Il lance une alerte à la bombe, pour retenir son épouse
Le fait est insolite et frise la démence. Dans un contexte de troubles politiques, exacerbés par une série d'attentats de par le monde, l'aéroport de Dakar a connu dans la nuit du 18 au 19 septembre dernier, une alerte à la bombe.
L'appareil Casa/Ram 501, en partance pour le Maroc, a été contraint de surseoir, pendant plus de deux heures, à son vol. Parce que des explosifs auraient été détectés au sein de l'avion qui était en pleine phase d'embarquement. «Nous avons reçu vers deux heures un coup de fil émanant du centre d'appel téléphonique pour nous informer de la présence d'une bombe dans l'avion. Mais nous avons fait preuve de vigilance, mettant à contribution les spécialistes en explosifs, qui sont, du reste, en permanence au niveau de l'aéroport de Dakar'', a expliqué au téléphone le Colonel El Hadj Amadou Dia, Secrétaire général de la Haute autorité de l'aéroport Léopold Sédar Senghor.
Ces spécialistes qui sont par ailleurs des éléments de la Division d'investigation criminelle ( Dic), se sont livrés, sans attendre, à une fouille au corps des passagers qui ont été obligés de reprendre toutes les procédures d'enregistrement et d'embarquement, tandis qu'un contrôle minutieux était effectué au sein de l'appareil. Pendant ce temps, l'alerte à la bombe semait la panique au sein de l'aéroport Léopold Sedar Senghor. Des passagers, nourrissant une peur bleue, se mirent à développer la thèse d'une menace de l'organisation terroriste Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) qui aurait placé le Sénégal dans sa ligne de mire. D'aucuns ont même évoqué l'arrestation récente de présumés terroristes au nord du pays, plus précisément dans la région de Matam.
Mais, souligne le colonel Dia, les responsables du transport aérien ont su faire preuve de sérénité. «Avec les menaces terroristes qui pèsent de plus en plus dans le ciel de la sous-région, nous ne négligeons plus rien. Nous avons su prendre les devants pour contrecarrer toute action malveillante.» Et finalement, l'avion qui a été cloué au sol, pendant plus de deux heures, a pu reprendre les airs vers 5 heures. Aucune bombe n'ayant été détectée.
Des enquêtes faites, en synergie avec les opérateurs téléphoniques, ont permis d'appréhender un mari déboussolé, ne voulant pas se noyer dans un chagrin d'amour, suite à une séparation d'avec son épouse qui avait décidé de s'envoler vers des cieux plus cléments.
''Mon épouse était à bord de l'avion''
Interpellé par les limiers qui l'ont cueilli hier chez lui, dans un quartier résidentiel, aux environs de 17 heures, l'homme, la trentaine, a reconnu sans ambages être l'auteur de cette fausse alerte à la bombe. La seule justification qu'il aurait servie aux enquêteurs est : «Mon épouse était à bord de l'avion.» Des enquêtes ont permis de découvrir que le mari «épris» était en bisbilles avec sa douce moitié, et que celle-ci avait décidé de conjuguer leur mariage au passé. N'étant pas en mesure de supporter cette rupture, il a déroulé tout un scénario qui n'a pas tourné à son avantage. Puisque son stratagème ne lui a pas permis de retrouver sa femme et risque de l'envoyer en prison pour très longtemps, conformément au code de l'aviation civile. Selon certaines sources, il risque jusqu'à 10 ans de prison, pour atteinte à la sécurité du transport aérien. Pour le colonel Dia, «il a posé un acte extrêmement grave».
MATEL BOCOUM
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