L’avenir du gouvernement suspendu aux résultats du scrutin
Dans un mois, les 24 partis et coalitions de partis en lice vont se lancer à la course pour les élections législatives du 1er juillet. Mais peu d’entre eux auront la chance de franchir les grilles de l’hémicycle. La raison est à chercher, selon Tamsir Jupiter Ndiaye, chroniqueur politique à l’hebdomadaire Nouvel Horizon, aux résultats de la dernière présidentielle. «L’esprit public a changé, dit-il, et les Sénégalais ne veulent plus voir des députés somnambules qui, pour avoir été investis par le leader de leur propre parti, subissent une dictature de la part de ce dernier». Ndiaye pense qu’on va assister à une nouvelle configuration de l’Assemblée nationale où les choses devront se jouer entre trois pôles : la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY), le Parti démocratique sénégalais (PDS) et la coalition Bokk Gis Gis. «Les Sénégalais votent non pas sur la base des idées ou des programmes, mais par affection, analyse le chroniqueur. Les autres, les Sénégalais ne les connaissent pas».
«Le cas Hélène Tine»
Beaucoup de partis ou mouvements d'obédience religieuse vont prendre part aux législatives. Parmi eux, le Parti de la vérité pour le développement (PVD). «Voilà un parti dont le leader, Modou Kara et son épouse, Sokhna Dieng, sont respectivement premier et deuxième sur la liste. Ils ne peuvent pas créer la surprise parce que les Sénégalais ne veulent plus de la gestion familiale», explique Tamsir Ndiaye. En revanche, il y a «des noms qui vont faire mal» durant ces élections législatives. Comme celui de Hélène Tine, porte-parole de l’Alliance des forces de progrès (AFP). «L’électorat chrétien, qui a toujours voté pour Moustapha Niasse grâce à Hélène Tine, risque de payer cher la mise à l'écart de cette femme qui a été investie en bonne place par Bés Du Niakk de Mansour Sy Djamil.» Pour le chroniqueur, il y a un certain mystère autour du fait qu'une responsable politique de cette trempe soit zappée et lors de la formation du gouvernement et de la liste des députables de Benno Bokk Yaakaar (BBY). A contrario, il se dit surpris de constater sur cette liste «le nom de Farba Ngom (griot du président Macky Sall), très loin devant Abdou Mbow, coordonnateur des jeunes de l’APR». Mais au-delà de ces «erreurs» commises par BBY, cette coalition devra, selon M. Ndiaye, faire face à un autre défi à relever : conserver la majorité électorale acquise à la présidentielle du 25 mars.
«Probable crise politique»
A cet égard, Tamsir Jupiter Ndiaye demeure convaincu que cette alliance ne sera que de «courte durée» au regard des contradictions profondes entre ses membres. «Je vois mal le Parti socialiste s’accommoder des orientations de l’AFP au sein de l’Assemblée d’autant plus qu’on annonce Moustapha Niasse comme président de cette institution. Et vice-versa», explique-t-il. En d’autres termes, il s'agirait d'un compagnonnage circonstanciel puisque «Macky Sall a besoin d’une majorité pour gouverner». «Nous avons actuellement un gouvernement d’attente, dit-il. Si après les élections, certains partis ne sont pas représentés (à l’Assemblée nationale), ils seront forcément évincés du gouvernement.» D’où la «crainte d’une crise institutionnelle». Cette situation, le cas échéant, ne ferait que profiter à un pôle qui pourrait être constitué du Pds, de Bokk Guis Guis et de la CAP 21. A condition qu'ils obtiennent un nombre de députés en mesure de leur faire jouer un rôle de contre-pouvoir face à une possible vague de la majorité présidentielle. Entre ces deux pôles, Tamsir Ndiaye estime qu'il y aura les députés indépendants et d'autres listes qui, à la faveur du système du plus fort reste, seraient appelés à jouer les arbitres.
DAOUDA GBAYA