Publié le 4 Jun 2012 - 13:29
FRANCE

Le «dépeceur» de Montréal est à Paris 

 

 

Il est en région parisienne. Ou il y est passé tout récemment. Recherché par la police française, Luka Rocco Magnotta, alias le «dépeceur canadien», a été vu, et a laissé de nombreuses traces de son passage, dans le quartier des Batignolles ainsi qu’à Bagnolet, selon des sources proches de l’enquête. De quoi laisser espérer une arrestation rapide de celui qui est accusé d’avoir tué et démembré à Montréal un étudiant chinois.

 

Dans cette affaire, tout a commencé, mardi 29 mai, dans le quartier de la Côte-des-Neiges, à Montréal, par la découverte, dans une valise jetée sur un tas de poubelles, d’un torse humain décapité. Le même jour, un colis contenant un pied en état de décomposition est ouvert au siège du Parti conservateur canadien. Un autre paquet contenant une main, destiné au Parti libéral, est intercepté par la poste. Rapidement, la police fait le lien et découvre, pas très loin de la valise, l’appartement où a été commis le crime. La scène est horrible : des morceaux de chair humaine sont collés aux murs, ainsi que sur le réfrigérateur. «Les enquêteurs qui étaient sur place font ce métier depuis plus de trente ans et ils n’ont jamais rien vu de tel», fait savoir un porte-parole de la police.

Pic à glace. Pire encore, le crime a été filmé. Dans une vidéo postée le 25 mai sur le site internet Best Gore, et intitulée 1 Lunatic 1 IcePick («un fou et un pic à glace»), on y voit un homme nu, ligoté sur un lit, tué à l’aide d’un pic à glace, le démembrement de son corps ainsi que des «scènes de mutilation et d’actes sexuels si morbides que certains policiers, pourtant endurcis, ont été incapables de les regarder», dixit la presse québécoise. En fond sonore, True Faith du groupe New Order, la chanson qui accompagne le début du film American Psycho. Dans un premier temps, la police avait cru à une mise en scène. Mais une fois le lien fait avec les morceaux de cadavre et l’appartement, elle reconnaît qu’il s’agit du crime.

 

Le locataire de l’appartement, et principal suspect, a 29 ans et s’appelle Luka Rocco Magnotta. Mais il est connu sous plusieurs identités. Jusqu’en 2006, il s’appelait officiellement Eric Clinton Newman, et a ensuite changé de nom. Il s’est aussi présenté sous le pseudo de Vladimir Romanov. En plus d’être un fan de films violents, l’homme est connu pour avoir été mannequin, concurrent de plusieurs émissions de télé-réalité ainsi qu’acteur dans des films pornographiques. Et peut-être prostitué, selon des médias canadiens. Il est surtout soupçonné d’avoir mis en ligne en 2010 plusieurs vidéos montrant des petits chats se faisant tuer, notamment par asphyxie. Très présent sur Internet, il a publié un blog dans lequel il se disait nécrophile. Un autre où il détaillait une méthode permettant de disparaître en rompant graduellement avec toutes ses connaissances pour commencer une nouvelle vie. La victime, elle, s’appelle Jun Lin. Il s’agit d’un étudiant chinois, présent au Québec depuis plusieurs mois. Il aurait suivi volontairement Magnotta chez lui, probablement pour avoir des relations sexuelles.

 

Sacs vomitoires. Le 26 mai, celui que la presse canadienne surnomme «le dépeceur», prend l’avion pour s’envoler vers Paris. Pendant quelques jours, on pense qu’il n’a fait que passer, mais la police trouve de nombreuses traces de son passage jusqu’à vendredi. Il aurait d’abord été hébergé chez une connaissance à Clichy-la-Garenne, dans les Hauts-de-Seine, avant de fréquenter le XVIIe arrondissement. Il aurait ainsi logé à l’Hôtel des Batignolles et fréquenté le bar Le petit Batignolles, où il aurait été vu en présence d’un homme qu’il semblait connaître. Il se serait ensuite rendu dans un hôtel de Bagnolet. Selon une source proche de l’enquête, la police a trouvé dans sa chambre d’hôtel des revues pornographiques et des sacs vomitoires de la compagnie aérienne empruntée par Magnotta pour venir en France. Autre indice, le téléphone portable du suspect a été repéré, grâce à une borne relais, dans le quartier de la Bastille.

 

La police est maintenant optimiste sur son arrestation prochaine. Selon elle, Magnotta devrait être à court d’argent, et donc plus vulnérable. Il serait ainsi à l’origine de deux vols au moins à Paris, notamment dans une parfumerie. 

 

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