Bassirou Diomaye Faye célèbre un héros national
Ce jeudi 12 décembre 2024, la ville de Thiès a vibré au rythme de l'histoire et de la culture à travers des prestations culturelles. Venu présider l'inauguration du mémorial de Lat Dior Ngoné Latyr Diop, le président a été accueilli par les chefs d'établissement, les élèves, les autorités de la région et une foule nombreuse.
Hier à Thiès, le président de la République a salué l’initiative du conseil municipal d’ériger un magnifique monument à la mémoire de Lat Dior Ngoné Latyr Diop, figure centrale de notre panthéon national. Puisque ses hauts faits d’armes dans la résistance anticoloniale en ont fait un héros national du Sénégal. Le damel du Cayor a tenu tête à la France coloniale durant plus d’un quart de siècle, accomplissant cet exploit avec des moyens techniques et militaires relativement limités, dans un contexte d’offensive généralisée des puissances impériales européennes décidées à se partager l’Afrique, déjà durement éprouvée par le commerce atlantique de la traite des esclaves.
‘’Partout sur cette terre d’Afrique, ce monument commémoratif aurait pu trouver sa place, mais nulle part mieux qu’à Thiès il ne pouvait être érigé. Il fait écho à l’avenue éponyme du héros national, déjà située au cœur de son espace urbain’’, a souligné le chef de l’État. Avant de citer quelques-uns des hauts faits de cette figure emblématique de notre histoire. ‘’Le fin stratège qu’il fut était doublé d’un homme politique avisé. Son refus de transiger sur la souveraineté du Cayor l’a poussé à refuser la construction du chemin de fer par la colonie. Dékheulé où il rencontre son destin relève plus des divisions de la classe politique du royaume que de la puissance de feu de l’armée coloniale. Il y est tombé les armes à la main, faisant sienne la devise des preux : ‘On nous tue, on ne nous déshonore pas’’’, a rappelé le président Faye.
‘’L’initiative du maire Babacar Diop est à citer en exemple à tous les édiles des collectivités locales qui, en cohérence avec l’État, auront à concevoir et mettre en œuvre une politique novatrice de soutien aux industries culturelles. Accompagner les artistes et les créateurs culturels participe à bâtir notre patrimoine matériel et immatériel, levain incontournable de notre vivre-ensemble. Au-delà de la dimension esthétique, l’œuvre que nous inaugurons aujourd’hui, à l’image de tant d’autres produits de l’imagination créatrice de nos artistes, cinéastes et littéraires, est porteuse d’une efficace fonction pédagogique, dans la transmission de nos valeurs et vertus les meilleures’’, a salué Bassirou Diomaye Faye.
Le président de la République souhaite que l’école s’empare de cette mémoire, pour former en la jeunesse les bâtisseurs d’une nation souveraine et ouverte aux idéaux du panafricanisme. Il déclare : ‘’Le parrainage de nos rues, de nos places publiques, de nos infrastructures sportives et culturelles, de nos écoles et édifices publics et privés est appelé à davantage puiser ses noms dans ce patrimoine partagé, ce socle de références collectives sur lesquelles s’édifient notre imaginaire national et nos convictions patriotiques.’’ Car, souligne-t-il, ‘’continuer à faire patrie, c’est renforcer la perspective de l’unité à partir de toutes les sources qui alimentent la mémoire nationale, forte de sa diversité. Aujourd’hui, nous célébrons Lat Dior Ngoné Latyr Diop dans une ville où se sont écrites des pages glorieuses de notre histoire’’.
En effet, la cérémonie d’hier s’inscrit dans la longue tradition de célébration de ce héros de la lutte anticoloniale. ‘’Les récits épiques transmis de génération en génération par les maîtres de la parole et les travaux des historiens ont fourni matière à travailler aux artistes, aux dramaturges, aux poètes, qui en ont tiré des œuvres créatrices de nos imaginaires collectifs’’, fait remarquer le chef de l’État.
Relance des chemins de fer
Dans son discours, le maire de la ville a remercié le chef de l'État d'avoir accepté de venir présider cette cérémonie en l'honneur d'un digne fils du Cayor (Lat Dior Diop). Il a également profité de l'occasion pour revenir sur le massacre au camp de Thiaroye et les efforts des nouvelles autorités pour réhabiliter ces héros.
Dans la foulée, le maire de la ville de Thiès a rappelé l'histoire du massacre des cheminots avant de promettre, l'année prochaine, d'initier une journée en leur honneur.
En somme, le Dr Babacar Diop n'a pas manqué de rappeler au chef de l'État les attentes des Thiessois, notamment la relance des chemins de fer. ‘’En ce jour mémorable, Thiès et ses environs accueillent la République splendide, à travers son président, S. E. Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Tout est gloire en ce jour de souvenir, l’accueil d’un nouveau président de la République dans les régions et la célébration du symbole de notre fierté nationale. Au nom de notre conseil municipal et des populations de Thiès, je voudrais, très sincèrement, vous remercier d’avoir accepté notre invitation pour inaugurer le mémorial Lat Dior Ngoné Latir Diop, le grand héros de notre résistance nationale. La ville de Thiès, insoumise, mais jamais ingrate, vous sera toujours reconnaissante de la considération que vous lui avez manifestée’’.
Puis, s’adressant au chef de l’État, il a poursuivi : ‘’Le massacre de Thiaroye en 1944, que vous venez de célébrer, constitue un témoignage de votre engagement pour la restauration de la dignité des peuples opprimés. C’est pourquoi nous adhérons à votre combat pour faire la lumière, toute la lumière sur les crimes de Thiaroye 44. Ainsi, nous sollicitons votre leadership pour faire la lumière sur le massacre des cheminots du 27 septembre 1938, ici à Thiès. L’année prochaine, la ville de Thiès a décidé de rendre hommage à ces cheminots martyrs de 1938. Un comité scientifique sera mis en place très prochainement pour préparer cette commémoration.’’
En écho à cette demande, le chef de l’État a souligné : ‘’Thiès est aussi la ville des cheminots qui se sont illustrés dans tous les combats pour la liberté et la justice sociale. Ils ont payé au prix fort cet engagement militant. Sembène Ousmane a immortalisé la longue grève des cheminots de 1947 dans une œuvre devenue classique, ‘’Les bouts de bois de Dieu’’. Moins connue est la grève de 1938 qui s’est achevée dans un bain de sang le 27 septembre. Un autre massacre colonial que vous avez immortalisé avec l’érection d’un monument au bout de l’avenue Aynina Fall, à l’entrée de la cité Ibrahima Sarr, du nom des leaders de la grève de 1947. Nous étions au crépuscule du Front populaire. Les prodromes des heures sombres de la Deuxième Guerre mondiale assombrissaient l’horizon.’’