Publié le 10 Apr 2014 - 00:43
FRANCE - DEUX LICENCIÉS D'HISTOIRE AU GOUVERNEMENT

Le niveau des ministres baisse-t-il ?

 

Le remaniement a vu la baisse du niveau de certification du Premier ministre et du ministre de l'Education nationale. Claude Lelièvre, historien de l'éducation, nous rafraichit la mémoire, et dresse la liste des diplômes des ministres de l'éducation de la Vème.

 

On pourrait croire que le niveau des ministres de la Ve République baisse en voyant deux licenciés d'histoire, Manuel Valls et Benoît Hamon, succéder à un certifié d'allemand, Jean-Marc Ayrault, et à un agrégé de philosophie, Vincent Peillon, respectivement à Matignon et à l'Education nationale.

Les Premiers ministres énarques surreprésentés

Mais, à titre de comparaison, quelles ont été les ''certifications'' des 21 Premiers ministres successifs de la Ve République? Michel Debré (docteur en droit), Georges Pompidou (ENS, agrégation de lettres classiques), Maurice Couve de Murville (concours de l'inspection des finances), Jacques Chaban-Delmas (diplôme d'études supérieures d'économie politique), Pierre Messmer (docteur en droit), Jacques Chirac (ENA), Raymond Barre ( agrégation de droit et sciences économiques), Pierre Mauroy (Ecole normale d'apprentissage), Laurent Fabius (ENS+agrégation de lettres modernes+ENA), Jacques Chirac (ENA), Michel Rocard (ENA), Edith Cresson (diplômée d'HEC-filles), Pierre Bérégovoy (CAP d'ajusteur), Edouard Balladur (ENA), Alain Juppé (ENS, puis agrégation de lettres classique et ENA), Lionel Jospin (ENA), Jean-Pierre Raffarin (licence de droit), Dominique de Villepin (ENA), François Fillon (DEA en droit public), Jean-Marc Ayrault (CAPES d'allemand), Manuel Valls (licence d'histoire).

La période des Premiers ministres énarques s'ouvre avec Jacques Chirac, de mai 1974 à août 1976. Elle se poursuit de façon presque ininterrompue de juillet 1984 à mai 2002, une période longue de 18 ans (à l'exception du court intermède Edith Cresson et Pierre Bérégovoy qui a lieu de mai 1991 à mars 1993): d'abord le trio Laurent Fabius, Jacques Chirac et Michel Rocard (de juillet 1984 à mai 1991); puis le trio Edouard Balladur, Alain Juppé et Lionel Jospin (de mars 1993 à mai 2002). Cette période des Premiers ministres énarques se termine avec Dominique de Villepin (de mai 2005 à mai 2007). En 33 ans, de 1974 à 2007, Matignon a passé 20 ans sous la direction d'un énarque.

On notera par ailleurs une certaine diversité de la "densité" des certifications des Premiers ministres qui peut aller du CAP d'ajusteur de Pierre Bérégovoy, certes exceptionnel, jusqu'aux cumuls eux aussi exceptionnels d'Alain Juppé et de Laurent Fabius, passés par l'ENS, puis une agrégation de lettres classiques, pour finir par l'ENA.

Les agrégés aiment l’Éducation nationale

Quelles ont été de leur côté les certifications des 26 ministres de l’Éducation nationale successifs sous la Ve République ? Jean Berthoin (licence en droit), André Boulloche (Polytechnique), Louis Joxe (agrégation d'histoire), Lucien Paye (ENS, agrégation de lettres classiques), Pierre Sudreau (licence en lettres et en droit), Christian Fouchet (licence en droit), Alain Peyrefitte (ENS et ENA), Edgar Faure (agrégation -du supérieur- de droit), Olivier Guichard (licences de droit et de sciences politiques), Joseph Fontanet (HEC), René Haby (agrégation de géographie), Christian Beullac (Polytechnique), Alain Savary (baccalauréat), Jean-Pierre Chevènement (ENA), René Monory (brevet industriel), Lionel Jospin (ENA), Jack Lang (agrégation - du supérieur- de droit public et sciences politiques), François Bayrou (agrégation de lettres classiques), Claude Allègre (chercheur en sciences, médaille d'or du CNRS), Luc Ferry, agrégation de philosophie, et agrégation - du supérieur- des sciences politiques), François Fillon (DEA en droit public), Gilles de Robien (capacité en droit), Xavier Darcos (agrégation de lettres classiques), Luc Chatel (DESS de marketing), Vincent Peillon (agrégé de philosophie), Benoît Hamon (licence d'histoire).

Un tiers de ces 26 ministres de l'Education nationale ont été professeurs. Il est remarquable qu'ils sont tous agrégés : deux en droit ou sciences politiques; un agrégé de géographie et un agrégé d'histoire, deux agrégés de philosophie, trois agrégés de lettres classiques. Tout se passe comme s'il était hors de question que des enseignants d'un autre "rang" puissent être à la tête du ministère de l'Education nationale.

Mais pour les non-enseignants, la licence peut manifestement suffire, et elle est d'ailleurs le diplôme le plus souvent détenu dans ce cas de figure. Avec sa licence d'histoire, Benoît Hamon n'est donc pas hors norme, mais à condition qu'il n'envisage pas de se faire valoir comme enseignant, même occasionnel...

Les temps changent

D'un côté, un tiers d'agrégés et trois énarques (Peyrefitte, Chevènement, Jospin) à l'Education nationale. De l'autre côté, à l'inverse, un tiers d'énarques, dont deux agrégés de lettres, Fabius et Juppé, et l'agrégé de lettres classiques Gorges Pompidou pour les 21 Premiers ministres.

Il n'y avait eu jusqu'alors qu'un seul moment où le Premier ministre et le ministre de l'Education nationale ont eu la même "qualification": de mai 1988 à mai 1991 avec Michel Rocard et Lionel Jospin, tous deux énarques. On se retrouve pour la seconde fois dans le même cas de figure aujourd'hui, avec le Premier ministre Manuel Valls et le ministre de l'Education nationale Benoît Hamon qui disposent tous deux aussi de la même ''qualification'', mais jusqu'ici totalement inédite : la licence d'histoire. Les temps changent.

Lexpress.fr

 

 

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