Mamadou Diop Decroix dénonce les ‘’manœuvres et combines’’ de Macky
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Le leader du parti And Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (AJ/PADS) s’est exprimé hier sur le récent remaniement ministériel. Pour Mamadou Diop Decroix, son parti n’est pas dans une logique de rejoindre le gouvernement. Il compte, par contre, rester dans une opposition ferme et résolue.
L’entrée de certaines formations politiques de l’opposition dans le gouvernement a créé un véritable bazar au sein de l’opposition regroupée au sein du Front de résistance nationale (FRN).
Hier, le secrétaire général d’And Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (AJ/PADS) a convoqué la presse pour dire qu’il est impensable que sa formation politique intègre le nouveau gouvernement. Mamadou Diop Decroix déclare que son parti n’est pas dans des logiques, ni dans des dynamiques de participer à la gouvernance du président de la République. Le bilan des 8 ans de Macky Sall, dit-il, montre amplement que ni ses orientations, ni ses politiques, ni la qualité de sa gouvernance n’ont été des bases fiables pour conduire le pays à un mieux-être.
Ainsi, son parti conserve la même posture qu’en mars 2012, après l’accession de Macky Sall au pouvoir. Celle-ci, rappelle-t-il, consistait à être une opposition ferme et résolue. A ses yeux, la démarche du leader de l’Alliance pour la République dépasse le niveau national. ‘’Le président Sall est plutôt dans une construction politique de portée stratégique. C’est pourquoi il est juste de dire que nous sommes à un nouveau tournant politique qui s’élabore sous nos yeux, y compris dans les officines étrangères les plus insoupçonnées et beaucoup de ce qui y prennent part au plan national dans ces combinaisons ne servent souvent que de condiments dans une cuisine où ils finiront à coup sûr par être mangés’’, avertit le membre du Front de résistance nationale.
D’après son constat, le régime en place s’engage dans une voie sans issue, du moins pour le peuple. ‘’L’obsession du président de la République devrait être aujourd’hui la résolution des questions lancinantes du chômage et du sous-emploi de cette jeunesse qui meurent par centaines, voire par milliers dans les mers et dans le désert ou qu’on vend comme du bétail sur les marchés libyens’’, s’indigne le parlementaire.
Decroix estime, en outre, que la hantise du président Macky Sall devrait être de résoudre le problème de la faim et de la malnutrition dans le pays, avec une agriculture, regrette-t-il, délaissée. Ce qui entraine la dégringolade de son poids dans le PIB de 15 % en 2012 à, à peine 10 % aujourd’hui, là ou des pays africains font des taux de 30 % ou plus de leur agriculture dans leur produit intérieur brut.
Le membre de l’opposition invite également le chef de l’Etat à prendre en compte la situation sécuritaire et ‘’explosive’’ qui prévaut en Afrique de l’Ouest, pour prévenir les risques de contamination qui planent sur le pays. ‘’C’est de tout cela qu’un président de la République du Sénégal devrait s’occuper, plutôt que de se lancer dans des stratégies, des combinaisons, des combines et des manœuvres où vous ne rencontreriez le moindre grain d’intérêt pour le plus grand nombre de Sénégalais. Certains diront, en est-il capable ? La capacité ou non d’une personne se mesure à l’aune du projet qu’il porte. Macky Sall ne porte pas un projet de réhabilitation de notre pays et de notre peuple. Le projet qu’il porte est de servir des intérêts aux antipodes de ceux du peuple tout entier, tout en restant d’une manière ou d’une autre aux commandes du pays’’, poursuit le député.
D’après l’ancien ministre sous Wade, le président Sall devrait savoir que c’est le peuple sénégalais lui-même qui n’en peut plus. Aux yeux de Mamadou Diop Decroix, ‘’aucune combine ne donnera du travail aux millions de jeunes qui en demandent, ne remplira le ventre des millions de nos compatriotes qui ont faim, ne soignera ceux qui sont malades, ne dispensera le savoir aux millions d’enfants qui ne peuvent fréquenter une école de qualité’’.
Le leader d’AJ/PADS estime ainsi que l’urgence du pays, à partir du moment où il n’y a rien à attendre du pouvoir en place, est de retrouver des règles démocratiques et consensuelles de dévolution du pouvoir susceptibles d’assurer le respect du choix du peuple sénégalais, le moment venu.
Pour ce faire, il est d’avis que l’écrasante majorité du peuple sénégalais, qui ne se retrouve pas dans la politique en cours, devrait s’organiser pour résoudre les problèmes du pays. ‘’Quant à l’opposition, il lui faudra trouver des formes plus élaborées d’unité d’action, particulièrement sur la question des élections, tout en se tenant plus fermement aux côtés des populations dans leur combat quotidien’’, recommande le parlementaire.
Problématique du dialogue
Mamadou Diop Decroix, dont la formation politique est partie prenante du dialogue national, trouve insensé le motif de ces concertations pour justifier l’élargissement du gouvernement à l’opposition. ‘’C’est totalement indu. Le dialogue n’est pas achevé pour qu’on puisse l’évoquer en quoi que ce soit, car hormis la commission politique qui a déposé un rapport d’étape et non final, aucune autre commission n’a remis son rapport’’. Le membre du FRN indique, d’ailleurs, qu’aucune des questions clés du front n’a connu de consensus au niveau de ces travaux.
A ce dialogue, rappelle-t-il, ‘’le camp du pouvoir s’est opposé à l’organe indépendant chargé d’organiser les élections, a rejeté la suppression de l’article 80 du Code pénal et le délit d’offense au chef de l’Etat qui permet à l’Exécutif d’envoyer en prison tout opposant qu’il désire embastiller. Il a rejeté la proposition de l’opposition concernant le cumul du chef de l’Etat, chef de parti et a aussi récusé le bulletin unique, sans compter la question du parrainage qui justifie le combat pour que Karim Wade et Khalifa Sall recouvrent leurs droits civils et politiques’’.
A en croire Diop Decroix, sur toutes ces questions, les Sénégalais étaient en droit de s’attendre à des réponses du président de la République. ‘’C’est pourquoi il faut craindre le pire, avec le statu quo. Notre souci fondamental, en participant au dialogue voulu par le président de la République, a été invariablement la résolution de cette question ainsi que celle liée à un respect strict des libertés constitutionnelles, y compris le droit à la manifestation de rue. La supposée règle de base du dialogue politique était de déboucher sur de nouveaux consensus susceptibles de protéger le pays de violences électorales. Tel que les choses semblent aller, il ne faut pas s’attendre à des accords. Par conséquent, l’opposition doit à nouveau se préparer à livrer bataille pour des élections libres, sincères et honnêtes’’, fait-il savoir.
HABIBATOU TRAORE