morsi porte en lui avec l'abnégation du militant.

 

Nul ne s'y trompe : avant d'être le président du Parti de la justice et de la liberté fondé par les Frères musulmans qui étaient jusqu'alors privés de vitrine politique légale, au lendemain de la révolution, il est d'abord le rouage d'une machine restée dans les mains du guide suprême de la confrérie. Et le remplaçant accidentel d'un autre homme apparemment plus taillé que lui pour la fonction suprême. Khairat Chater, millionnaire et célèbre ancien prisonnier politique, était le grand favori de cette élection présidentielle avant de se faire éliminer de la course pour cause de casier judiciaire, sans doute à l'instigation des militaires. Il règne d'ailleurs toujours en maître sur l'organisation des Frères.

 

Lire la suite sur (...)

Section: 
PHÉNOMÈNE DE RETOUR AU POUVOIR D’ANCIENS DIRIGEANTS : Ces éternels ‘’phénix’’ à la reconquête du pouvoir  
Afrique du Sud : 4 500 mineurs illégaux coincés sous terre et assiégés par la police
Génocide des Tutsis : La justice administrative « incompétente » pour juger l’Etat français
Critiques au Mali
États-Unis : Les contours de la future politique étrangère de Donald Trump se dessinent
SOMMET ARABO-ISLAMIQUE DE RIYAD : Des actions concrètes contre l'agression israélienne  
ÉLECTION AMÉRICAINE - DONALD TRUMP ET L'AFRIQUE : Un ‘’Reset’’ face aux nouveaux défis géopolitiques
Ghana : Le Parlement suspendu pour une durée indéterminée à cause d'un différend juridique
Turquie  : L’attaque armée d’un bâtiment de l’industrie de la défense fait cinq morts et vingt-deux blessés près d’Ankara
Mali : Pas de liberté provisoire pour l'économiste Etienne Fakaba Sissoko
ELECTIONS AU TCHAD : Succès Masra hésite encore à participer aux élections législatives
DIPLOMATIE SENEGALAISE : Les errements de la tutelle
Cameroun : Face aux rumeurs, le gouvernement communique sur l'état de santé du président Paul Biya
EXIGENCE DE LA CARTE DE SÉCURITÉ SOCIALE : Le calvaire des Sénégalais vivant au Maroc
FRAPPES ISRAÉLIENNES À BÉZIERS : Des Libano-Sénégalais parmi les victimes
DEUX ATTAQUES REVENDIQUÉES PAR LE JNIM SECOUENT BAMAKO : Un nouveau chapitre de violence jihadiste au Mali
EXTRÉMISME VIOLENT : Confidences et analyses sur les facteurs de radicalisation des jeunes au Bénin
ISRAËL: Découverte à Gaza des corps de six captifs du 7 octobre, la centrale syndicale décrète une «grève générale»
Burkina Faso : Une partie des paramilitaires russes de la Brigade Bear quittent le pays
Drame en RDC