Publié le 21 Feb 2024 - 10:03

Inquiétudes et libre opinion d’un militant des droits de l’homme

 

* Le Sénégal a été considéré comme le pays le plus stable en Afrique, en raison de ses valeurs républicaines et de son ancrage à la démocratie ainsi qu'à l'État de droit.

* Tous les régimes politiques qui se sont succédé ont pu conjurer les crises politiques , grâce à l'usage d'une violence d'État strictement proportionnée et nécessaire au rétablissement de l'ordre et de la sécurité publique.

* Celui qui nommait aux emplois civils et militaires disposait de la force publique, mais avait toujours à l’esprit la primauté du droit, l’impérieuse nécessité du respect de l'équilibre des pouvoirs, la cohésion sociale dont le cousinage réel ou mythique était un socle garant de la paix et de la stabilité.

* La paix et l’image du Sénégal étaient à leurs yeux inestimables; la concertation, le dialogue national ou la médiation valaient leur pesant d'or et rétablissaient toujours une entente durable ainsi que la cohésion.

* Malheureusement, le pays a sombré dans les bas-fonds d’une déchéance démocratique, de l’effondrement de l’État de droit, de la dégénérescence de l'ensemble de ses institutions, de la décadence culturelle et, jamais le peuple sénégalais n’a été victime d’autant de cruautés et d'atteintes aux libertés, dans l’exercice d’un pouvoir d'État par des personnes qu'il a élues pour le servir.

* Les libertés publiques et le droit à la justice, la liberté d’expression jusqu’à la liberté de penser, la liberté et le droit d'association, ont été confisqués par des hommes politiques et des magistrats; le sang a coulé à flots pour la confiscation du pouvoir, une ligue des institutions ayant, à n’en pas douter, une unité de dessein s’est créée et renforcée, pour contenir le désir, le choix et l’aspiration des Sénégalais à une rupture et à un changement structurel.

* L’appel au dialogue ne doit nullement occulter la face hideuse de Janus, et être une occasion pour continuer intelligemment de laisser la bride autour du cou d’innocentes victimes, avec des libertés provisoires en lieu et place de non-lieux qui restituent la dignité humaine et mettent fin à l'injustice collective parce que, vécue et ressentie par tous ceux qui, au Sénégal comme hors de nos frontières, ont suivi les événements douloureux.

* Par ailleurs, le Conseil Constitutionnel a, une fois de plus, raté son rendez-vous avec le peuple, lequel lui assigne le devoir de veiller sur le respect de la constitution et des valeurs qu'il a lui même bien énoncées à l’Attendu 19 de sa décision 1/C/24, rendue le 15 février 2024, car l’attendu 20 suivant laisse un goût d’inachevé et une incertitude, qui ne pérennisent  pas la relative stabilité observée par les citoyens depuis qu’il a été saisi de la question sous-jacente du respect du calendrier électoral.

* La réponse à cette dernière question était pourtant tranchée et scellée, lorsque le Conseil a annulé la loi votée par l'Assemblée Nationale et le décret abrogeant celui qui avait fixé la date des élections au 25 février 2024, car le décret d’abrogation disparaissait avec ses effets juridiques, et celui abrogé était désormais censé ne l’avoir jamais été.

* Ainsi, Vu l’intérêt majeur du contentieux qui lui était soumis, ainsi que ce qui pouvait être considéré comme une évidence  à savoir que la loi votée par l'Assemblée nationale était incompatible et inconciliable avec d'autres dispositions de la constitution et la sacralité de la disposition tripotée, le Conseil Constitutionnel a aussi tardé à rendre sa décision, alors que  l’hypothèse d’un second tour n’est pas exclue par la loi électorale, même si les Sénégalais ont massivement exprimé leur choix d’en finir avec le système actuel dès les premières heures du scrutin.

* Si le scrutin est transparent et loyal, le Conseil Constitutionnel n’aura probablement pas à proclamer les résultats définitifs au delà du 2 Avril 2014, ni à s’inquiéter d’un peu probable second tour.

* Par ailleurs, le 20 ème attendu de la décision du Conseil Constitutionnel est une boîte de Pandore. Si aucune date n’est fixée pour le jour de l’élection conformément aux lois en vigueur et pour la reprise à zéro de la campagne électorale le 25 février 2024, la situation sera davantage plus confuse, chaotique, et les effets pervers du coup d’Etat institutionnel avorté se feront sentir, sans compter le risque pour le nouveau Président élu de ne pas présider la fête de l’indépendance du 4 Avril 2024.

* Les peuples mûrissent toujours des épreuves cruelles que leur font endurer ceux qui ont la charge et la mission de les servir. Ils apprennent de leurs erreurs dans le choix de leurs dirigeants politiques et le mode de désignation de leurs juges.

Ciré Clédor Ly Avocat à la Cour

Section: 
ÉGALITÉ EN DANGER : L’alerte d’Onu Femmes
DU CAPITAL A LA CONNAISSANCE : Transformer la fuite en source, le Brain Drain en Brain Gain
Un cri de cœur pour les clubs sénégalais : Sauvons notre football local  
Matériel agricole au Sénégal : Entre modernisation promise et réalité du terrain
La souveraineté en partage : La diaspora sénégalaise au cœur du financement national
Un champ est une école vivante : Ode à l’intelligence de la terre et à la pédagogie du vivant
Le PRES en partage : Le pacte de Monza entre Sonko et la diaspora
SERIE : LE MONDE TEL QUEL ! : L’ONU à 80 ans : Une occasion cruciale de renouveau
La tentation du parti-État : Un glissement révélateur
DE LA CONSOMMATION À L’INVESTISSEMENT : FAIRE DE LA DIASPORA LE MOTEUR DE LA CROISSANCE SÉNÉGALAISE
Ousmane Sonko en Italie : Quand la diaspora devient un pilier du projet national 
GESTION DES RISQUES : REFERENTIEL NOUVEAU POUR LE CONTROLE INTERNE DANS LES ENTITES PARAPUBLIQUES
Marchés agricoles : Entre autosuffisance et spéculation, l’ARM face à ses défis
PASTEF : Entre négligence de sa jeunesse et l’oubli de certains militants
Santé au Sénégal : Un droit bafoué, une urgence ignorée
Les Chroniques de la participation citoyenne : Pour une administration de mérite et de compétence, loin de la kleptocratie
UNE ETAPE CRUCIALE VERS UNE REDEVABILITE PLEINE ET ENTIERE
La CHINE, le Sud émerge avec le vent d’Est
1er REMANIEMENT MINISTERIEL
Les Priorités du Gouvernement Sonko 2!